Voilà pourquoi ni Aziz ni personne ne veut des élections…

(Crédit photo : Vlane A.O.S.A.)

Mis à part sortir au plus vite de cette chinoiserie où une assemblée nationale date d’avant la première élection libre et transparente d’un président militairement élu au suffrage universel,

à quoi pourrait bien servir les prochaines élections sinon dépenser de l’argent inutilement pour des élections que personne ne réclame : ni le pouvoir qui fit retirer de l’AMI un communiqué de la CENI, ni le peuple qui a d’autres chats à fouetter et qui applaudit toujours le résultat des urnes maraboutées ou non, ni la majorité divisée qui n’a pas un sou pour régaler ses électeurs, ni l’opposition qui risque de perdre le peu qui lui reste, ni le chef de l’opposition qui risque de perdre son statut, ni le président de l’assemblée qui risque de descendre du perchoir.

Ne pas faire d’élections arrange tous ceux qui vivent de cette situation qui permet à chacun de sauver ce qui peut l’être. La majorité a la majorité et peut faire enregistrer tout et n’importe quoi venant des directives de sa majesté à la force infuse et à la science confuse, l’opposition a là de quoi éternellement crier à l’illégalité et au tieb-tieb des décrets à rallonge pendant qu’elle continue à percevoir salaires et privilèges d’une assemblée dont elle ne reconnaît pas la légalité.
 
Il se trouve que la fourchette tendue par la CENI pour discuter d’une date précise des élections correspond parfaitement au début légal du mandat des parlementaires mais diable ! Quelle chaleur entre octobre et septembre. Pourquoi le législateur n’a-t-il pas pensé à un calendrier parlementaire plus adapté au climat que subit le peuple car pendant que les élus et les candidats font campagne en voitures climatisées, le peuple lui fera la queue sous la chaleur pour les écouter et aller voter ? Tout ça avec le risque qu’à n’importe quel moment, un seigneur de guerre puisse se pointer et dire que tout ça c’est zéro car le nouveau zhéros c’est lui !
 
Le modèle occidental de démocratie a été totalement réduit à du zrig pas seulement par les militaires qui depuis 1978 ont fait main basse sur la laitière mais aussi par tous ceux qui ont contribué à ridiculiser ce modèle soit en prenant acte des coups d’état au nom de l’espoir démocratique véritable soit en zigzaguant d’un parti à l’autre, de l’opposition au pouvoir comme on passe dans une machine à laver pour en ressortir plus pur que pire…
 
Ainsi pendant qu’on parle d’éternel processus démocratique qui permet aux politicards de rouler leur bosse en roulant le peuple qui lui roule sa galère en bon Sisyphe, le régime militaire s’est lui civilisé au point de permettre aux civils de parler à loisir jusqu’à fatiguer sans risquer d’aller au trou comme dans bien des pays arabos et arabes et tant de pays africains.
 
La déchéance des civils est arrivée à une telle table de décomposition que son seul rêve désormais est de voir un coup d’état qui enverrait au diable le dernier général civilisé comme si après lui viendrait l’ère des démocrates errants. On dirait que les civils espèrent un moïse sortant de la cuisse de la baïonnette qui pourrait emmener les militaires paître vers la caserne promise pendant que le peuple lui élirait son pharaon respectueux du rêve des impuissants.
 
Tout cela pourrait paraître amusant si ce n’était pas si dramatique car ce climat d’impuissance est une véritable perte d’énergie, d’espoir qui ne fait que renforcer le système en place qui n’est rien qu’un système monarchique light car, on a beau dire, le plus solide dans ce pays ce ne sont pas les institutions militaires car le gros des troupes vit loin de l’information mais c’est l’état mauritanien qui lui existe bel et bien comme il existe une extraordinaire force des mauritaniens à éviter l’explosion et la guerre ethnique malgré tous les apprentis sorciers.
 
Cet état, quelle qu’en soit la forme archaïque, est un état qui existe. C’est un état fort car il se met automatiquement au service de celui qui pourra faire tomber la tête de l’armée. Il s’agit d’une armée de fonctionnaires n’ayant pas grand-chose en commun sinon d’avoir été chacun coopté par un régime tyrannique. Ils sont là avec le meilleur et le pire, le pire étant les plus nombreux car il y a eu une parenthèse effroyable où n’importe qui a pu être fonctionnaire avec des faux diplômes de sorte que le tout forme une masse solidaire comme les arêtes hétéroclites d’une charrette au service du dernier bœuf qui la tire…
 
Aussi, le père de la nation de là-haut peut être heureux non pas de voir la démocratie en marche car au pas mais de voir que l’état mauritanien est une réalité même si la chose publique n’est pas protégée par cet état incestueux. C’est un état encore un peu primitif, avec des réflexes féodaux mais il existe. C’est déjà pas mal mais ce qui n’existe plus c’est la force de faire évoluer cet état vu l’implacable état des lieux.
 
Alors on ne peut pas demander aux jeunes qui sont la majorité de ce pays de militer avec des gens qui ne représentent plus ni la force ni la pureté du modèle à suivre car ils traînent chacun d’effroyables casseroles dont les moindres pour les plus purs sont leur faculté suicidaire à accueillir tous leurs ennemis d’hier dont Aziz ne veut plus.
 
Faut donc pas s’étonner du score des civils dans leurs derniers meetings quand il n’y a pas d’argent pour rameuter les foules.
 
Que faire alors quand on est jeune ou presque face à tant de gâchis ? Faire un parti cartable pour un sursaut médiatique lamentable ? Cela revient à se poser la question de savoir si tout problème a une solution. Il faut craindre qu’il arrive des temps où il faille laisser le temps au temps pour faire le ménage devant sa porte avant de sortir parler d’hygiène de la conscience…
 
Vlane A.O.S.A.
 
Source  :  Chez Vlane le 26/03/2013{jcomments on}
 
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