Spéculations électoralistes : L’UPR retrouve ses marques

L’incident du tir ami d’octobre dernier sur le président de la république, miraculeusement sorti d’une mésaventure mortelle, avait considérablement assombri les relations politiques déjà tendues entre le chef de l’Etat et l’Union Pour la République (UPR), ce conglomérat au sein duquel sont regroupés les bataillons civils et militaires bénisseurs du coup d’Etat sur Sidioca en 2008 et artisans de l’élection de Ould Abdel Aziz à la magistrature suprême en juillet 2009.

Mais une fois investi aux commandes du pays, le nouvel homme fort ne s’était jamais soucié d’un retour de l’ascenseur à ses appuis politiques clés, se limitant depuis cette date jusqu’aux récents recadrages de l’équipe gouvernementale, à promouvoir ses soutiens indépendants. Avec la perspective électorale qui pointe à l’horizon, les calculs politiques imposent au président de restaurer la confiance entre lui et ce géant politique en propulsant ses hommes aux devants de la scène, pour assurer ses arrières politiques, le cas échant pour couper court devant des potentiels opposants capables de constituer de sérieux challengers pour les futures consultations.

Malgré sa fidélité constante au président de la république, l’UPR n’a jamais fait l’objet d’une attention particulière de la part de Ould Abdel Aziz dont il est l’artisan principal dans l’accession au pouvoir. Tous les membres du gouvernement et autres hauts responsables de l’Etat ne sont pas issus de cette formation, maladroitement désignée par l’appellation « parti au pouvoir » alors que ses hommes attendent depuis 2008 voir pour certains depuis 2005 de siéger dans la haute administration. Une situation qui a fini par rendre les rapports crispés entre Ould Abdel Aziz et ce parti, malgré les simulations politiques pour montrer à l’opinion que le courant passe bien entre l’UPR et le chef de l’Etat. C’est avec l’incident de tir sur Ould Abdel Aziz en octobre dernier, que l’Union se démarquera de son soutien au chef de l’Etat, prenant du recul et se mettant dans la discrétion à préparer l’après Aziz, tout en déclarant de manière sporadique sa fidélité au chef de l’Etat, pour parer à des changements imprévus dans ses calculs politiques.

Finalement rétabli de manière surprenante de sa longue convalescence et revenu au pays, Ould Abdel Aziz appris tout, mais a fait semblant d’ignorer cette cabale avortée, préférant exprimer par des actes son courroux. De son côté, l’UPR voyant ses ambitions politiques s’écrouler comme un château de carte, est revenu à ses chansons de fidélité d’antan, avec toutefois moins d’énergie que par le passé. Avec cette décision de la Ceni d’organiser les futures élections législatives et municipales et déconnecté de ses appuis, le président avait cruellement besoin de revoir sa stratégie pour garantir ses arrières politiques surtout qu’au sein de la majorité, ses programmes ne bénéficient plus du même engouement qu’auparavant. Egalement non assuré du loyalisme total de l’UPR, ce géant caméléon et spéculateur mécontent d’années de fidélité marquées par des manque à gagner politiques considérables, Ould Abdel Aziz, confronté à une scène politique où les insatisfaits et les protestataires de son pouvoir sont majoritaires, commençait à douter dans ses performances de régénérer encore des soutiens dans une mare de caïmans. Mais, comme les dés ne sont pas encore joués et qu’il faut coute-que-coute aller à ses consultations d’octobre prochain, le sésame à cet inconfort politique est de restaurer la confiance avec l’UPR en accordant à ce parti des postes ministériels pour d’une part pacifier les rapports et d’autre part remobiliser progressivement les énergies de cet éléphant politique expérimenté et rôdé aux rouages des batailles électoralistes en perspective des prochaines consultations. D’ailleurs, cette confiance à entretenir entre le président et l’UPR se précise, parce qu’au moment où les auteurs des initiatives politiques s’attendent à une ouverture du pouvoir pour mettre en place un gouvernement élargi ou consensuel, Ould Abdel Aziz agit conformément aux attentes du parti au pouvoir, lequel estime qu’étant majoritaire au parlement et dans les conseils municipaux, c’est lui qui doit gouverner en premier et qu’en conséquence, il fait du verdict des urnes une condition sine qua none de tout changement politique. Ce qui peut être interprété comme étant un déni officiel de ces feuilles de route ainsi qu’une ferme détermination d’aller aux futures élections, avec ou sans l’opposition.

Md O Md Lemine

Source  :  Le Rénovateur le 02/04/2013{jcomments on}

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