Matalla Ould M’barreck : « Maintenant je me sens libéré… »

(Crédit photo : Le Quotidien de Nouakchott)

« Je me suis libéré de l’esclavage, mais je ne me sentais toujours pas libre. J’ai laissé ma sœur et ses enfants dans les fers. Je savais ce qu’ils enduraient. Maintenant comme ils ont été arrachés à leurs maîtres, je me sens enfin libre… »

C’est le témoignage fait par Matalla Ould Mbarreck lundi 18 mars a Nouakchott, au cours d’une conférence de Presse de SOS Esclaves et IRA Mauritanie.

Mattala, âgé d’une trentaine d’années, était esclave vers les environs de Zoueirat à Lemgheyti kilomètre de Nouakchott. En 2004, avec l’aide de SOS Esclaves, il est parvenu à se libérer. IL vit actuellement à Nouakchott ou il travaille comme gardien. Mais la sœur de Matalla et ses enfants étaient restés aux mains de leurs maitres. Pour les libérer, Matalla a déposé une plainte à Zoueirat. Avec l’aide du maire de Zoueirat, militant de SOS Esclaves, et du waly de la ville, une unité militaire mauritanienne a, au début du mois de mars, rapatrié la sœur de Matala et ses huit enfants, ainsi que leurs présumés maîtres à la brigade territoriale de la gendarmerie de Zoueirat. Dimanche 04 mars 2013, M’Hamed Ould Brahim et son fils Salem Ould Brahim ont été inculpés pour pratiques esclavagistes. La sœur de Matalla et ses huit enfants sont actuellement a Nouakchott et pris en charge par SOS Esclaves.
M’Hamed Ould Brahim et son fils Salem Ould Brahim ont présenté des pièces d’Etat civil sahraouis à la justice mauritanienne. La sœur de Matalla et ses enfants, eux, n’avaient aucun papier.
« A chaque fois qu’une plainte est portée contre un esclavagiste habitant une zone proche des frontière, les autorités mauritanienne ont tendance à le rattacher au pays voisin » déclare Boubacar Ouod Messoud, Président de SOS Esclaves. Il a joute « ca ne nous regarde pas car le crime d’esclavage a été commis en Mauritanie et c’est le droit mauritanien qui doit s’appliquer. »
Dans cette affaire, la nationalité des plaignants ou des présumé auteurs de pratiques esclavagistes influe-t-elle sur le fond ou les procédures à suivre ? Réponse de Me El ID, avocat de la faille de Matalla « il y a le principe de la territorialité de la loi pénale, c’est-à-dire que les infractions commises sur le territoire d’un État sont du ressort des juridiction de cet État. Ensuite, je m’étonne que les autorités expriment des doutes sur la nationalité de mes clients qui n’ont présenté aucune pièce d’état civil à la justice et vivent en Mauritanie depuis leur naissance. Ils sont donc présumés mauritaniens. »
Toujours par rapport a la nationalité, Birame Ould Dah Ould Abeid, président de IRA Mauritanie, a déclaré : « C’est un faux problème. Il y a combien d’étrangers dans les prisons mauritaniennes ? Pourquoi la nationalité n’est invoquée que pour les crimes d’esclavages ? On n’en parle pas quand il s’agit de voleurs. »

Che, 17 ans après Aichana
Le deuxième cas au menu de la conférence de presse : celui de Cheh Ould Moussa. Un jeune garçon dont le présumé Maître, Salem Oud Mohamedou, a été inculpé mardi 19 mars. Che vivait avec son présumé maître au quartier ILOT V de Nouakchott.
Che est le neveu de Aichana. Aichana, âgée d’une cinquantaine d’année est la deuxième esclave libéré par Sos Esclave ; C’était en 1996. Deux ans après la naissance de l’ONG.
Pendant la conférence de presse, les défenseurs des droits de l’homme ont dénoncé « la complaisance des autorités mauritaniennes avec les auteurs de crimes esclavagistes. » La preuve de cette complaisance selon Me El Id, « dans tous les dossiers portant pratiques esclavagiste, les accusés sont en liberté provisoire. »
L’ancien ministre Oumar Ould Yali, le dputé RDU, Nagi Ould Sidi Mohamed, membre de SOS Esclaves et la députée Malouma Mint Bilal ont assisté à la conférence de presse.

Khalilou Diagana

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 20/03/2013{jcomments on}

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