La Mauritanie n’a pas participé à la guerre menée par les armées maliennes, françaises et africaines contre les groupes dissidents et les jihadistes du Nord Mali, mais elle a toujours servi de terre d’asile pour les frères ennemis de l’Azawad.
De Nbeïkaktt Lehwach à Bassiknou, les zones tampons entre la Mauritanie et le Mali ont toujours servi de havre de paix pour les milliers de réfugiés maliens, mais aussi de lieu de congrès pour les pourparlers, et éventuellement les déchirements fréquents, entre les maîtres virtuels d’une terre qu’ Arabes Brabiches et MNLA (mouvement national de libération de l’Azawad), se dispute l’absurde paternité, sans qu’aucune des parties n’ait une réelle emprise sur ces territoires convoitées.
A l’ouverture des hostilités entre populations Azawadis et armée malienne, avant même l’entrée en jeu des jihadistes, la Mauritanie avait abrité à NBeïkatt Lehwach une importante réunion entre Arabes maliens et Touarègues. C’était l’époque où la Mauritanie croyait, dans le cadre de ses réflexions géostratégiques, qu’un Azawad indépendant et fortement contrôlé, valait plus qu’un Etat malien démesuré et dont les trois quart du territoire servaient de refuge aux bandes armées, ce qui constituait pour les autorités à Nouakchott, un véritable cauchemar pour sa sécurité. En effet, l’attaque de Tourine, dernier massacre en terre mauritanienne contre une unité de l’armée et la contre-offensive qui s’en était suivie jusqu’aux tréfonds du territoire malien, avec l’aide des troupes françaises, notamment la fameuse opération de Hassi Sidi et l’attaque contre la forêt de Wagadu, avait mis à nu l’incapacité de l’armée malienne à sécuriser son territoire. Un froid glacial avait d’ailleurs marqué les liens tendus entre la Mauritanie de Mohamed Ould Abdel Aziz, résolu depuis lors à renforcer sa défense militaire, et le pouvoir mou d’un ATT qui sera d’ailleurs renversé par coup d’état.
Plus tard bien entendu, la real politik poussera Nouakchott à freiner ses ardeurs à fleur de peau pour se conformer au langage diplomatique d’une Mauritanie opposée à toute partition du Mali. Pendant ce temps, elle offrait le refuge aux têtes pensantes du MNLA, bien après la défection des combattants azawadis sur le terrain militaire face à l’avancée rapide des forces islamistes armées.
Mais aujourd’hui, la terre mauritanienne abrite un autre genre de confrontation. Celle-ci est encore plus fratricide, car opposant deux factions ennemis du Nord malien, les Arabes brabiches et les éléments du MNLA. Sur le terrain, là-bas dans cette Azawad virtuellement libre, les deux factions s’entredéchirent, alors que le combat des idées et des opinions semble avoir choisi comme plateau de prédilection, la terre de Mauritanie.
Bien entendu, ces rencontres presqu’officielles, se font avec la bénédiction d’acteurs nationaux, avec un léger avantage pour les frères arabes. Dans les coulisses, de sérieuses tentatives pour rapprocher les points de vue, bien que l’idée d’un Azawad libre devient de moins en moins évident.
Mais la Mauritanie n’est pas seulement un champ de combat d’idées, mais elle servirait également de lieu de gestation de forces toujours nouvelles. Dernière en date, cette nouvelle organisation dénommée « L’armée arabe de l’Azawad » née bien entendu au Mali mais dont les représentants ne manqueront pas de consolider leurs assises à partir de ces no man’s land séparant le Mali et la Mauritanie. La naissance d’une telle structure a été révélée à la presse à Nouakchott par le représentant local du MNLA, Adel Mahmoud. « L’armée arabe de l’Azawad » compterait ainsi fusionner ses efforts avec le MNLA pour consolider l’unité nationale et combattre le terrorisme. Seulement, cette nouvelle donne ne change en rien l’inimitié tutélaire entre le MNLA et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) », avec qui les conflits risquent encore de se prolonger. Le MNLA reproche au MAA, son inertie dans la dernière guerre de libération, trouvant vaine qu’elle cherche aujourd’hui à jouir des fruits d’un effort de guerre où il n’a tiré le moindre coup de feu.
Il est bien évident que les autorités mauritaniennes n’offrent pas le gîte et le toit à des mouvements étrangers si elles n’en tiraient pas des dividendes. Hormis l’aspect sentimental qui les pousserait à un tel geste d’hospitalité, au nom d’une prétendue fratrie, il est sûr qu’un tel foisonnement constitue une véritable mine de renseignements qui pourront toujours servir un jour. L’organisation d’une rébellion, même d’idées, sur son sol, pour une éventuelle libération du Nord Mali, ne peut en aucun cas être gratuite.
Cheikh Aïdara
Source : L’Authentique le 10/04/2013{jcomments on}
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