Michaal : Un nouveau printemps arabe en vue ?

(Crédit photo : Le Calame)

La Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) serait-elle en train de changer son fusil d’épaule ? La question mérite d’être posée, après l’appel des jeunes de cette coordination à la « révolte populaire ».

Le président du mouvement des jeunes (Michaal), Ahmed Ould Heïda, du RFD, en a annoncé la couleur, au cours d’une conférence de presse, en invitant ses adhérents à « mener une action révolutionnaire exemplaire et faire les sacrifices nécessaires pour libérer le pays de l’emprise des régimes militaro-dictatoriaux ».
La COD qui exhorte, depuis quelques années, Mohamed Ould Abdel Aziz à quitter volontairement le pouvoir, aurait-elle décidé de changer de stratégie, pour atteindre son ambition, sous le magistère de Jemil Ould Mansour ? Après que les jeunes du Mouvement du 25 février et ceux de « Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN) aient échoué, lors du Printemps arabe, à établir un rapport de force susceptible de renverser Mohamed Ould Abdel Aziz, les jeunes de la COD réussiraient-ils une seconde sortie ? Qu’entendent-ils par « sacrifices nécessaires » et jusqu’où sont-ils prêts à y consentir ?
Même si les jeunes restent muets sur la stratégie et les armes dont ils disposeraient, pour leur nouveau combat, une chose est certaine : en face, le pouvoir ne se laissera pas dompter. Quoiqu’acculé sur plusieurs fronts – guerre contre Bouamatou, situation sociale difficile et élections incertaines, avec une date fixée sans son consentement mais que les partenaires internationaux semblent soutenir, le pouvoir de Ould Abdel Aziz paraît difficilement déboulonnable par la rue.
Certains observateurs estiment que l’appel du Michaal ne serait guère plus que la version juvénile de la relance, par le nouveau président de Tawassoul, du vieux mot d’ordre de la COD – Aziz, dégage ! – un simple élément virtuel pour « faire monter la mayonnaise », pression supplémentaire, en pleines concertations, pour pousser le pouvoir à lâcher du lest. Réussiront-ils à faire bouger les lignes ? Les premières épreuves dans la rue de Michaal et de la COD permettront de mesurer la détermination des uns et des autres.

En attendant, les concertations se poursuivent

En dépit de ce duel à distance, entre la COD et le pouvoir, les portes de la négociation ne sont pas fermées, sous la garde discrète mais bien réelle, il faut le signaler, des partenaires au développement. En effet, après avoir rencontré, il y a quelques jours, Mohamed Jémil Mansour, l’actuel président de la COD, les ambassadeurs de l’UE ont été reçus chez le Premier ministre, le 18 mars. Même s’il s’agissait d’une « rencontre-période » entre les ambassadeurs des pays européens et la Mauritanie, on imagine mal que les deux parties n’aient pas évoqué la décision de la CENI d’organiser les élections attendues depuis 2011.
Ces réunions se tiennent en parallèle avec d’autres concertations, au sein de la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP), réunissant les partis de l’opposition « dialoguiste » et ceux de la majorité présidentielle soutenant ouvertement l’initiative du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheïr. Ce qu’il faut désormais considérer comme un troisième pôle politique explore les voix et moyens d’harmoniser sa position, pour les prochaines élections. Même si ce groupe n’a pas encore émis la moindre déclaration commune, il exigerait un minimum de garantie de transparence, afin de permettre à tous les partis politiques de prendre part aux scrutins.

Quand les imams s’en mêlent

Les imams et guides religieux ne sont pas visiblement pas insensibles à la situation politique que vit le pays. Il y a quelques jours, l’initiative « Rassemblement pour un dialogue national inclusif » qui regroupe divers imams et oulémas mauritaniens, a lancé, au cours d’une conférence de presse, un appel pour « l’élargissement de la CENI, de manière a ce que la COD, y soit représentée, préparant, ainsi, les élections législatives et municipales dans les délais prescrits ». Ledit rassemblement a également demandé « la mise en application de toutes les clauses du dernier accord issu du dialogue national entre la majorité consolidée et la CAP y compris les déclarations des autorités compétentes rappelant que l’institution de l’armée et les autres institutions de sécurité nationales sont républicaines et à même distance de tous les acteurs politiques nationaux. » Une invitation qui risque fort de tomber dans l’oreille de sourds, puisque la COD a choisi d’ignorer la CENI mise en place par le pouvoir et l’opposition dialoguiste et que le pouvoir refuse, quant à lui, de nouer officiellement le dialogue avec la COD.

Dalay Lam

Source  :  Le Calame le 27/03/2013{jcomments on}

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