Dossiers épineux persistants : Entre improvisation et coups divisionnistes

(Un premier groupe de 102 réfugiés mauritaniens sur le chemin du retour à la maison, en 2008. Crédit photo : Manon Riviére / RFI)

Le règlement du passif humanitaire est demeuré longtemps un casse-tête pour les pouvoirs mauritaniens malgré les nombreuses tentatives menées sans succès par les différents systèmes politiques depuis les années 90 avec l’appui de certains groupes avides issus des communautés victimes pour tourner à jamais cette douloureuse et triste page noire de la Mauritanie.

Nonobstant cette résistance propre à l’endurance naturelle des causes justes, cet épineux dossier, faisant au départ l’unisson autour de lui a fini par conduire certains de ses premiers défenseurs à y renoncer, moyennant quelques privilèges politiques et matériels, circonscrivant les inconditionnels de sa réalisation à quelques foyers toujours tenaces à la dignité confisquée, refusant d’oublier leurs martyrs.
Le même scénario se déroule aujourd’hui sous nos yeux pour ce qu’on est tenté d’appeler le passif esclavagiste, dont les revendicateurs du règlement, particulièrement l’IRA, représentent un péril véritable à tout régime refusant de s y investir pour briser définitivement la grosse fracture socioéconomique. Conscient de cette menace politique, les autorités ont créé sur les décombres de l’ANAIR dont la mission est loin d’être terminée, l’ ANLSE, dans l’espoir de régner en réduisant au maximum le ras-de marée populaire, local et international que suscitent les abolitionnistes dans leur quête d’une société juste où tous les citoyens sont traités sur le même pied d’égalité.
En effet, en parvenant à l’aide de plusieurs stratèges astuces à diviser les négromauritaniens sur la question du règlement du passif humanitaire, faisant admettre à certains pans de cette communauté que cette parenthèse est définitivement close suite à la prière aux opérations de rapatriement, aux indemnisations et à la prière de l’absent, le système procède aujourd’hui de la même manière pour le passif esclavagiste pour lequel Paris vient de complimenter l’IRA pour la lutte courageuse menée pour l’avènement d’un ordre équitable entre tous les citoyens quelques soient leur couleur.
Après avoir réussi à obtenir la démission en février 2012 de l’ex secrétaire général de l’IRA Houssein Dieng qui préside actuellement aux destinées d’une dissidence proche du pouvoir, les autorités continuent de mener leurs assauts sur cette organisation qui engrange de plus en plus de masses.
Ceci est d’autant plus vrai pour le régime qu’il ne faut plus compter sur les hratines de service en perte de vitesse dans leurs anciens réservoirs électoraux, depuis ces campagnes intensives organisées par Biram et ses camarades auprès des populations démunies et asservies de plus en plus conscientes de leur instrumentalisation politique.
S’inscrivant dans la même optique « de diviser pour régner », la création de la nouvelle agence nationale de lutte contre les séquelles de l’esclavage (ANLSE ) vient de conduire à une défection au sein de cette organisation. Comme l’ANAIR, avant elle, pour assainir le passif humanitaire, l’adoption du dernier conseil des ministres de la création de dispositif a fasciné certains abolitionnistes qui ont très vite annoncé leur renoncement à cette lutte pour harmoniser leurs doléances aux objectifs visés par le nouveau-né. C’est dans ce cadre précis, qu’intervient la démission de l’IRA de son délégué régionale en Assaba Siyed Ould Samba Ndiaye, qui a écrit au président de la république pour l’informer de son départ de cette Ong abolitionniste pour apporter son soutien à l’action publique à travers cette structure pour éradiquer l’esclavage.
« La création de cette agence coupera cours à l’argument de ceux qui font de ce phénomène un fonds de commerce ; surtout qu’elle est affiliée directement à la présidence, ce qui permettra la présentation directe, sans intermédiaire, des cas esclavagistes rétrogrades » dit-il dans cette lettre. Dans des précisions apportées auparavant par l’IRA sur son représentant en Assaba, cette organisation laisse entendre l’existence de réserves sur Siyed Ould Samba Ndiaye, qu’elle suspectait discrètement de taupe infiltrée dans ses rangs, jugeant sa démission de preuve de ses doutes à son endroit. Quoiqu’il en soit, même si le système politique ne souffre pas de l’existence de « hartani de service », beaucoup des descendants des esclaves peuvent être tentés par les fauteuils juteux qu’offre la nouvelle agence et qui ne peuvent être accessibles qu’à ceux qui rangeront les armes pacifiques de la lutte pour une justice sociale, particulièrement en le clamant de manière solennelle au vu et au su de tous. Siyed serait-il alors l’un des premiers passionnés de la direction de cette agence et sera-t-il suivi par d’autres au sein de l’IRA. Si jamais cet objectif se réalise, même de manière relative, les passifs humanitaire et esclavagiste auraient emprunté sensiblement la même courbe de « polithérapie ».

Md O Md Lemine

Source  :  Le Rénovateur le 27/03/2013{jcomments on}

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