Initiative Messaoud: le président de l’Assemblée Nationale développe son analyse.

messaoud-souriantLe président de l’Assemblée Nationale de Mauritanie M. Messaoud Ould Boulkheir n’en démord pas. Malgré le peu d’engouement manifesté par la classe politique à la publication de son initiative, le président du parti APP poursuit ses démarches pour convaincre de la nécessité de réunir la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) et le président Mohamed Ould Abdel Aziz autour d’un constat: « le pays vit un malaise et une anormalité politique ».

Pour surmonter cette crise latente, M. Ould Boulkheir décline, dans une très longue analyse dont KASSATAYA vient de recevoir copie,  une série de mesures politiques comme la formation d’un Gouvernement National de Large Consensus qui ne doit pas être perçu comme « la consécration de la défaite ou de la victoire de quelque bord que ce soit ». Aux yeux de M. Ould Boulkheir, cette décision, si elle devait se concrétisait, serait rien moins que «  la deuxième manifestation historique de la volonté des Mauritaniens de dépasser leurs clivages et leurs divergences pour exprimer avec force leur volonté de vivre ensemble et de fonder un État démocratique et républicain, la première manifestation du genre ayant été celle qui a conduit à la décision de s’affranchir de la colonisation en 1960″. Mais la tâche risque d’être rude, car le texte d’analyse ne manque pas de pointer, comme causes, entre autres, du malaise, des rapports politiques qui « sont tous soit « Anormaux !» soit « Pas bons !» soit « Mauvais ! » ou« Très mauvais !»; et il n’est pas jusqu’à la CAP -la coalition regroupant les partis politiques ayant accepté de dialoguer avec le pouvoir du 17 Septembre au 19 Octobre 2011- qui ne se sente victime du manque de concertation qui caractérise la gestion présidentielle sous M. Mohamed Ould Abdel Aziz. Exactement comme, ultime aberration, les partis de la majorité présidentiels eux-mêmes.

KASSATAYA, propose à ses lecteurs, le texte intégral de « l’initiative Messaoud« .

 

CONTRIBUTION A LA RECHERCHE D’UN COMPROMIS NATIONAL

I – INTRODUCTION

S’il reste entendu qu’il serait quasiment improbable d’amener la C.O.D. (Coordination de l’Opposition Démocratique) et le Président de la République à une même analyse critique de l’état dans lequel se trouve actuellement la République Islamique de Mauritanie, il serait a contrario surprenant de ne pas accepter de reconnaître, de part et d’autre, que depuis le coup d’état du 06/08/2008 le pays vit un malaise et une anormalité politique sur lesquels il convient de s’attarder pour, d’abord, en expliquer sommairement les causes avant d’essayer, ensuite, de trouver les voies et les moyens susceptibles d’aider à les surmonter, tous ensemble.

Une telle approche suppose qu’il faille bannir de l’esprit toute idée de défi pouvant déboucher sur des notions de vainqueur ou de vaincu, la victoire restant du seul privilège de la Patrie qu’il faut mettre à l’abri de tout danger susceptible de ralentir sa marche vers la démocratie et le progrès ou de porter atteinte à sa sécurité, à son unité et à son intégrité territoriale.

La voie la plus sûre pour réussir ce défi est de parvenir à assurer rapidement le fonctionnement régulier des Institutions de l’Etat à la faveur d’un environnement politique et démocratique apaisé et normalisé qu’il faut tout de suite créer, ce qui implique la prise en compte immédiate des préoccupations réelles du citoyen en terme de Justice, de Liberté, de Sécurité, d’Egalité de chance, de respect de la Dignité du citoyen, de droit à la Différence, de Répartition équitable des richesses nationales, de droit à l’Education, à la Santé, au Travail,   au Logement, etc.

Certes tout ceci est plus facile à dire qu’à faire, surtout que le faire passe par une investiture politique qui s’acquiert par des élections inclusives, libres et transparentes qui ne pourraient répondre à ces critères que si elles se déroulaient dans un climat politique détendu et apaisé où tout deviendrait possible, y compris l’acceptation des résultats électoraux quels qu’ils soient.

         Puisqu’il n’est jamais tard pour bien faire, Il est temps pour les acteurs politiques (Majorité et Opposition) et ceux de la Société Civile que nous sommes, les uns et les autres, d’accepter de nous détacher, tant soit peu, tantôt de nos positions partisanes traditionnelles et tantôt de notre désintéressement de la chose publique, pour penser à plus important et plus impersonnel et qui, en d’autres termes, n’est autre que l’intérêt général ou national, plus menacé aujourd’hui que jamais et qui requiert de nous tous une remise en cause de notre ego souvent victime de nos certitudes et de nos illusions.

C’est pourquoi nous n’avons pas d’autre choix que de privilégier d’abord la sauvegarde de l’existence du pays en tant qu’Etat-nation parce que c’est dans cet   espace là et avec cet esprit là que porteront et s’exprimeront temporellement nos actions et nos ambitions.

Pour sauver la patrie en danger, nous sommes tenus d’accepter, en tant qu’acteurs politiques, que quelque soit la profondeur de nos divergences ou inimitiés, celles-ci ne sauraient justifier notre refus de mettre en commun nos efforts.

Ainsi va-t-il de notre Devoir patriotique, politique, moral et religieux car tout autre comportement contraire serait incompréhensible et impardonnable pour et par les populations assaillies de toutes parts par une multitude de problèmes.

Prétendre ou considérer que le pays ne vit pas une situation de malaise grandissant ou même de crise qui exige, de toute urgence, un traitement de choc particulier, c’est en fait privilégier la voie de la confusion et de l’aventure, toutes choses dont il convient de s’écarter parce qu’elles éloignent du Bien et rapprochent du chaos, compte tenu de réalités structurelles et conjoncturelles qu’il devient de plus en plus incompréhensible et indécent de se cacher.

II – DES REALITES STRUCTURELLES AMERES…

            L’archaïsme des structures traditionnelles, la complexité et la fluidité des valeurs et des repères qui les fondent, les inégalités, les injustices criantes, les abus, les discriminations et l’exclusion quasi systémique de pans entiers de la société, l’ignorance, le chômage, la pauvreté et la maladie endémiques, sont autant de tristes réalités qui fragilisent la société nationale et retardent pour autant la formation de la République sans laquelle il serait vain de croire possible la construction d’un Etat de droit, seul apte en définitive à envisager, dans la sérénité, la solution de tous ces problèmes jour après jour plus aigus.

         En effet, seul un Etat fort, (présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire ) tirant ses prérogatives d’une Loi Fondamentale Fondatrice prenant intégralement en charge les attentes prioritaires des citoyens en termes de Liberté, d’Egalité, de Justice sociale, de Dignité, de bien-être, de droit à l’éducation, au travail, aux soins et au logement et ce, dans le strict respect et la reconnaissance absolue de leur droit à la différence qu’implique leur spécificité raciale, ethnique, linguistique et culturelle, est à même d’assurer durablement l’unité, la cohésion sociale et la paix civile qui sont les seules véritables garanties de la l’alternance pacifique du pouvoir..

Pour mener à bien ces politiques, un tel Etat doit nécessairement pouvoir compter sur l’impartialité à toute épreuve de son Administration, mais également sur celle d’un Pouvoir Judiciaire, tout à fait indépendant du Pouvoir Exécutif.

La fiabilité des Etats se mesure en général à la qualité des services de cet Auxiliaire irremplaçable du Pouvoir Exécutif et à la fiabilité de l’Institution sacrée qu’est la Justice. L’Etat qui se distingue par la qualité des services de son Administration et de sa Justice a toutefois besoin, pour s’inscrire de manière irréversible dans le concert des Etats modernes, de s’attacher à la prise en compte et à la mise en pratique des Valeurs démocratiques et des Principe de la séparation des pouvoirs, des libertés d’expression et d’organisation, du pluralisme, de l’alternance pacifique, qui nécessite, elle, des élections libres, fiables et transparentes. Il faut en plus que les Gouvernants de cet Etat se soucient en permanence de rassembler, en veillant au respect et à la sauvegarde des grands équilibres culturels, économiques et sociaux qui déterminent, pour l’essentiel, la volonté de communautés et de populations différentes de vivre ensemble et de forger une Nation.

         Bien construire un Etat passe donc obligatoirement par la professionnalisation de l’Administration Publique par sa mise à l’abri d’une   très grande et très voyante implication politique, parce qu’elle est l’incarnation de l’Etat, de sa respectabilité et de sa pérennité et qu’elle doit pour ces raisons être impartiale et au service égal de tous, tout comme la Justice qui devrait être juste, indépendante, diligente et pour tous.

         Très honnêtement, l’on ne peut malheureusement que constater avec amertume que l’un des handicaps structurels majeurs du pays est la conception erronée qu’ont de l’Administration les dirigeants successifs, qui la considèrent comme étant leur « Chose » plutôt que la « Chose Publique » et l’élément moteur du progrès, du civisme, du patriotisme et du développement.     .         

L’ADMINISTRATION, aujourd’hui, qu’elle soit très spécialisée comme la Santé   ou très professionnelle comme l’Intérieur et les Affaire Etrangère est quasiment déstructurée, vidée de sa substance puisque pratiquement dirigée   par des agents qui sont souvent sans expérience, sans qualification,   parfois même étrangers au secteur et qui, en plus, n’y assument aucune responsabilité réelle.

Les Chefs des Départements ministériels,  eux-mêmes, ne semblent pas en mesure de prendre des initiatives dans le sens de s’assumer entièrement en se consacrant davantage à l’amélioration de la qualité des services rendus aux administrés,   qui ont le sentiment d’être des laissés pour compte.  

Les Administrations dites Décentralisées (Communauté Urbaine de Nouakchott et toutes les autres Communes urbaines et rurales) sont arbitrairement dépossédées de leur rôle au profit des Autorités de tutelle, souvent avec des résultats très en deçà de la moyenne comme l’atteste l’insoluble cas des ordures et des odeurs pestilentielles qui asphyxient la Capitale.

Responsabiliser au maximum le Gouvernement et laisser les Communes jouer leur rôle et assumer leur responsabilité citoyenne aurait davantage ancré la notion d’Etat républicain dans les esprits et allégé d’autant la pression énorme   qui s’exerce de plus en plus fortement sur la Présidence de la république, qui canalise présentement les mécontentements et les innombrables marches et rassemblements revendicatifs qui y auraient rendu la vie impossible, n’eût été l’exigüité de l’espace disponible.  

LA JUSTICE, quant à elle, gagnerait à se démocratiser plus pour intégrer davantage les professionnels de toutes les composantes nationales, s’affranchir mieux du Pouvoir exécutif, assumer en premier sa mission sacrée de protection des faibles et des exclus, souvent victimes de toutes les injustices, au lieu de demeurer un instrument au service des puissants et des riches.

Elle trouverait également crédibilité et efficacité à s’investir à améliorer le régime des détentions préventives, des condamnés, des établissements carcéraux, des libertés provisoires et conditionnelles, des exécutions et des sursis à exécution des jugements des tribunaux, le tout en rétablissant la considération et la confiance perdues avec l’Ordre National des Avocats avec lequel toute forme de collaboration et de coordination semble actuellement rompue, alors qu’il est censé compléter harmonieusement cette Noble Institution par l’Assistance   juridique et judiciaire qui est sa spécialité.

Les deux wagons moteurs de la BONNE GOUVERNANCE, en même temps qu’ils soient un indicateur probant du degré atteint dans la SEPARATION DES POUVOIRS, n’étant pas actuellement au mieux de leurs performances, la levée de ces deux handicaps structurels reste un objectif qui sera atteint d’autant plus vite que le futur Président de la République serait disposé à renoncer à certaines de ses prérogatives constitutionnelles et plus enclin aux notions d’ouverture et de partage.

        Dans le cadre de la consolidation de l’UNITE NATIONALE, les problèmes récurrents de l’esclavage et ceux en rapport avec la diversité raciale et culturelle du pays, véritables baromètre de l’Unité Nationale, malgré les considérables avancées obtenues en matière constitutionnelle restent en attente d’actes et de mesures d’accompagnement plus convaincants, car plus concrets dans certains cas ou plus dissuasifs dans d’autres.

         Si en ce qui concerne les Communautés nationales Pulaar, Soninké et Wolof les revendications récurrentes portent sur le partage des pouvoirs politique et économique d’une part et la reconnaissance de leur droit à la différence culturelle et linguistique d’autre part, celles des Haratines restent essentiellement la consécration définitive et irréversible de leur droit à la liberté et à l’épanouissement qui sont la condition sine qua none de leur accès à un traitement citoyen, c’est-à-dire égal et non discriminatoire.

         C’est de tout cela que les participants au Dialogue ont voulu tenir compte et il n’aura certainement pas échappé à l’opinion l’opportunité d’interdire expressément l’esclavage et la torture dans la Constitution, d’y affirmer le droit à la différence et la reconnaissance explicite de la Langue Arabe en tant que Langue officielle et de travail du pays, sans préjudice du développement des autres langues nationale Pulaar, Soninké et Wolof.

         Des décisions et recommandations claires ont été prises dans le cadre du Dialogue et attendent d’être mises en œuvre :

      Création d’une Agence Nationale d’Eradication de l’Esclavage, multiplier les condamnations judiciaires de la pratique de l’esclavage, engager des actes volontaristes de ségrégation positive en matière économique, sociale et éducationnelle notamment

      Mise sur pieds d’une Commission nationale d’Apurement du Passif Humanitaire civil et militaire, retour, insertion des réfugiés, indemnisation des veuves, des orphelins et des ayants droit, réintégration et rétablissement des droits des fonctionnaires et employés des établissements publics victimes des évènements de 1989, introduction des langues nationales Pular, Soninké et Wolof dans l’enseignement scolaire et réhabilitation de l’ I.L.N.,

      Il va sans dire que toutes ces mesures seront sans préjudice d’une juste réparation en faveur des nationaux rapatriés du Sénégal et sur les mesures appropriées à prendre pour permettre à la langue Arabe de jouer pleinement et progressivement son rôle de langue officielle de travail et d’administration.

La criminalisation des changements anticonstitutionnels et leur imprescriptibilité, a aussi été un résultat substantiel du Dialogue, même si l’Armée, Politiquement, devient elle-même un problème de plus à gérer à cause de sa difficile acceptation de se voir définitivement écartée d’un pouvoir politique qu’elle a exercé sans partage durant une période aussi longue et où sa gestion du pays a été, sur tous les plans, la pire des catastrophes.

Même si ce qui se passe ailleurs montre clairement à qui veut bien voir qu’elle n’est plus seule maîtresse à bord, avec l’avènement des révolutions populaires, elle continue malgré tout de s’accrocher à la vie politique, au risque de perdre sa vocation, à la grande satisfaction des ennemis de tous bords.

Aussi doit-elle comprendre que la sécurité et l’intégrité du pays seront fonction de la sincérité de son désengagement de l’action politique.

         D’autres mesures importantes ont été adoptées relativement au Renforcement de la Démocratie, à la Clarification du Jeu Politique, à la création de la C.E.N.I., au Code Electoral, s’agissant de l’élargissement de la proportionnelle, de l’interdiction de la transhumance politique, des candidatures indépendantes aux législatives et aux communales, au genre où les femmes bénéficient désormais et de la parité et d’une liste nationale spécifique. Toutes ces décisions ont été des revendications récurrentes de l’Opposition et ont été satisfaites par les Assises du Dialogue qui ont été aussi une preuve très forte de la sincérité du Président de construire une nouvelle république respectueuse du droit et des libertés, de la différence et de l’égalité de tous les citoyens.

Les résultats n’ont pas été aussi convaincants s’agissant de la réglementation de l’utilisation des MEDIAS PUBLICS, de même qu’il faut regretter la persistance du retard enregistré dans la mise en œuvre   pratique de ce qui a été conclu.

A ces deux remarques, il faut ajouter une autre, aussi incompréhensible que regrettable, qui consiste à déplorer l’absence de toute autorisation d’exploitation d’un média privé (Radio ou Télévision) s’exprimant en l’une au moins de nos autres langues nationales Pular, Soninké ou Wolof, à défaut d’un média pour chacune, le rôle de la puissance publique consistant essentiellement à ne jamais perdre de vue cette notion de maintien des grands équilibres.

Plus globalement le Dialogue s’est aussi intéressé (bien que son principal objectif était d’aboutir à des compromis politiques dans les domaines évoqués ci-dessus) aux problèmes récurrents liés à la pauvreté, à la précarité et au mal-être en général qui constituent la préoccupation de l’écrasante majorité des citoyens, qu’interpellent au quotidien les problèmes permanents d’accès à l’eau potable, à l’éducation, à la Santé, à l’emploi, à la sécurité sociale, à la Culture, aux Arts, aux loisirs et aux Sports qui illustrent la réalité de cet autre handicap structurel à géométrie variable.

Les déséquilibres, pourtant nombreux, et les impatientes attentes des nombreuses populations laborieuses en matière de réforme véritable de la propriété foncière agricole ne semblent toujours pas bénéficier de l’attention des Autorités en charge de les résoudre.

Cette réforme est censée, d’une part, garantir à chaque cultivateur le droit de devenir propriétaire d’un lopin de terre, d’obtenir les moyens de le mettre en valeur et, d’autre part, de faire comprendre enfin que les politiques d’accaparement, de discrimination, d’exclusion, de népotisme, de tribalisme, de clientélisme doivent céder le pas à des comportements plus rationnels et plus équitables parce que plus inclusifs. 

Il s’agit, entre autres, de la redistribution et de la répartition des produits des ressources minières et halieutiques du pays, et de favoriser l’émergence d’une classe moyenne dans toutes les régions, mais particulièrement au sein des communautés nationales jusqu’ici marginalisées ou simplement exclues.

Sans un engagement fort et volontariste des Pouvoirs Publics, pour apporter des solutions satisfaisantes à ces problèmes, tous très pressants, il sera très difficile de contenir des mécontentements qui s’expriment toujours plus fortement pour dénoncer de grandes inégalités et disparités qui deviennent insupportables.

C’est pour les rappeler à leurs obligations en ce domaine que des recommandations pertinentes ont été avancées et retenues dans le cadre du Dialogue, mais ces recommandations n’ont connu aucun début d’exécution, plusieurs mois après.

Il s’agissait notamment :

      de créer un Fonds de Cohésion Sociale en faveur de populations et de zones pauvres

      d’élaborer des politiques équitables d’Aménagement du territoire,

      d’élaborer des mécanismes de préservation de la cellule familiale,

      d’encourager l’emploi des diplômés chômeurs,

      d’initier la formation professionnelle en direction des agriculteurs et des éleveurs,

      de renforcer l’Etat de droit par l’introduction de la discrimination positive dans les domaines de la Justice, de l’Armée, de la Garde Nationale, des Missions diplomatiques, des Finances et de l’Economie, de la Sécurité et de l’Administration Territoriale.

      de restaurer le rôle moteur de l’Ecole dans l’ancrage des valeurs morales et citoyennes, de liberté, de dignité, de promotion sociale et de solidarité

      de définir une stratégie de lutte contre le terrorisme qui intègre l’adhésion consciente des populations ;

      de lutter contre la corruption, qui progresse au lieu de régresser

Trouver des solutions justes et rapides à ces amères réalités structurelles devrait constituer le souci majeur et permanent   des Gouvernants et c’est à travers les résultats obtenus qu’ils devraient être jugés sans passion, la tâche n’étant pas facile parce qu’il s’agirait de corriger des habitudes et des dysfonctionnements bicentenaires.

Je reconnais personnellement au Président Mohamed OULD ABDEL AZIZ d’avoir eu suffisamment de courage pour oser bousculer certaines mauvaises habitudes ancrées, mais je considère qu’il n’a pas été en mesure de corriger les dysfonctionnements de l’Administration, lesquels se sont aggravés parfois.

Les Résultats du Dialogue participent pour une part importante dans cette évaluation positive et partielle de son action, surtout que n’eût-été le Dialogue qu’il avait initié, la situation serait aujourd’hui encore plus grave et la crise plus profonde.

Le souci d’objectivité m’oblige également à reconnaître que le Président de la république n’a pas eu partout la main malheureuse.

C’est ainsi que des moyens substantiels ont été investis dans Nouakchott, dans presque toutes les capitales régionales et même dans certains chefs-lieux de Moughataa (Tintane) en vue de leur modernisation et de leur urbanisation (amélioration du système des voiries, revêtement des rues et éradication des «gazras» occupations illégales.)

Des efforts semblables ont été déployés en faveur du réseau routier pour lutter contre l’enclavement, de l’électrification au milieu rural, du   Programme Emel 2012 et de nombreux autres chantiers dont des interventions ponctuelles favorables au monde rural comme la fourniture de l’eau potable (sondages) la construction de diguettes, de même que la mise à disposition de grillage et de fils barbelés pour la protection des cultures.

        Le revers de la médaille est que là où la réussite n’a pas été au rendez-vous, les réalités structurelles se transforment en cauchemars conjoncturels susceptibles à tout moment, surtout en cas d’exploitation malveillante et irresponsable, de devenir autant de foyers de tensions porteurs de tous les dangers.

III–   UNE CONJONCTURE TROUBLE…

Il n’est pas exagéré de considérer que la conjoncture que nous vivons depuis quelque temps est l’une des plus troublées, eu égard à la surchauffe dans la région créée par les révolutions arabes de Tunisie et de Libye proches, de la grogne sociale intérieure due aux conditions de vie d’une population qui ploie de plus en plus sous les pressants assauts du besoin, au point d’en perdre, parfois, et la raison et la foi.

Cela devient d’autant plus choquant et plus grave que le pays recèle des richesses minières et halieutiques considérables qui exacerbent encore plus un mal-être qui ne trouve plus à s’exprimer que par la violence.

Mais un malheur arrivant rarement seul,   le terrorisme a trouvé à s’incruster dans cet environnement explosif, faisant de la Sécurité en Mauritanie, avec la situation qu’il a créée au Mali, un problème de survie.  

III – A – REVOLUTION et GROGNE SOCIALE

Le printemps arabe et le souffle révolutionnaire qu’il véhicule est venu miraculeusement matérialiser, grâce à l’attrait irrésistible qu’il exerce sur les foules opprimées et laissées pour compte, qui espéraient y trouver la fin de leur calvaire, une énorme cerise sur le gâteau gargantuesque formé à partir de leurs nombreuses revendications pressantes, des situations calamiteuses que créent parfois Dame Nature (la sécheresse) et parfois des intrusions d’hommes étrangers au pays et donc souvent ennemis du Pouvoir établi.

        Pourrait-on nier, en effet, que la montée des prix, le chômage endémique, la faiblesse des salaires, l’inflation galopante, le marasme économique et tout ce qui s’y attache comme exclusion du grand ensemble et discrimination, le sentiment généralisé d’injustice et d’absence de droit, l’élargissement de la pauvreté sont autant de raisons irréfutables qui justifient et alimentent la grogne sociale qui a tendance à s’exprimer de plus en plus violemment ?

C’est cela qu’ont voulu exprimer et continueront à exprimer toujours plus bruyamment et violemment les nombreux foyers de tensions entretenus à l’Université, à l’ISERI, au niveau des ouvriers journaliers de la SNIM à Zouerate, des employés de MCM à Akjoujt et des Centrales syndicales !

Peut-on raisonnablement s’empêcher de faire le rapprochement entre cette grogne sociale et les velléités révolutionnaires d’importation   du printemps arabe, brandies à l’envi par une jeunesse désœuvrée, marginalisée, exploitée et exclue que des conseils malveillants n’ont pas hésité à manipuler en jouant sur les fibres hypersensibles de la race et de la condition sociale ?

C’est par miracle que de telles tentatives n’ont pas dégénéré en dépit de l’activisme des militants de «Touche pas à ma nationalité » et de l’IRA, soucieux de marquer leur impatience, même au prix d’une guerre civile ou du chaos, excédés par une opération d’enrôlement très titilleuse à ses débuts et par une lenteur excessive quant au règlement définitif du passif humanitaire et des autres problèmes pendants hérités des évènements douloureux de 1989 d’une part, tandis que d’autre part, le mauvais traitement par l’Administration et la Justice de toutes les affaires en rapport avec l’esclavage qui leur sont soumises caractérise l’orientation négationniste de ce phénomène, ce qui est à la fois injuste et insultant.

Mais, plus grave encore que l’activisme des militants de tous bords, c’est la désinvolture de l’Etat, voire sa complicité, face à l’exacerbation des tensions fondées sur la race et/ou la condition sociale comme le prouve sa lenteur à résoudre définitivement   celles qui naissent à propos du retour des réfugiés (Négro-africains) et leur juste revendication de rentrer dans leurs droits, tous leurs droits, donc de récupérer leurs terres et leurs villages sur et dans lesquels ont été installés, depuis des décennies, d’autres propriétaires et habitants, souvent Haratines

A défaut de trouver des solutions immédiates et appropriées à tous ces problèmes, les Autorités de l’Etat devraient pour le moins prendre conscience de leur gravité et de leur dangerosité et parer au plus pressé en demandant aux partenaires sociaux d’engager sans délai le dialogue social et entreprendre elles-mêmes de calmer le jeu en exigeant des Administrations territoriales déconcentrées (Chefs d’Arrondissements, Préfets et Gouverneurs) de s’engager davantage dans la prévention des conflits domestiques en protégeant, plus qu’elles ne le font actuellement, les opprimés, les faibles et les exclus..

III – B – GESTION ECONOMIQUE

Le volet économique et monétaire est certainement l’un des dossiers qui suscitent le plus de commentaires unanimement convergents. Il est ancré dans l’opinion générale que l’objectif prioritaire de tous ceux qui arrivent au pouvoir est de s’assurer du contrôle économique, celui-ci étant l’argument le plus convaincant pour s’assurer le contrôle et la maîtrise de toutes les situations dans une société où la consommation prend jour après jour plus de place. En avoir le monopole ou la maitrise a toujours été assimilé par ceux qui le détiennent au sentiment d’invulnérabilité chez le guerrier ce qui ne serait pas sans susciter de vives inquiétudes, voire semer l’effroi chez ses adversaires, même si cela n’est pas   forcément déterminant dans la victoire ou la défaite.

IL n’a pas échappé à l’opinion, (très regardante à l’occasion de chaque changement politique, surtout en ce qui concerne la gestion économique) l’attention très particulière accordée par le Chef de l’Etat à la gestion de la SNIM, de MCM, de TASIASET et du secteur de la PECHE, pour ne citer que ces activités.

Compte tenu des mystères d’ombre et de silence qui entourent leur gestion cela a généralement été bien accueilli, vu que ces secteurs constituent en fait les seules véritables richesses du pays qu’il appartient à chaque Président de gérer en bon père de famille pour les protéger d’abord et pour ensuite assurer leur juste redistribution et leur équitable répartition.

Toutefois, les retombées économiques de l’industrie extractive pour le pays et leur impact sur les populations environnantes restent très en deçà des grands espoirs suscités par ces grandes industries, surtout depuis l’installation de  TASIASET.

L’on s’étonne en effet que malgré ce contrôle très exceptionnel et très rapproché, de ce paradoxe qui continue à faire de la Mauritanie de 2012,   exagérément riche, nous dit-on, de sa pêche et de ses ressources minières (or, fer, cuivre), un pays encore pauvre, où le citoyen ne voit toujours pas cette richesse réelle ou supposée se concrétiser ni sur sa feuille de paie, ni dans sa marmite, ni sur son confort moral et matériel, ni sur les équipements de base du pays.

Le Secteur Economique est certainement le domaine où la discrimination, les règlements de comptes, le monopole et l’exclusion sont monnaie courante au grand préjudice du développement économique et social du pays, de la répartition équilibrée des avantages et de la redistribution équitable des ressources.

La Collectivité Nationale qui est en droit de se demander à qui profitent réellement toutes ces richesses et la grande opacité qui entoure leur gestion, exige véritablement plus de clarté car elle se renforce de plus en plus dans la conviction qu’on la tue exprès économiquement.

Elle a enfin le droit d’espérer que cela cesse au plus vite.

La sagesse populaire   enseigne en tout cas que la faim est le pire ennemi de la foi.

Cette foi en ALLAH, en le Pays et en les Dirigeants du pays, nous sommes interpellés et conviés à aider, tous ensemble, notre Société à la garder au lieu de la forcer, chacun de nous à sa manière, à la perdre.

III – C–   LES PROBLEMES DE SOCIETE

Le malaise généralisé que ressent la population victime des abus et des dysfonctionnements récurrents de l’Administration,   les nombreuses injustices qu’ils engendrent, le sentiment unanime de frustration et d’exclusion, surtout sur le plan de la gestion économique, induisent fatalement une atmosphère de grande gêne et de désarroi profond, qui joints à un sentiment de peur latente qui est en train de prendre possession de tout le monde, donnent forcément une société complexe,   instable et au bord du désespoir.

Peut-on mieux illustrer cette atmosphère que par le constat de la recrudescence de cette forme nouvelle d’expression qu’est le suicide, cet acte à la fois tragique et ultime, qui en même temps qu’il est symptomatique de la perte des repères, est aussi caractéristique de la pression du besoin, devenue insupportable, au point d’ébranler la foi ?

Il faut, pour lui trouver une explication acceptable, reconnaître qu’il est la conséquence directe des changements profonds et irréversibles qui s’opèrent sous nos yeux et qui font qu’on est loin aujourd’hui de cette population naguère fataliste, indifférente, attentiste et silencieuse qui a toujours fait le bonheur de nos Dirigeants, lesquels ont souvent eu tendance à oublier les circonstances qui les ont amenés au Pouvoir au point de se prendre, une fois qu’ils y sont, pour des génies, voire des   divinités maîtrisant et contrôlant tout, sans se préoccuper des conséquences que cela pourrait engendrer.

Cet acte tragiquement violent, naguère perçu dans notre société fondamentalement musulmane comme ce qu’il ne faut justement jamais accomplir, entre aujourd’hui, malheureusement, petit à petit, dans les habitudes au point de se banaliser.

Les circonstances qui peuvent pousser à la commission de ce geste fatal sont nombreuses mais sont, en général, ou psychologiques ou matérielles, ces deux hypothèses trouvant chez nous un terreau largement favorable eu égard à la complexité de la situation que nous vivons.

III – C – 1 – CAUSES PSYCHIQUES DU DESESPOIR,

Les causes psychologiques qui peuvent entraîner ce type de mort sont un fort sentiment de mal être dans notre milieu et dans notre peau, de n’être rien et de ne rien représenter dans la mesure où l’on n’est d’aucun intérêt pour personne, quelque soient nos difficultés, nos problèmes, les injustices et les abus que nous subissons, les malheurs qui nous frappent, surtout quand ils sont à répétition.

Tous ces sentiments, bien que très pénibles, restent psychologiquement gérables quand ils sont la conséquence de nos rapports avec les autres, individus proches ou lointains, mais ils se transforment en violente agression impossible à supporter quand ils sont suscités par l’action ou la non action de la Puissance Publique.

Or il n’est un secret pour personne que les injustices et les inégalités raciales, ethniques, régionales, tribales, familiales, sociales, économiques et culturelles sont grandes entre les différentes communautés nationales et même à l’intérieur de chacune d’elles prise séparément.

En l’absence d’une Administration impartiale et d’une Justice souveraine et juste pour veiller aux équilibres par le redressement des torts, les sentiments de frustration, d’abandon et d’impuissance se rejoignant, l’irréparable est vite arrivé.

L’indifférence coupable, le favoritisme, les injustices, les pratiques discriminatoires et l’exclusion sont les différentes facettes de l’offre permanente à la portée des centaines de milliers de victimes de l’esclavage et de ses séquelles, des tout aussi nombreuses victimes négro-africaines des traitements discriminatoires passés et actuels, des nombreux diplômés chômeurs, d’une Jeunesse très nombreuse impatiente, désœuvrée et laissée pour compte, des très nombreuses victimes intra et extra muros d’abus et de spoliations diverses.

Sous tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance, ce sentiment généralisé de mal être et d’abandon a certes toujours été le sujet de prédilection qui alimente le plus souvent les veillées des Mauritaniens, mais il n’a jamais été aussi réel et aussi fatal que maintenant.

Il n’est pas meilleure illustration du mal être général des mauritaniens que le misérabilisme de l’enseignement vidé   de tout contenu utile pour le pays.

La société a de plus en plus tendance à considérer l’éducation comme une perte de temps, l’accès au travail rémunéré et aux promotions éclair n’en faisant plus un passage obligé. En tout état de cause l’enseignement produit d’innombrables diplômés qui chôment alors que la fonction publique est truffée de non diplômés, à moins que cela ne soit simplement la conséquence de l’inadaptation des programmes nationaux d’enseignement aux besoins du pays.

Les nombreuses et infructueuses réformes entreprises jusqu’ici semblent faire la part belle à l’incohérence, à l’amateurisme et à l’improvisation qui contribuent ensemble au recul du pays dans ce domaine vital.

Les rares dividendes qui peuvent encore en être tirés vont au profit d’une classe qui se rétrécit de plus en plus, les nantis seuls pouvant encore supporter les coûts chaque jour plus exorbitants de l’enseignement privé.

Le secteur de la Santé n’est guère mieux loti car, outre les dysfonctionnements qui le caractérisent, (l’insuffisance notoire des infrastructures dont il dispose et leur inadaptation à ses besoins grandissants, la cherté de ses services publics et privés, la cherté des médicaments, l’absence totale de contrôle de leur qualité et de leur provenance) il exerce dans un environnement très défavorable où la précarité de l’habitat, l’accès limité à l’eau potable, les bas salaires, l’exposition avérée de la main d’œuvre aux risques nombreux du travail et l’absence presque totale de toute couverture sanitaire, ce qui multiplie d’autant ses sollicitations et fait de la Mauritanie un pays où la santé est des plus aléatoires et des plus coûteuses pour des revenus moyens classés parmi les plus bas.

III – C – 2 – CAUSES MATERIELLES DU DESESPOIR

Les pressions matérielles, parce qu’elles ne bénéficient pas de l’avantage des choses enfouies qui se ruminent et se digèrent dans l’intimité du secret le plus profond sont beaucoup plus brutales, dans cette société de plus en plus matérialiste et consommatrice.  

Y exposer à nu aux regards et aux commentaires   les tragiques et cruelles   affres de la pauvreté, de la précarité, des manques et des besoins quasi endémiques, dans une société où l’individualisme progresse, est devenu un facteur déterminant de déstabilisation individuelle et collective, pouvant conduire à tous les extrêmes, surtout en une période particulièrement difficile où la crainte du pire a traumatisé tous les esprits.

En effet, le marasme économique, l’inertie de l’Etat, le mauvais hivernage passé et ses fâcheuses conséquences sur les petits éleveurs, leur cheptel et les paysans pauvres, la montée de plus en plus insupportable des prix des denrées et produits de première nécessité dont le carburant bien sûr, la faiblesse de la monnaie, la modicité des revenus des ménages, l’élargissement du cercle de la pauvreté (les familles qui ne s’alimentent qu’à peine une fois par jour dans Nouakchott sont innombrables) ont été et sont encore, pour l’essentiel, autant de raisons objectives de perdre patience … ou même parfois… la raison.

Ceci devient encore plus vrai et plus tragique quand l’origine et la résultante de tout cela est, d’une part, la mauvaise gouvernance inhérente à l’absence d’écoute, d’ouverture et de partage et, d’autre part, la faible manifestation de la solidarité nationale qu’impactent la multiplicité des charges et l’insuffisance des moyens.

Mais les pressions psychologiques et matérielles n’engendrent pas que des volontaires pour l’acte fatal.

Elles donnent aussi lieu à l’émergence d’une autre forme de protestation non moins violente que le suicide, bien qu’elle soit l’expression de son rejet absolu, puisqu’elle propose de choisir de vivre mais au risque, cette fois, de se mettre en marge de la société, enfermé dans le ghetto de la criminalité en tous genres :

En effet, délinquance, dépravation des mœurs, banditisme, vol à main armée, trafic de drogue, viols, assassinats et terrorisme connaissent des records jamais égalés dans notre pays et atteignent tous les segments (filles et garçons) d’une jeunesse nationale désœuvrée, oubliée et pressée de démontrer qu’elle existe et qu’elle est capable de s’exprimer à l’intérieur de nos frontières et même de s’exporter.

Ce sont là autant de signes qui auraient dû être compris et interprétés comme autant de preuves qui ne trompent guère sur les conditions de vie particulièrement difficiles du pays et sur leur capacité de porter atteinte à sa stabilité.

III – D– INSTABILITE ET INSECURITE

Perçue naguère, tantôt comme «un jeu de la mort» ou au «chat et à la souris» entre le Pouvoir et les cellules intégristes de AQMI, lesquelles, par goût du spectaculaire et du défi n’ont eu de cesse de démontrer aux différents Pouvoirs dans la sous-région que leur capacité de nuisance restait grande et terrible et, tantôt comme «un jeu politique à se faire peur» (la situation interne et le Printemps arabe aidant) qu’apprécie et pratique opportunément la C.O.D. dans l’espoir de déstabiliser le Pouvoir en place, la Sécurité nationale aujourd’hui, à cause de ce qui se passe au Mali, prend une tout autre dimension qui se décline désormais en termes de sauvegarde de l’Unité nationale et de l’intégrité territoriale ce qui ne   signifie pas autre chose que défendre la survie du pays.

III – D – 1 – INJUSTICE SOCIALE et INSTABILITE 

Il y n’y a pas de situation plus propice à l’instabilité et à l’insécurité qu’une très grande injustice sociale qui se prolonge et pour laquelle les pouvoirs publics ne semblent choisir comme solution d’urgence que celle de feindre de l’occulter ou de considérer qu’elle ne serait qu’une vue de l’esprit, inventée de toutes pièces.

L’insécurité née de la mal gouvernance et particulièrement de la partialité de l’Administration, de la Justice et de leurs auxiliaires (Gendarmerie, Garde Nationale et Police où le recours à la torture et à la répression violente, parfois mortelle, est souvent dénoncé) l’exploitation malveillante qui pourrait être faite des tensions sociales et raciales, les trop grandes disparités qui résultent des inégalités avérées entre les citoyens doivent inciter à une grande prudence et à une vigilance accrue.

Le manque d’empressement et de doigté, pour ne pas dire la désinvolture de l’Autorité publique, à travers ses différents segments, dans le traitement des nombreux dossiers et conflits qui lui sont quotidiennement soumis, serait d’une influence négative considérable sur la stabilité intérieure. Il continue encore aujourd’hui de constituer une épée de Damoclès suspendue au-dessus du pays et qu’un rien pourrait faire descendre sur lui.

Il faut aussi déplorer avec force le monopole outrageusement discriminatoire, par une seule composante, au détriment de toutes les autres (Haratines, Pulaar, Soninkés et Wolofs) du Commandement opérationnel au sein de l’Armée Nationale et des Forces de Sécurité (Police, Gendarmerie et Garde Nationale) comme si le patriotisme et la valeur se définissent   exclusivement par le niveau social et/ou la couleur.

De tels comportements, pour le moins révoltants, sont générateurs de réflexes incontrôlés et nuisibles à l’esprit de consolidation de l’unité, de la solidarité, du civisme et de l’engagement que requiert le moment.

C’est peut-être l’une des raisons qui seraient à l’origine de l’expansion du crime, y compris le terrorisme, dans certains milieux particulièrement jeunes et l’on évoque aussi, chaque jour un peu plus ouvertement, à la faveur de ce qui se passe chez notre voisin, des craintes qui ne seraient pas totalement infondées et qui seraient la conséquence de rumeurs à propos de l’objectif, plus ou moins avoué par certains de chercher à «diviser le pays en autant de micros-états qu’il y a d’affinités régionales ou autres.»

III – D – 2 – TERRORISME / CRIME ORGANISE et INSECURITE

Le Terrorisme, qu’il soit international, régional ou local,   seul ou allié au Crime organisé du trafic de la Drogue, était jusqu’à peu considéré comme étant pour le pays le plus grand danger pour sa stabilité et sa sécurité, eu égard à son activisme qui inclut des assassinats de sang froid de plusieurs martyrs de nos Forces armées en opération, des assassinats d’étrangers, des combats de rue dans la Capitale, une prise d’otages, une bombe humaine et des voitures bourrées d’explosifs. Il était, en fait, en passe d’élire domicile dans notre pays et pour longtemps, ajoutant la peur aux nombreux problèmes des populations.

Cette autre partie du terrorisme, le Crime organisé du trafic de la drogue est en train de faire des ravages, non seulement à nos frontières du Nord et de l’Est, mais aussi dans nos grandes villes que sont Nouakchott et Nouadhibou.

Il va sans dire que pour le combattre efficacement la coordination régionale et internationale est incontournable.

Dans le cadre de cette lutte, il faut reconnaître les efforts consentis et déployés en terme de formation, d’équipement et d’entraînement de nos forces armées et de sécurité pour les mettre en situation d’empêcher et/ou décourager les attaques des terroristes, mais il faut parallèlement regretter les erreurs à répétition qui ont émaillé les rapports avec la République sœur du Mali, rapports qui ont suscité et alimenté une grande controverse qui se poursuit encore aujourd’hui.

Nombreux en effet sont les avis qui considèrent que l’engagement d’opérations armées par nos Forces militaires et de Sécurité en dehors de nos frontières était à éviter.

La nouvelle situation créée en République sœur du Mali vient reléguer au second plan cette grande préoccupation.

En effet, avec la proclamation de l’indépendance de l’Azaouad par le M.N.L.A. et le contrôle des régions du Nord et de l’Est par des groupes islamistes extrémistes et parrains, de surcroît, de la drogue fait courir au pays un risque encore plus grand capable de mettre en jeu son existence même.

III – D – 3 – RELATIONS EXTERIEURES et INSTABILITE

Un autre vecteur d’insécurité et d’instabilité, serait, sur le plan des relations extérieures, une gestion hâtive, banalisée ou à l’humeur des rapports de notre pays avec ses voisins, qu’ils soient du Nord ou du Sud ou de ne pas nous sentir concernés au premier chef par ce qui leur arrive ou peut leur arriver.

Dans ce contexte, il serait gravement dommageable pour le pays d’être transformé en base arrière (de combat ou simplement de refuge) à ceux qui, pour des raisons ou pour d’autres, sont ou seraient en conflit ouvert ou larvé avec les Etats frères voisins.

Cette crainte se trouve aujourd’hui justifiée par la position actuelle, difficile à comprendre, de notre Gouvernement, qui tout en se déclarant opposé à la partition et à l’occupation partielle du Mali, continue d’abriter, d’entretenir et de protéger les Cadres et les militants du Mouvement séparatiste de l’Azaouad, avec tous les risques réels qu’une telle position fait peser sur le pays, aujourd’hui aussi fragilisé que son voisin.  

Les Relations Extérieures sont certes du domaine réservé du Président de la République mais, même si le dernier mot lui revient naturellement, rien ne lui coûterait de s’ouvrir, de temps à autre, aux acteurs politiques pour entendre leur point de vue sur certaines questions sensibles.

Il est avéré, en effet, que les conseils ne sont jamais d’aussi grande utilité que lorsqu’il faut prendre des décisions qu’on est habilité à prendre tout seul et c’est cela que démontre notre sagesse populaire qui enseigne : «Une mauvaise décision prise en concertation avec les siens est toujours préférable à une bonne décision que l’on prend tout seul ! »

Mais avant d’en arriver aux actes et aux décisions bonnes ou mauvaises, la Diplomatie est avant tout une école, une manière d’être et de se comporter faite de courtoise, de patience et d’humilité, ce dont la nôtre ne devrait jamais se départir car c’est cela qui imposera son respect, démontrera son efficacité et garantira la pérennité de notre Etat et la tranquillité du pays par la préservation de son Unité et de sa Sécurité.

La Sagesse qui enseigne que «prévenir vaut toujours mieux que guérir» commande également d’entamer sans délai toute initiative et/ou démarche de nature à rassurer tous nos voisins tant du Nord que du Sud quant à la volonté inaltérable de notre pays de continuer à incarner cette position charnière entre ces deux mondes dont nous sommes l’incarnation vivante, de notre solidarité agissante avec tous nos voisins et de notre devoir de les soutenir fermement par tous les moyens à notre disposition, s’agissant de la défense de leur indépendance et de leur souveraineté

C’est pour ces raisons qu’il n’est pas concevable en Mauritanie que la Direction Nationale ait une attitude autre qu’exprimer et pratiquer une solidarité agissante et un soutien inconditionnel aux Autorités maliennes dans leur entreprise légitime de rétablissement de l’unité et de l’intégrité territoriales de leur pays, sans préjudice pour le soutien moral et politique de ceux de ses citoyens qui cherchent pacifiquement, par le dialogue politique, la satisfaction de leurs revendications, autres que séparatistes.

Il est donc du plus grand intérêt pour notre pays que soient rétablis au plus vite les rapports les meilleurs qu’il a toujours entretenus avec tous ses voisins et ses amis proches et lointains.

III – D – 4 – RAPPORTS POLITIQUES et INSTABILITE

Les divergences politiques et juridiques sont en elles-mêmes le moteur des activités de l’Opposition Démocratique, dont le rôle est de faire contrepoids au Pouvoir en attendant de l’exercer elle-même.

Faire ou servir de contrepoids à un Pouvoir, n’est pas moins important en démocratie qu’exercer en fait le pouvoir car par ses critiques constructives, ses prises de position, ses interpellations et parfois ses manifestations, voire ses défis, celui ou ceux qui jouent ce rôle concourent au développement et à l’enracinement de la démocratie de même qu’ils participent directement à l’édification de l’Etat de droit et des libertés, antinomique des dérives  autoritaires et despotiques.

Tout Pouvoir démocratique devrait respecter l’Opposition et même lui savoir gré d’être toujours là à le bousculer, le rappelant sans cesse à son devoir, à sa mission, au contraire de la complaisance de ceux qui le soutiennent, mais il revient à l’Opposition, dans son rôle de contrepoids, d’en cerner justement les limites qui ne devraient jamais, quoiqu’il advienne, ignorer le poids qu’elle est censée contrebalancer sous peine de fausser totalement et injustement le jeu…de l’alternance démocratique et pacifique.

Poids et Contre Poids, Pouvoir et Opposition ne doivent pas aussi perdre de vue, qu’étant en charge des destinées du pays ou se préparant à les assumer dans le futur, proche ou lointain, ils doivent s’accepter mutuellement , comprendre qu’ils sont interdépendants, que leur rôle premier est la sauvegarde de l’existence du pays et que pour y arriver, ils sont condamnés à se tolérer et à s’habituer les uns aux autres.

Sachant que rien de ce qu’ils diront ou feront ne sera gommé par l’histoire et qu’ils auront à en rendre compte à leur arbitre, l’électorat, ils devraient ne rien dire ou entreprendre qui puisse dangereusement menacer la stabilité et la sécurité du pays.

Par contre toutes les contradictions politiques et juridiques sont permises, de même que je me donne la liberté de caractériser les rapports qu’entretiennent entre eux les différents acteurs politiques et qui ne sont pas sans influencer peu ou prou la vie de chaque mauritanien aujourd’hui.

III – D – 4 – a – DU REPORT CONTROVERSE DES ELECTIONS

Une controverse récurrente a été celle qui a été développée à propos de la prolongation des mandats législatifs qui concernent d’une part un tiers des Sénateurs et l’Assemblée Nationale dans son ensemble et, d’autre part, le renouvellement des Conseils municipaux des Communes, certains arguant que la procédure ayant conduit à cette situation est illégale, alors que certains autres en défendent la légalité et le bien fondé.

Si juridiquement, on peut être totalement divergents, chacune des parties (celle qui défend la légalité et celle qui argue le contraire) pouvant recourir à de nombreux argumentaires pour éclairer sa position et même donner parfois l’impression qu’elle est la seule valable (c’est ce qui fait le charme, la force et spécialisation du droit) il semblait toutefois, eu égard au contexte de doute, de suspicion et de rejet réciproque prévalant entre les acteurs, impossible d’organiser des élections consensuelles, inclusives, crédibles, transparentes et libres.

Il était en effet exclu d’accepter que les élections continuent de se dérouler suivant les anciennes procédures, c’est-à-dire, sous le contrôle du Ministère de l’Intérieur ou d’une CENI organisée par le Gouvernement et donc sans véritables garanties d’impartialité et de transparence.

Pour répondre à ces exigences, la seule manière était de suivre le cheminement qui a été mis en œuvre par les participants au Dialogue.

Une autre contrainte incontournable était et est toujours l’enrôlement et la nécessité qu’il soit inclusif pour le rôle qu’il est censé jouer dans la confection des listes électorales.

Toutes ces réalités réunies ne justifient-elles pas suffisamment et largement le report des élections et par conséquent la prorogation indispensable des mandats en cours jusqu’aux élections prochaines ?

III – D – 4 – b – CLIMAT DES RAPPORTS POLITIQUES

Le climat des rapports politiques qu’entretiennent ou pas entre eux les différents acteurs politiques nationaux est malsain et est généralement la conséquence directe de l’exaspération des contradictions qui ont rythmé la scène politique nationale depuis le coup d’état du 06/08/2008.  

Cette situation empoisonne l’atmosphère au point de la rendre parfois quasiment irrespirable, car où que l’on se tourne, aucun de ces rapports n’est satisfaisant et ne sied véritablement à la conjoncture difficile que vit le pays, tant au plan intérieur qu’extérieur.  

Les RAPPORTS sont tous soit « Anormaux !» soit « Pas bons !» soit « Mauvais ! » ou« Très mauvais !»  

1 – «Les rapports anormaux» définissent de prime abord ceux qu’entretient le Président de la République avec «son parti U.P.R» et les autres partis de la Majorité présidentielle.

Ceux-ci se plaignent tous d’un manque de confiance et de n’avoir jamais eu que la part incongrue d’un pouvoir politique qu’ils sont censés détenir en commun avec le Chef de l’Etat. Ils n’ont même pas pu bénéficier du privilège d’être informés, consultés pour avis ou, encore moins, d’être associés à une prise de décision.

2 – Dans «les rapports pas bons» il faut ranger, parce qu’ils sont plus sensibles politiquement et supposaient un traitement différent, ceux que le Président de la République entretient avec les partis qui ont participé au Dialogue et formé la CAP.

Les Partis de la CAP, bien que victimes du même traitement dont se plaignent les Parti de la Majorité, le supportent moins, la simple logique enseignant qu’en matière de «partenariat» politique entre Majorité et Opposition, l’exercice solitaire du pouvoir est censé s’exclure d’office pour que s’instaure naturellement en ses lieu et place la concertation.

De plus en plus interpellés par leur opinion quant à des résultats d’un Dialogue qui prennent du temps à s’appliquer concrètement et qui, sur le plan psycho-politique,   semblent toujours de nul effet sur les attitudes et comportements du Chef de l’Etat qui persiste toujours dans sa volonté de ne faire aucune concession en matière d’ouverture et de partage, les partis de la CAP pensent de plus en plus à se démarquer d’un positionnement qui n’apporte rien de véritablement profitable au pays, s’agissant d’une gestion apaisée et concertée du pouvoir.

3 – «Les rapports mauvais» sont ceux qui existent entre les deux pôles de l’Opposition, la COD et la CAP lesquels, après s’être séparés en sont aujourd’hui arrivés à un point de quasi rupture, les sentiments venant transformer en défis personnels des divergences politiques d’évaluation et d’interprétation des rapports de forces et des évènements.

Il n’est pas tout à fait acquis que les derniers contacts engagés avec les responsables des Partis qui composent la C.O.D. aient réussi à faire oublier une situation où chacun a eu sa part de responsabilité qu’il doit reconnaître et assumer.

4 – «Les rapports très mauvais» enfin, sont ceux qui caractérisent les relations qui prévalent entre le Président de la République et les leaders des Partis qui constituent la Coordination de l’Opposition Démocratique, lesquels se «détestent» cordialement et feignent de s’ignorer réciproquement. Alors que le Président est resté hermétique à toute concertation avec la C.O.D. celle-ci ne s’est plus trouvée de rôle à jouer que celui de tenter, par tous les moyens à sa portée, de le déstabiliser.

Toutes ces relations de Responsables politiques de Haut niveau, sont tout à fait le contraire de ce qu’elles auraient dû être objectivement dans la situation que traverse notre pays.

IV – REAGIR AVEC RAISON

Eu égard à ces rapports très peu amènes l’exploitation politique, par la C.O.D., de toutes les situations défavorables décrites plus haut, a été jugée au départ naturelle et donc de bonne guerre.

Mais au fur et à mesure qu’ont évolué les manifestations et que la jonction a semblé se faire avec tous les autres foyers de tension (Jeunesse du 25 février, Etablissements Universitaires, grogne sociale, syndicats, Ira et Touche pas à ma nationalité) il est clairement apparu que beaucoup de risques favorables à toutes les formes de dérapages étaient réunis et la nécessité de les contrecarrer s’est imposée comme seul moyen d’éviter le pire au pays.

Il fallait pour y arriver, accepter de ranger notre ego au placard, au profit de l’intérêt général.

         Mettre l’intérêt général en premier rend toutes les difficultés plus faciles à surmonter et allège d’autant le poids des responsabilités. La politique pouvant être considérée comme l’art de gérer (gouverner) la société, elle est synonyme de lamentable échec chaque fois qu’elle a cherché et réussi à s’affranchir totalement de cette Référence intangible. A l’inverse elle réussit aux monarques et aux despotes éclairés quand leur autoritarisme est mu par la volonté sincère de construire un pays et une société de référence, parfaits.

         Dans un environnement tel que celui que nous venons de dépeindre, principalement au plan intérieur sans cependant occulter ou minimiser l’influence néfaste des évènements extérieurs, nous sommes fondés à considérer que les bonnes réactions, de part et d’autre, eurent été la clairvoyance et la retenue qui auraient permis d’une part au Président de la république de remarquer que la fragilité du pays et ses priorités de développement incitaient à davantage d’ouverture et de partage pour rassembler plus et à la C.O.D. d’autre part, d’aboutir à la même analyse et s’interdire toute radicalisation susceptible de mettre en cause la très fragile tranquillité et l’harmonie très précaire du pays.

         Malheureusement pour le pays, cette attitude de défi adoptée de part et d’autre à conduit à des successions d’occasions ratées qui ne sont pas pour rien dans la complexité de la situation d’aujourd’hui.

         S’il faut regretter, s’agissant de la C.O.D.   la virulence du discours, le rejet du Dialogue, de ses résultats et le slogan «dégage !», il faut aussi regretter, s’agissant de Monsieur le Président de la république, qu’il n’ait pas sous-tendu ou accompagné le Dialogue et ses résultats par une nette volonté d’ouverture dans le souci de rassembler.

Il faut signaler aussi que Monsieur le Président n’a semblé voir en le Dialogue qu’une opération mécanique qui s’expédie rapidement par une succession de mesures générales et impersonnelles, au lieu de le percevoir comme une approche morale, philosophique et politique visant à créer un environnement propice au  désamorçage des tensions sociales et favorable à l’établissement de rapports humains et civilisés, facilement gérables, entre les citoyens d’un même Etat, certes politiquement opposés, mais en aucun cas ennemis.

         Le non implication de la Société Civile dans le débat politique national en général a rendu difficile à voir toutes ces erreurs simples et faciles à redresser et a transformé en joutes oratoires de lutte pour le pouvoir ce qui était censé devenir un débat existentiel de fond.

         C’est pourquoi, ma conviction est totale que s’il fallait supposer que le Dialogue n’aurait commis qu’une seule faute grave qu’il fallait citer, je retiendrais pour ma part l’absence de la SOCIETE CIVILE, dans sa grande diversité à ce Dialogue.   Cette omission l’a réduit à un débat essentiellement politique, lui ôtant du même coup le Label national qui l’aurait davantage élargi, enrichi et crédibilisé, la notoriété de la Société Civile et son efficacité n’étant plus à faire à travers le Monde.

C’est le lieu de rappeler à la Société Civile Mauritanienne Nouvelle qu’elle doit s’impliquer et être impliquée dans la gestion des affaires publiques en tant que modératrice ou pondératrice des rapports tumultueux des protagonistes politiques assez portés à surchauffer, jusqu’à friser l’explosion, l’atmosphère.

Les acteurs politiques quant à eux, particulièrement ceux qui sont déjà en charge de la responsabilité suprême de l’Etat, doivent comprendre l’importance du rôle des acteurs de la Société Civile, à quelque niveau qu’ils se trouvent et quelque soit leur spécialisation ; ils doivent par conséquent les encourager et les soutenir à le jouer pleinement, en toute liberté et en toute responsabilité, au lieu de ne voir en eux que des empêcheurs potentiels de tourner en rond, pour cela seul qu’ils se soient investis dans la défense des droits et des intérêts de l’Homme et de la Société (droits humains, culturels, syndicaux, sociaux, économiques, religieux, environnementaux, etc.)

Ils doivent au contraire être considérés pour ce qu’ils sont en réalité, c’est-à-dire des citoyens à part entière et souvent extraordinaires capables, au besoin, de se révéler aussi des auxiliaires et des partenaires de première utilité à ceux qui contribuent collectivement à l’évolution de la société dans tous les domaines

L’instinct de survie exige de tous et de chacun le rejet de cette bipolarisation stérile et à terme suicidaire. Il place également la Société Civile, grâce au privilège qui en fait le porte-parole incontournable de la très grande majorité silencieuse, au premier rang de ceux qui doivent exprimer, haut et fort, leur refus d’accepter plus longtemps cette situation qui paralyse et fragilise le pays.

Laisser les choses en l’état sonnerait obligatoirement, qu’à Dieu ne plaise, le glas pour notre pays.

Notre Devoir nous impose de refuser cette éventualité et de nous reporter tous sur la seule susceptible de nous arranger tous, celle du Compromis Historique accepté par tous !

V – LES GRANDES LIGNES DU COMPROMIS

L’objectif de cette longue analyse a été, beaucoup l’auront compris, de décrire en toute objectivité et presque sans fard, à la lumière certes de mes observations propres, mais sans dédaigner celles de nombreuses autres sensibilités d’horizons divers, le ressenti véritable, enfoui ou exhibé, de la situation générale du pays et l’atmosphère dangereusement néfaste qui s’y développe. Il n’a jamais été de chercher à charger injustement ou jeter l’anathème, pour quelque raison que ce soit, sur tel ou tel Groupe, Parti, Coordination, Majorité, Opposition Président de Parti ou de République, comme d’aucuns chercheront certainement à l’accréditer à défaut de pouvoir le démontrer.

Bien sûr, il n’est pas question de nier qu’à travers une telle analyse, il s’est agi de nous sensibiliser, individuellement et collectivement, sur deux thèmes majeurs, sans l’intériorisation et la pratique desquels notre existence en tant qu’Etat et en tant que Nation serait réellement menacée : Ce sont a) – LA RESPONSABILITE qui appelle la Vérité et la Clairvoyance et b) – LE DEVOIR qui suppose l’Abnégation et l’Humilité.

V – A –   RESPONSABILITE =   VERITE et CLAIRVOYANCE

Vu que rien de durable ne se construit sur le mensonge et le faux semblant et   que notre pays traverse l’une des phases les plus délicates de son histoire, il est vital, pour l’aider à survivre, de rompre d’avec les habitudes douteuses et mauvaises en revenant à la Vérité qui sera toujours le cœur, le moteur de la Responsabilité, qui est elle-même le champ d’application par excellence de la clairvoyance.

Montrer, avec le maximum de précautions, la part de responsabilité des acteurs politiques dans cette crise tous azimuts qui paralyse le pays et handicape sérieusement son évolution apaisée vers le Développent et la Démocratie, a semblé une priorité, un passage obligé, pour toute solution durable.

Aussi, appartient-il aux protagonistes, c’est-à-dire le Président de la République d’un côté et la Coordination de l’Opposition Démocratique de autre, de méditer profondément sur leur part de responsabilité dans ce qui arrive au pays :

Le Président de la République devrait comprendre, en ce qui le concerne, que la légitimité du suffrage des électeurs engage sa responsabilité morale, religieuse et politique à ne ménager aucun effort pour les aider à s’accomplir dans la paix, l’unité, la liberté, la fraternité et la solidarité et de comprendre qu’ils ne sont pas des mineurs incapables de discerner, de penser et d’apprécier.

L’heure étant à la gestion participative et concertée des affaires, le promu à la plus Haute Responsabilité de l’Etat devrait davantage jouer les rôles de modérateur, d’éducateur, de rassembleur, de Bon Père de famille qui sont de nos jours les meilleures recettes de la réussite.

Le Président de la République devrait s’investir aujourd’hui en faveur de l’acceptation de cette proposition de Compromis National ce qui viendrait enfin parachever une dynamique que de nombreux compatriotes soutiennent avec force.

La haute portée politique d’une telle décision de même que sa signification patriotique et pédagogique seraient à elles seules capables de tout faire rentrer dans l’ordre et cela d’autant plus vite que personne ne pourra le taxer de l’avoir prise sous quelque contrainte que ce soit.

S’ouvrir, rassembler et partager sont les véritables fonctions d’un Chef et c’est cela qu’attendent les Mauritaniens de leur Président.

La responsabilité de la Coordination de l’Opposition Démocratique quant à elle, est de s’exercer à incarner dans l’effectivité ce dont elle se réclame et de comprendre que la démocratie n’est pas qu’une image virtuelle, un slogan creux   mais une réalité bien concrète qui s’améliore à la pratique et qui contribue à grandir ceux qui y croient et en usent à bon escient.

Le moment est venu pour la COD de se ressaisir en acceptant d’aller au Compromis National, ce qui la réconciliera avec un pays et des compatriotes qui ont eu le sentiment, par moment, d’avoir été totalement oubliés par ceux qui sont censés en être les plus proches..

En conclusion, aller au devant de ces attentes légitimes de la Patrie et de la Collectivité nationale est une obligation morale pour tous ceux qui peuvent y contribuer de près ou de loin et espérons tous que le Président de la République et la COD ne se rateront pas une fois de plus.      

V – B – DEVOIR = ABNEGATION et HUMILITE

           Aussi, revient-il au Président de la République et aux Responsables de la C.O.D. de comprendre que le souci de conservation du Pouvoir, s’agissant du premier et celui d’y accéder, s’agissant des autres, ne justifient pas l’enferment dans une logique de rejet réciproque qui interdit tout contact utile pour le Pays et la Collectivité nationale. Ils doivent aussi accepter que la légitimité électorale du Président et la légitimité démocratique de l’Opposition ne sauraient elles aussi justifier les carences et les excès enregistrés de part et d’autre tant en ce qui concerne la gestion des affaires publiques que la manière de la dénoncer. S’ils ont enfin compris que l’important n’est pas le sentiment qu’ils pourraient réciproquement avoir de leurs propres actions et de celles des autres, mais que l’important ce sont plutôt les conséquences négatives, réelles et potentielles, résultant de ces attitudes, qu’ils acceptent alors de tourner le dos au passé et d’envisager utilement l’avenir du pays.

Il est aussi généralement admis que l’Engagement sincère, le Désintéressement, l’Humilité et le Sacrifice au bénéfice d’une Collectivité, d’un Pays ou d’une Cause font partie de ces Valeurs qui ne se démontrent que par les actes, l’expérience ayant démontré que persister à les évoquer dans les discours, loin de convaincre ou de rassurer, est la preuve qu’elles sont mortes et reléguées aux oubliettes, battues en brèche par la démagogie, l’amour du gain, l’égocentrisme et l‘esprit de supériorité qui sont le Mal du siècle.

C’est en nous fondant sur cette RESPONSABILITE et ce DEVOIR aussi IMPERATIFS l’une que l’autre pour tout acteur ou responsable politique, que nous faisons solennellement appel, au Nom de toute la Collectivité Nationale, d’une part à Monsieur le Président de la République et à sa Majorité et, d’autre part, aux Responsables de la COD à l’effet d’accepter de se retrouver aux côtés des Représentants des différents segments de la Société Civile et des Responsables de la Convention pour l’Alternance Pacifique, sans préjudice des personnalités ressources de consensus, en vue de construire, tous ensemble, un FRONT INTERIEUR suffisamment solide et crédible pour faire face aux dangers extérieurs qui menacent notre patrie et favorisent, sur le plan intérieur, l’instauration d’un climat de confiance, de sérénité et de respect mutuel, condition sine qua none de la participation garantie de tous aux prochaines élections qui consacreront définitivement la fin d’une ère et le début d’une autre.

VI – LE COMPROMIS (G.N.L.C.)

S’il a fallu s’appesantir assez longtemps sur la description et l’analyse critique de la situation du pays pour illustrer, sinon la Crise dans laquelle il se débat depuis 06/08/2008, du moins démontrer qu’il existe suffisamment d’ingrédients inflammables susceptibles d’en provoquer Une et de l’exacerber, le temps est maintenant venu de présenter dans son esprit, dans ses missions, dans sa structure et dans ses limites temporelles, le Gouvernement National de Large Consensus en tant qu’unique solution de sortie de la Crise pour ceux qui y croient ou de l’éviter pour ceux qui n’y croient pas.

VI – A- DANS QUEL ESPRIT COMPRENDRE LE G.N.L.C.

Plutôt que d’être considéré comme la consécration de la défaite ou de la victoire de quelque bord que ce soit, ce Gouvernement se veut être la deuxième manifestation historique de la volonté des Mauritaniens de dépasser leurs clivages et leurs divergences pour exprimer avec force leur volonté de vivre ensemble et de fonder un Etat démocratique et républicain, la première manifestation du genre ayant été celle qui a conduit à la décision de s’affranchir de la colonisation en 1960.

Comme en 1960 il avait fallu choisir entre la Liberté et la servitude, il s’agit aujourd’hui de choisir entre s’Unir pour créer un Front Intérieur Solide et être en capacité de déjouer toutes les manœuvres malveillantes, d’où qu’elles viennent, ou de rester divisés, inconscients des dangers réels qui menacent la Sécurité et l’Unité de notre pays.

C’est dire que la Responsabilité et le Devoir exigent du Président de la République d’entreprendre de rassembler et de mobiliser tous les compatriotes pour la défense de la Patrie en faisant de  l’Ouverture à l’Opposition et à la Société Civile une décision prioritaire, la légitimité ne pouvant se limiter au seul verdict des urnes.

C’est aussi au nom de cette Responsabilité et de ce Devoir envers la Patrie qu’il revient à la COD, en particulier, de répondre favorablement à cet appel, l’opposition à un Pouvoir ne pouvant justifier le sacrifice d’un pays, cette réponse valant reconnaissance de fait et de jure de la légitimité et donc de l’autorité du Chef de l’Etat.

Il va aussi sans dire que le patriotisme et l’esprit de sacrifice qui mèneront à cette Grande Décision d’intérêt national excluent a priori tout calcul d’intérêt particulariste, les notions de Responsabilité et de Devoir prévalant sur tout le reste.

Le G.N.L.C. ne devrait donc pas être considéré comme une nouvelle opportunité pour se partager (à parts égales ou proportionnelles calculées sur la base d’on ne sait quelles normes) un nouveau gâteau, mais plus simplement une œuvre collective d’intérêt général où l’utilité et l’efficacité des Organisations et des individus qui y prendront part, seront les seuls critères déterminants.

En conclusion, l’esprit du G.N.L.C. est d’offrir aux différents protagonistes la meilleure des occasions de se racheter de leurs erreurs ou omissions, en prenant toute la Nation à témoin, et de démontrer ainsi aux très nombreux compatriotes, jusqu’ici habités par le scepticisme, que notre élite politique est toujours capable de se ressaisir à temps et qu’elle sera tout à fait prête à participer, avec ce qu’il y a en elle de meilleur, à l’œuvre permanente de construction et de redressement du pays, en toute bonne foi et de manière tout à fait désintéressée. 

VI – B – LES MISSIONS DU G.N.L.C.

Puisque le G.N.L.C. n’est pas un Gouvernement de parade, d’ostentation, de faire valoir ou de défi, pas plus que la Mauritanie n’est un Gâteau   à partager, mais un pays que beaucoup d’autres envient pour ses richesses avérées et potentielles et pour sa position stratégique qui en fait tout à la fois un point de rencontre de l’Afrique Arabe Blanche et de l’Afrique Noire et une porte ouverte sur le Monde Occidental, il ne saurait incarner d’autre objectif que celui d’être un Gouvernement de Salut National, mû seulement par l’intérêt général du pays et ce faisant n’ayant de compte à rendre qu’à sa Conscience et au Pays qu’il est appelé temporairement à gouverner sous la Haute Autorité du Président de la République.

Un compromis étant le résultat de concessions réciproques, la logique voudrait que si la COD acceptait de participer à un Gouvernement consensuel qui exercerait son activité sous la supervision et le contrôle d’un Président dont elle ne contesterait dorénavant plus la légitimité, la concession attendue du Président serait qu’il admettrait qu’un tel Gouvernement serait différent de celui auquel il aurait succédé et qu’il jouirait, notamment, de plus d’autonomie et liberté d’action dans l’exécution du programme qui est le sien.

1 – Puisqu’il s’agirait d’un Gouvernement résultant d’une Unanimité Pour un Compromis National (U.P.C.N.) et non plus d’une Coalition Majoritaire de Partis Politiques (C.M.P.P.) il serait nécessaire et logique qu’il soit conduit par un Premier Ministre Consensuel et qu’il soit doté de larges compétences, qui en feraient un vrai Chef de Gouvernement.

2 – La colonne vertébrale du Programme du G.N.L.C. devrait être aussi, en toute logique, la mise en œuvre des résultats du Dialogue, notamment en tout ce qui concerne, de près ou de loin, les élections prochaines et leur calendrier, en rapport bien entendu avec la CENI.

Tout mettre en œuvre pour assurer la participation de tous à ces élections devrait être un objectif prioritaire, car ce serait de cela que dépendraient leur crédibilité et l’acceptation des résultats qui en sortiraient.

L’achèvement rapide des opérations d’enrôlement, la délivrance des pièces d’état civil (Cartes nationales d’identité) devrait être une préoccupation majeure pour le nouveau Gouvernement, sans préjudice de toutes autres améliorations consensuelles, utiles et de portée générale, comme, à titre d’exemple, le découpage électoral.

3 – Les missions plus générales du G.N.L.C. dans la fourchette de temps que durerait son action, devraient prioritairement concerner la réhabilitation de toutes les Administrations et particulièrement celles dont les services et les activités entrent dans les préoccupations quotidiennes des populations en termes de Justice, de règlements des conflits, de Sécurité, de Productivité, d’Education, et de Santé pour atténuer les souffrances, à défaut de les éradiquer toutes, et diminuer la pression des besoins les plus urgents que cette analyse a essayé de mettre en exergue.

Aussi, les Départements de la Justice, des Droits Humains, de l’Intérieur (Administration Territoriale, Sécurité) de l’Education nationale, de la Santé, du Développent Rural, de l’Hydraulique, du Commerce, de la Communication, de l’Economie et des Finances, de la Pêche, et des Mines, devraient-ils faire l’objet de la plus grande attention, eux et les démembrements qui en dépendent, les Affaires Étrangères et la Défense restant le domaine réservé du Président de la République.

VI – C– LA STRUCTURE DU G.N.L.C.

Comme cela a été déclaré, le Gouvernement National de Large Consensus devra concerner, en plus de la Majorité Présidentielle (M.P.), la Coordination de l’Opposition Démocratique (C.O.D.), la Société Civile (So. Ci.) et la Convention pour l’Alternance Pacifique(C.A.P.) sans préjudice de la mise à contribution de personnalités ressources consensuelles.

S’il est vital pour le pays et le consensus recherché que ces quatre Pôles soient effectivement associés à ce Gouvernement, il ne saurait être question ni d’une participation égalitaire, puisqu’il s’agit d’une Ouverture Volontaire et Provisoire d’un Pouvoir légitime à l’Opposition et à la Société Civile, pour contribuer ensemble à la réalisation d’un consensus capable de mener le pays, dans le calme, la paix, et en toute responsabilité, à l’organisation libre, transparente et inclusive des élections futures.

Il ne serait pas acceptable non plus, pour quelque Pôle que ce soit, d’être en position d’exiger un quota qualitatif ou quantitatif de ce Gouvernement qui se formerait, à l’instar de tous les Gouvernements du Monde, après consultations qui pourraient, à l’arrivée, assurer la participation de tout (ce qui est recherché) ou partie (ce qui serait regrettable) de l’ensemble des Pôles pressentis.

VI – D– DURÉE DE VIE DU G.N.L.C.

Comme cela a été évoqué plus d’une fois, la durée de vie prévue pour le G.N.L.C. serait celle qui nous séparerait des élections législatives et municipales à l’issue desquelles, normalement, tout devrait pouvoir rentrer dans l’ordre définitivement.

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

CONTRIBUTION A LA RECHERCHE D’UN COMPROMIS NATIONAL
 
 
I – INTRODUCTION
 
S’il reste entendu qu’il serait quasiment improbable d’amener la C.O.D. (Coordination de l’Opposition Démocratique) et le Président de la République  à une même  analyse critique de l’état dans lequel se trouve actuellement la République Islamique de Mauritanie, il serait a contrario surprenant de ne pas accepter de reconnaître, de part et d’autre, que depuis le coup d’état du 06/08/2008 le pays vit un malaise et une anormalité politique sur lesquels il convient de s’attarder  pour,  d’abord, en expliquer sommairement les causes avant d’essayer, ensuite, de trouver les  voies et les moyens susceptibles d’aider à les surmonter, tous ensemble.
Une telle approche suppose qu’il faille  bannir  de  l’esprit  toute idée  de défi pouvant déboucher sur des notions de vainqueur ou de vaincu, la  victoire restant du seul privilège  de la Patrie qu’il faut mettre à l’abri de tout danger susceptible de ralentir sa marche vers la démocratie et le progrès ou de porter atteinte à sa sécurité, à son unité et à son intégrité territoriale.
La voie la plus sûre pour réussir ce défi est de parvenir à assurer rapidement le fonctionnement régulier des Institutions de l’Etat à la faveur d’un environnement politique et démocratique apaisé et normalisé qu’il faut tout de suite créer, ce qui implique la prise en compte immédiate des préoccupations réelles du citoyen en terme de Justice, de Liberté,  de Sécurité, d’Egalité de chance, de respect de la Dignité du citoyen, de droit à la Différence, de  Répartition équitable des richesses nationales,  de droit à l’Education, à la Santé, au Travail,   au Logement, etc.
Certes tout ceci est plus facile à dire qu’à faire, surtout que  le faire passe par une investiture politique qui s’acquiert par des élections inclusives, libres et transparentes qui ne pourraient répondre à ces critères que si elles se déroulaient dans un climat politique détendu et apaisé où tout deviendrait possible, y compris l’acceptation des résultats électoraux quels qu’ils soient.
         Puisqu’il n’est jamais tard pour bien faire, Il est temps pour les acteurs politiques (Majorité et Opposition)  et ceux de la Société Civile que nous sommes, les uns et les autres, d’accepter de nous détacher, tant soit peu, tantôt de  nos positions partisanes traditionnelles  et tantôt de notre désintéressement de la chose publique,  pour penser  à plus important et plus impersonnel et qui, en d’autres termes, n’est autre que l’intérêt général ou national, plus menacé aujourd’hui que jamais et qui requiert de nous tous une remise en cause de notre ego  souvent victime de nos certitudes et de nos illusions.
C’est pourquoi nous n’avons pas d’autre choix que de privilégier d’abord la sauvegarde de l’existence du pays en tant qu’Etat-nation parce que c’est dans cet   espace là et avec cet esprit là que porteront  et s’exprimeront  temporellement  nos actions et nos ambitions.
Pour sauver la patrie en danger, nous sommes tenus d’accepter, en tant qu’acteurs politiques, que quelque soit la profondeur de nos divergences ou inimitiés, celles-ci ne sauraient justifier notre refus de mettre en commun  nos efforts.
Ainsi va-t-il de notre Devoir patriotique, politique, moral et religieux car tout autre comportement contraire serait incompréhensible et impardonnable pour  et par les populations assaillies de toutes parts par une multitude de problèmes.
Prétendre ou considérer que le pays ne vit pas une situation de malaise grandissant ou même de crise qui exige, de toute urgence, un traitement de choc particulier, c’est en fait privilégier la voie de la confusion et de l’aventure, toutes choses dont il convient de s’écarter parce qu’elles éloignent du Bien et rapprochent du chaos, compte tenu de réalités structurelles et conjoncturelles qu’il devient de plus en plus incompréhensible et indécent de se cacher. 
 
II –  DES REALITES STRUCTURELLES AMERES…
 
            L’archaïsme des structures traditionnelles, la complexité et la fluidité des valeurs et des repères qui les fondent, les inégalités, les injustices criantes, les abus, les discriminations et l’exclusion quasi systémique de pans entiers de la société, l’ignorance, le chômage, la pauvreté et la maladie endémiques,  sont autant de tristes réalités qui fragilisent la société nationale et retardent pour autant  la  formation de la République sans laquelle il serait vain de croire possible la construction d’un Etat de droit, seul apte en définitive à envisager, dans la sérénité, la solution de tous ces problèmes jour après jour plus aigus.
         En effet, seul un Etat fort, (présidentiel, semi-présidentiel  ou parlementaire ) tirant ses prérogatives d’une Loi Fondamentale Fondatrice  prenant  intégralement en charge les attentes  prioritaires des citoyens en termes de Liberté, d’Egalité, de Justice sociale, de Dignité, de bien-être, de droit à l’éducation, au travail, aux soins et  au logement et ce, dans  le strict respect et la reconnaissance absolue de leur droit à la différence qu’implique leur spécificité raciale, ethnique, linguistique et culturelle,  est à même d’assurer  durablement l’unité, la cohésion sociale et  la paix civile qui sont les seules véritables garanties de la l’alternance pacifique du pouvoir..
Pour mener à bien ces politiques, un tel Etat doit nécessairement  pouvoir compter sur l’impartialité à toute épreuve  de son Administration, mais également sur celle d’un  Pouvoir Judiciaire, tout à fait indépendant du Pouvoir Exécutif.
La fiabilité des Etats se mesure  en  général à la qualité des services de cet Auxiliaire irremplaçable du Pouvoir Exécutif  et à la fiabilité de  l’Institution sacrée qu’est la Justice. L’Etat  qui se distingue par la  qualité des services de son Administration et de sa Justice a toutefois besoin, pour s’inscrire de manière irréversible dans le concert des Etats modernes, de s’attacher  à la  prise en compte et à la mise en pratique des Valeurs démocratiques  et des Principe de la séparation des pouvoirs, des libertés d’expression et d’organisation,  du pluralisme, de l’alternance pacifique, qui nécessite, elle, des élections libres, fiables et transparentes. Il faut en plus que les Gouvernants de cet Etat se soucient en permanence  de rassembler,  en veillant  au respect et à la sauvegarde des grands équilibres culturels, économiques et sociaux qui déterminent,  pour l’essentiel, la volonté de  communautés et de populations différentes de  vivre ensemble et de forger une Nation. 
         Bien construire un Etat passe donc obligatoirement par la professionnalisation de l’Administration Publique par sa mise à l’abri d’une   très grande et très voyante  implication politique, parce qu’elle est l’incarnation de l’Etat,  de sa  respectabilité et de sa pérennité et qu’elle doit pour ces raisons être impartiale et au service égal de tous, tout comme la Justice qui devrait être juste,  indépendante,  diligente  et pour tous.
         Très honnêtement, l’on ne peut malheureusement que constater avec amertume que l’un des handicaps structurels majeurs du pays est la conception erronée qu’ont de l’Administration les dirigeants successifs, qui la considèrent comme étant leur « Chose » plutôt que la « Chose Publique » et l’élément moteur du progrès, du civisme, du patriotisme et du développement.     .         
L’ADMINISTRATION,  aujourd’hui, qu’elle  soit très spécialisée  comme la Santé   ou très professionnelle comme l’Intérieur et les Affaire Etrangère est quasiment déstructurée, vidée  de sa substance puisque pratiquement dirigée   par des agents  qui sont souvent sans expérience,  sans qualification,   parfois même  étrangers au secteur  et qui, en plus, n’y assument aucune responsabilité réelle.
 Les Chefs des Départements ministériels,   eux-mêmes,   ne semblent  pas en mesure  de prendre des initiatives  dans le sens de  s’assumer entièrement en se consacrant davantage à l’amélioration de la qualité des services rendus aux administrés,   qui ont le sentiment d’être des laissés pour compte.  
Les Administrations dites Décentralisées (Communauté Urbaine de Nouakchott et toutes les autres Communes urbaines et rurales) sont arbitrairement dépossédées de leur rôle au profit des Autorités de tutelle, souvent avec  des résultats très en deçà de la moyenne comme l’atteste l’insoluble cas des ordures et des odeurs pestilentielles qui asphyxient  la Capitale.
Responsabiliser au maximum le Gouvernement et laisser  les Communes jouer leur rôle et assumer leur responsabilité citoyenne aurait davantage ancré la notion d’Etat républicain dans les esprits et allégé d’autant la pression énorme   qui s’exerce de plus en plus fortement sur la Présidence de la république, qui canalise présentement les mécontentements et les innombrables  marches et rassemblements revendicatifs  qui y auraient rendu la vie impossible, n’eût été l’exigüité de l’espace disponible.  
LA JUSTICE, quant à elle,  gagnerait à se démocratiser plus pour intégrer davantage les professionnels de toutes les composantes nationales, s’affranchir mieux du Pouvoir exécutif, assumer en premier sa mission sacrée de protection des faibles et des exclus, souvent victimes de toutes les injustices, au lieu de demeurer  un instrument au service  des puissants et des riches.
Elle trouverait également crédibilité et efficacité  à s’investir à  améliorer  le régime des détentions préventives, des condamnés, des établissements carcéraux, des libertés provisoires et conditionnelles, des exécutions et des sursis à exécution des jugements des tribunaux, le tout en rétablissant la considération et la confiance perdues avec l’Ordre National des Avocats avec lequel toute forme de collaboration et de coordination semble actuellement rompue, alors qu’il est censé compléter harmonieusement cette Noble Institution par l’Assistance   juridique et judiciaire qui est sa spécialité.
Les deux wagons moteurs  de la BONNE GOUVERNANCE, en même temps qu’ils soient un indicateur probant du degré atteint dans la SEPARATION DES POUVOIRS, n’étant pas actuellement au mieux de leurs performances,  la levée de ces deux handicaps structurels reste  un objectif  qui sera atteint d’autant plus vite que le futur Président de la République serait disposé à renoncer à certaines de ses prérogatives constitutionnelles et plus enclin aux notions d’ouverture et de partage.
         Dans le cadre de la consolidation de l’UNITE NATIONALE,  les problèmes récurrents de l’esclavage et ceux en rapport avec la diversité raciale et culturelle du pays, véritables baromètre de l’Unité Nationale, malgré les considérables avancées obtenues en matière constitutionnelle restent en attente d’actes et de mesures d’accompagnement plus convaincants, car plus concrets  dans certains cas ou plus dissuasifs dans d’autres. 
         Si en ce qui concerne les Communautés nationales Pulaar, Soninké et Wolof les revendications récurrentes portent  sur le partage des pouvoirs  politique et économique d’une part et la reconnaissance de leur droit à la différence culturelle et linguistique d’autre part, celles des  Haratines  restent essentiellement la consécration définitive et irréversible de leur droit à la liberté et à l’épanouissement qui sont la condition sine qua none de leur accès à un traitement citoyen, c’est-à-dire égal et non discriminatoire.
         C’est de tout cela que les participants au Dialogue ont voulu tenir compte et il n’aura certainement pas  échappé  à l’opinion l’opportunité d’interdire expressément  l’esclavage et la torture dans la Constitution, d’y affirmer le droit à la différence et  la reconnaissance explicite de la Langue Arabe en tant que Langue officielle et de travail du pays, sans préjudice du développement des autres langues nationale Pulaar, Soninké et Wolof.
         Des décisions et recommandations claires ont été prises dans le cadre du Dialogue et  attendent d’être mises en œuvre :
      Création d’une Agence Nationale d’Eradication de l’Esclavage, multiplier les condamnations judiciaires de la pratique de l’esclavage, engager des actes volontaristes de ségrégation positive en matière économique, sociale et éducationnelle notamment
      Mise sur pieds d’une Commission nationale d’Apurement du Passif Humanitaire civil et militaire,  retour, insertion des réfugiés, indemnisation des veuves, des orphelins et des ayants droit, réintégration et rétablissement des droits des fonctionnaires et employés des établissements publics victimes des évènements de 1989, introduction des langues nationales Pular,  Soninké et Wolof dans  l’enseignement scolaire et réhabilitation de l’ I.L.N.,
       Il va sans dire que toutes ces mesures seront sans préjudice d’une juste réparation en faveur des nationaux rapatriés du Sénégal et sur les mesures appropriées à prendre pour permettre à la langue Arabe de jouer pleinement et progressivement son rôle de langue officielle de travail et d’administration.
 La criminalisation des changements anticonstitutionnels et leur imprescriptibilité,  a aussi été un résultat substantiel du Dialogue, même si l’Armée, Politiquement, devient elle-même un problème de plus à gérer à cause de sa difficile acceptation de se voir définitivement écartée d’un pouvoir politique qu’elle a exercé sans partage durant  une période aussi longue et où sa gestion du pays a été, sur tous les plans, la pire des catastrophes.
Même si ce qui se passe ailleurs  montre clairement  à qui veut bien voir qu’elle n’est plus seule maîtresse à bord, avec l’avènement des révolutions populaires, elle continue malgré tout de s’accrocher à la vie politique, au risque de perdre sa vocation, à la grande satisfaction  des ennemis de tous bords.
Aussi doit-elle comprendre que la sécurité et l’intégrité du pays seront fonction de la sincérité de son désengagement de l’action politique.
         D’autres mesures importantes ont été adoptées relativement au Renforcement de la Démocratie,  à la Clarification du Jeu Politique, à la création de la C.E.N.I., au Code Electoral, s’agissant de l’élargissement  de la proportionnelle, de l’interdiction de la transhumance politique, des candidatures indépendantes aux législatives et aux communales, au genre où les femmes bénéficient désormais et de la parité et d’une liste nationale spécifique. Toutes ces décisions ont été des revendications récurrentes de l’Opposition et ont été satisfaites par les Assises du Dialogue qui ont été aussi une preuve très forte  de la sincérité du Président  de construire  une nouvelle république respectueuse du droit et des libertés, de la différence et de l’égalité de tous  les citoyens.
Les résultats n’ont pas été aussi convaincants s’agissant de la réglementation   de l’utilisation  des MEDIAS PUBLICS, de même qu’il faut regretter la persistance du  retard  enregistré dans la  mise en œuvre   pratique de ce qui a été conclu.
A ces deux remarques, il faut ajouter une autre, aussi incompréhensible que regrettable, qui consiste à déplorer l’absence de toute autorisation d’exploitation d’un média privé (Radio ou Télévision)  s’exprimant en l’une au moins de nos autres langues nationales Pular, Soninké ou Wolof, à défaut d’un média pour chacune, le rôle de la puissance publique consistant essentiellement à ne jamais perdre de vue cette notion de maintien des grands équilibres.
Plus globalement  le Dialogue  s’est aussi intéressé (bien que son principal objectif était d’aboutir à des compromis politiques  dans les domaines évoqués ci-dessus) aux  problèmes récurrents liés à la pauvreté, à la précarité et  au mal-être  en général qui constituent la préoccupation de l’écrasante majorité des citoyens, qu’interpellent au quotidien les problèmes permanents d’accès à l’eau potable, à l’éducation, à la Santé, à l’emploi,  à la sécurité sociale, à la Culture, aux  Arts, aux loisirs et aux Sports  qui illustrent la réalité de cet autre  handicap structurel à géométrie variable. 
Les déséquilibres, pourtant nombreux, et les impatientes attentes des nombreuses populations laborieuses en matière de réforme véritable de la propriété foncière agricole ne semblent toujours pas bénéficier de l’attention des Autorités en charge de les résoudre.
Cette  réforme est censée, d’une part, garantir à chaque cultivateur  le  droit de devenir propriétaire d’un lopin de  terre, d’obtenir les moyens de le mettre en valeur et, d’autre part, de faire comprendre enfin que les politiques d’accaparement, de discrimination, d’exclusion, de népotisme, de tribalisme, de clientélisme doivent céder le pas à des comportements plus rationnels et plus  équitables parce que plus inclusifs.  
Il s’agit, entre autres,  de la redistribution et de la répartition  des produits des ressources minières et halieutiques du pays, et de favoriser l’émergence d’une classe moyenne dans toutes les régions, mais particulièrement au sein  des communautés nationales jusqu’ici marginalisées ou  simplement exclues.
Sans un engagement fort et volontariste des Pouvoirs Publics,  pour  apporter des solutions satisfaisantes  à ces problèmes, tous très pressants, il sera très difficile de contenir des mécontentements qui s’expriment toujours plus fortement pour dénoncer de grandes inégalités et disparités qui deviennent insupportables. 
C’est pour les rappeler à leurs obligations en ce domaine que des recommandations pertinentes ont été avancées et retenues  dans le cadre du Dialogue, mais ces recommandations n’ont  connu aucun  début d’exécution, plusieurs mois après.
  Il s’agissait notamment :
      de créer un Fonds de Cohésion Sociale en faveur de populations et de  zones pauvres
      d’élaborer des politiques équitables d’Aménagement du territoire,
      d’élaborer des mécanismes de préservation de la cellule familiale,
      d’encourager l’emploi des diplômés chômeurs,
      d’initier la formation professionnelle en direction des agriculteurs et des éleveurs,
      de renforcer  l’Etat de droit par l’introduction de la discrimination positive dans les domaines de la Justice, de l’Armée, de la Garde Nationale, des Missions diplomatiques, des Finances et de l’Economie, de la Sécurité et de l’Administration Territoriale.
      de  restaurer le rôle moteur de l’Ecole dans l’ancrage des valeurs morales et citoyennes, de liberté, de dignité, de promotion sociale et de solidarité
      de définir une stratégie de lutte contre le terrorisme qui intègre l’adhésion consciente  des populations ;
      de lutter contre la corruption, qui progresse au lieu de régresser
Trouver des solutions justes et rapides à ces amères réalités structurelles  devrait constituer le souci majeur et permanent   des Gouvernants et c’est à travers les résultats obtenus qu’ils devraient être jugés sans passion, la tâche n’étant pas facile parce qu’il s’agirait de corriger des habitudes et des dysfonctionnements bicentenaires.
Je reconnais personnellement  au Président Mohamed OULD ABDEL AZIZ d’avoir eu suffisamment de courage pour oser bousculer certaines mauvaises habitudes ancrées, mais je considère  qu’il n’a pas été en mesure de corriger les dysfonctionnements de l’Administration, lesquels se sont aggravés parfois. 
Les Résultats du Dialogue participent  pour une part importante  dans cette  évaluation positive et partielle de son action, surtout que n’eût-été le Dialogue qu’il avait  initié, la situation serait aujourd’hui encore plus grave et la crise plus profonde.
Le souci d’objectivité m’oblige également à reconnaître que le Président de la république  n’a pas eu partout   la main malheureuse.
C’est ainsi que des moyens substantiels ont été investis dans Nouakchott, dans presque toutes les capitales régionales et même dans certains chefs-lieux de Moughataa (Tintane) en vue de leur modernisation et de leur urbanisation (amélioration du système des voiries, revêtement des rues et éradication des «gazras»  occupations illégales.)   
Des efforts semblables ont été déployés en faveur du  réseau routier pour lutter contre l’enclavement, de  l’électrification au milieu rural, du   Programme Emel 2012 et de nombreux autres chantiers dont des interventions ponctuelles favorables au monde rural comme la fourniture de l’eau potable (sondages) la construction de diguettes, de même que la mise à disposition de  grillage et de fils barbelés pour la protection des cultures. 
         Le revers de la médaille est que là où la réussite n’a pas été au rendez-vous, les réalités structurelles se transforment en  cauchemars conjoncturels susceptibles à tout moment, surtout en cas d’exploitation malveillante et irresponsable, de  devenir autant de foyers de tensions porteurs de tous les dangers.   
 
III–   UNE CONJONCTURE TROUBLE…
 
Il n’est pas exagéré de considérer que la conjoncture que nous vivons depuis quelque temps est l’une  des plus troublées, eu égard à la surchauffe dans la région créée par les révolutions arabes de Tunisie et de Libye proches, de la grogne sociale intérieure due aux conditions de vie  d’une population qui ploie de plus en plus sous les pressants assauts du besoin, au point d’en perdre, parfois, et la raison et la foi.
Cela devient d’autant plus choquant et plus grave que le pays recèle des richesses minières et halieutiques considérables qui exacerbent encore plus   un mal-être qui ne trouve plus à s’exprimer que par la violence.
Mais  un malheur arrivant rarement seul,   le terrorisme a trouvé à s’incruster dans cet environnement explosif, faisant de la Sécurité en Mauritanie, avec  la situation qu’il a créée au Mali,  un problème de survie.  
 
III – A – REVOLUTION et  GROGNE SOCIALE
 
Le printemps arabe et le souffle révolutionnaire qu’il véhicule est venu miraculeusement matérialiser, grâce à l’attrait irrésistible qu’il exerce sur  les foules opprimées et  laissées pour compte, qui espéraient y trouver la fin de leur calvaire, une énorme  cerise sur le gâteau gargantuesque formé à partir de leurs nombreuses revendications pressantes, des situations calamiteuses que créent parfois Dame Nature (la sécheresse) et parfois  des intrusions d’hommes étrangers au pays et donc  souvent ennemis du Pouvoir établi.
         Pourrait-on nier, en effet,  que la montée des prix, le chômage endémique, la faiblesse des salaires,  l’inflation galopante, le marasme économique et tout ce qui s’y attache comme exclusion du grand ensemble et discrimination, le sentiment généralisé d’injustice et d’absence de droit, l’élargissement de la pauvreté sont autant de raisons irréfutables qui justifient et alimentent la grogne sociale qui a tendance à  s’exprimer de plus en plus violemment ?
C’est cela qu’ont voulu exprimer et continueront à exprimer toujours plus bruyamment et violemment les nombreux foyers de tensions entretenus à l’Université, à l’ISERI, au niveau des ouvriers journaliers de la SNIM à Zouerate,  des employés de MCM à Akjoujt et des Centrales syndicales !
Peut-on raisonnablement s’empêcher de faire le rapprochement entre cette grogne sociale et les velléités révolutionnaires  d’importation   du printemps arabe, brandies  à l’envi par une jeunesse désœuvrée, marginalisée, exploitée et  exclue que des conseils malveillants n’ont pas hésité à manipuler en jouant sur les fibres hypersensibles  de la race et de la condition sociale ?
C’est par miracle que de  telles tentatives n’ont pas dégénéré  en dépit de l’activisme  des militants de «Touche pas à ma nationalité »  et de l’IRA, soucieux de marquer leur impatience, même au prix d’une guerre civile ou du chaos, excédés par   une opération d’enrôlement très titilleuse à ses  débuts et par une lenteur excessive quant au règlement définitif du passif humanitaire et des autres problèmes pendants hérités des évènements douloureux de 1989 d’une part, tandis que   d’autre part, le mauvais traitement par l’Administration et la Justice de toutes les affaires en rapport  avec l’esclavage qui  leur sont soumises caractérise l’orientation négationniste de ce phénomène, ce qui est à la fois injuste et insultant.
Mais, plus grave encore que l’activisme des militants de tous bords, c’est la désinvolture de l’Etat, voire sa complicité, face à  l’exacerbation  des tensions fondées sur la race et/ou la condition sociale  comme le prouve sa lenteur à résoudre définitivement   celles qui naissent à propos du retour des réfugiés (Négro-africains) et leur juste revendication  de rentrer dans leurs droits, tous leurs droits, donc de récupérer leurs terres et  leurs villages sur et dans lesquels ont été installés, depuis des décennies, d’autres propriétaires et habitants, souvent Haratines
  A défaut de trouver des solutions immédiates et appropriées à tous ces problèmes, les Autorités de l’Etat devraient pour le moins prendre conscience de leur gravité et de leur dangerosité  et parer au plus pressé en demandant aux partenaires sociaux d’engager sans délai le  dialogue social et entreprendre elles-mêmes de calmer le jeu en exigeant des Administrations territoriales déconcentrées (Chefs d’Arrondissements, Préfets et Gouverneurs) de s’engager davantage dans la prévention des conflits domestiques en protégeant, plus qu’elles ne le font actuellement, les opprimés, les faibles et les exclus..
III – B –   GESTION ECONOMIQUE
 
Le volet économique et monétaire est certainement l’un des dossiers  qui suscitent le plus de commentaires  unanimement convergents. Il est ancré dans l’opinion générale que l’objectif prioritaire de tous ceux qui arrivent au pouvoir est de s’assurer du contrôle économique, celui-ci  étant l’argument le plus convaincant pour s’assurer le contrôle et la maîtrise de toutes les situations dans une société    la consommation prend jour après jour plus de place. En avoir le monopole ou la maitrise a toujours été assimilé par ceux qui le détiennent au sentiment d’invulnérabilité chez le guerrier ce qui ne serait pas sans susciter de vives inquiétudes, voire semer l’effroi chez ses adversaires, même si cela n’est pas    forcément déterminant dans  la  victoire ou la défaite.    
IL n’a pas échappé à l’opinion, (très regardante à l’occasion de chaque changement politique, surtout en ce qui concerne la gestion économique)   l’attention très particulière  accordée  par le Chef de l’Etat à la gestion  de la SNIM, de MCM, de TASIASET et du secteur de la PECHE, pour ne citer que ces activités.
Compte tenu des mystères d’ombre et de silence qui entourent leur gestion cela a généralement été bien accueilli,  vu que ces secteurs  constituent en fait les seules véritables richesses du pays  qu’il appartient à chaque Président de gérer en bon père de famille pour  les protéger d’abord et pour ensuite   assurer  leur juste redistribution et leur équitable répartition.
Toutefois, les retombées économiques de l’industrie extractive pour le pays  et leur impact sur les populations environnantes restent très en deçà des grands espoirs suscités par ces grandes industries, surtout depuis l’installation de  TASIASET.
L’on s’étonne  en effet que malgré  ce contrôle très exceptionnel et très rapproché, de ce paradoxe qui continue à faire de la Mauritanie  de 2012,   exagérément riche, nous dit-on, de sa pêche et de ses ressources minières (or, fer, cuivre), un pays encore pauvre,  où le citoyen ne voit toujours pas cette richesse réelle ou supposée se concrétiser  ni sur sa feuille de paie, ni dans sa marmite, ni sur son confort moral et matériel, ni sur les équipements de base du pays.  
Le Secteur Economique est certainement le domaine où la discrimination, les règlements de comptes, le monopole  et l’exclusion sont monnaie courante  au grand préjudice du développement économique et social du pays, de la répartition équilibrée des avantages et de la redistribution équitable des ressources.
La Collectivité Nationale qui est en droit de se demander à qui profitent réellement toutes ces richesses et la grande opacité  qui entoure leur gestion, exige véritablement plus de clarté car elle  se renforce de plus en plus dans la conviction qu’on la tue exprès économiquement. 
Elle a enfin le droit d’espérer que cela cesse au plus vite.
La  sagesse populaire   enseigne  en tout cas que la faim est le pire ennemi de la foi.
Cette foi en ALLAH, en le Pays et en les Dirigeants du pays, nous sommes   interpellés et conviés  à aider,  tous ensemble, notre Société  à la garder au lieu de la forcer, chacun de nous à sa manière, à la  perdre.
 
III – C–   LES PROBLEMES DE SOCIETE
 
Le malaise généralisé que ressent  la population victime des abus et des dysfonctionnements récurrents de l’Administration,   les nombreuses injustices qu’ils engendrent, le  sentiment unanime de frustration et d’exclusion, surtout sur le plan de la gestion économique, induisent fatalement une atmosphère de grande gêne et de désarroi profond, qui joints à un sentiment de peur latente qui est en train de prendre possession de tout le monde,  donnent forcément une société complexe,   instable et au bord du désespoir. 
Peut-on  mieux illustrer  cette atmosphère   que par le constat de la recrudescence de cette forme nouvelle  d’expression qu’est le suicide, cet acte  à la fois  tragique et ultime, qui en même temps qu’il est symptomatique de la perte des repères, est aussi caractéristique de la pression du besoin, devenue  insupportable, au point d’ébranler la foi ?
Il faut, pour lui trouver une explication acceptable, reconnaître qu’il est la conséquence directe des changements profonds et irréversibles qui s’opèrent sous nos yeux et qui font qu’on est loin aujourd’hui de cette population naguère fataliste,  indifférente, attentiste et silencieuse  qui a  toujours fait le bonheur de nos Dirigeants, lesquels ont  souvent eu tendance à oublier les circonstances  qui les ont amenés au Pouvoir au point de se prendre, une fois qu’ils y sont, pour des génies,  voire des   divinités maîtrisant et contrôlant tout, sans se préoccuper des conséquences que cela pourrait engendrer.
Cet acte tragiquement violent, naguère perçu dans notre société fondamentalement musulmane comme ce qu’il ne faut justement jamais accomplir, entre aujourd’hui, malheureusement,  petit à petit, dans les habitudes au point de se banaliser.
Les circonstances qui peuvent pousser à la commission de ce geste fatal sont nombreuses mais sont, en général,  ou psychologiques ou matérielles, ces deux hypothèses trouvant chez nous un terreau largement favorable eu égard à la complexité de la situation que nous vivons.
 
III – C – 1 –  CAUSES PSYCHIQUES DU DESESPOIR,
 
  Les causes psychologiques qui peuvent entraîner ce type de mort  sont  un fort sentiment de mal être dans notre milieu et dans notre peau, de  n’être rien et de ne rien représenter dans la mesure où l’on n’est d’aucun intérêt pour personne, quelque soient nos difficultés,  nos problèmes, les injustices et les abus que nous subissons, les malheurs qui nous frappent, surtout quand ils sont à répétition.
Tous ces sentiments, bien que très pénibles, restent psychologiquement gérables quand ils sont la conséquence de nos rapports avec les autres, individus proches ou lointains, mais ils se transforment en violente agression impossible à supporter quand ils sont suscités par l’action ou la non action de la Puissance Publique.
Or il n’est un secret pour personne que les injustices et les inégalités raciales, ethniques, régionales, tribales,  familiales, sociales, économiques et culturelles sont grandes entre les différentes communautés nationales et même à l’intérieur de chacune d’elles prise séparément.
En l’absence d’une Administration impartiale et d’une Justice souveraine et juste pour veiller aux équilibres par le redressement des torts, les sentiments de frustration, d’abandon et  d’impuissance se rejoignant, l’irréparable est vite arrivé.
L’indifférence coupable, le favoritisme, les  injustices, les pratiques discriminatoires et  l’exclusion sont les différentes facettes de l’offre permanente à la portée des centaines de milliers de victimes de l’esclavage et de ses séquelles, des tout aussi nombreuses victimes négro-africaines des traitements discriminatoires passés et actuels,  des nombreux diplômés chômeurs, d’une Jeunesse très nombreuse impatiente, désœuvrée et laissée pour compte, des très nombreuses victimes intra et extra muros  d’abus et de spoliations diverses.
Sous tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance, ce sentiment généralisé de mal être  et d’abandon a  certes toujours été le sujet de prédilection qui alimente le  plus souvent les veillées des Mauritaniens, mais il n’a jamais  été aussi réel et aussi fatal que maintenant. 
Il n’est pas meilleure illustration du mal être général des mauritaniens que le misérabilisme de l’enseignement vidé   de tout contenu utile pour le pays.  
La société  a de plus en plus tendance à  considérer l’éducation comme une perte de temps, l’accès au travail rémunéré et aux promotions éclair n’en faisant plus un passage obligé. En tout état de cause l’enseignement produit d’innombrables diplômés  qui chôment alors que la fonction publique est truffée de non diplômés, à moins que cela ne soit simplement la conséquence de l’inadaptation des programmes nationaux d’enseignement aux besoins du pays.
Les nombreuses et infructueuses réformes entreprises jusqu’ici semblent faire la part belle à  l’incohérence, à l’amateurisme et à l’improvisation qui contribuent ensemble au recul du pays dans ce domaine vital.
Les rares dividendes qui peuvent encore en être tirés vont au profit d’une classe qui se rétrécit  de plus en plus,  les nantis seuls pouvant encore supporter les coûts  chaque jour plus exorbitants de l’enseignement privé. 
Le secteur de la Santé n’est guère mieux loti car, outre les dysfonctionnements qui le caractérisent, (l’insuffisance notoire des infrastructures dont il dispose et leur inadaptation à ses besoins grandissants,  la cherté de ses services publics et privés, la cherté des médicaments,  l’absence totale de contrôle de leur qualité et de leur provenance) il exerce dans un environnement très défavorable où  la précarité de l’habitat,  l’accès limité à l’eau potable, les bas salaires, l’exposition avérée de la main d’œuvre aux risques nombreux du travail et l’absence presque totale de toute couverture sanitaire, ce qui multiplie  d’autant ses sollicitations et  fait  de la Mauritanie un pays où la  santé est des plus aléatoires et des plus coûteuses pour des revenus moyens classés parmi les plus bas.
 
III – C – 2   CAUSES MATERIELLES DU DESESPOIR
  Les pressions matérielles, parce qu’elles ne bénéficient pas de l’avantage des choses enfouies qui se ruminent et se digèrent dans l’intimité du secret le plus profond sont beaucoup plus brutales, dans cette société de plus en plus matérialiste et consommatrice.  
Y exposer à nu aux regards et aux commentaires   les tragiques et cruelles   affres de la pauvreté, de la précarité, des manques et des besoins quasi endémiques, dans une société où l’individualisme progresse, est devenu un facteur déterminant de déstabilisation individuelle et collective, pouvant conduire à tous les extrêmes, surtout en une période particulièrement difficile  où la crainte du pire a traumatisé tous les esprits.
En effet, le marasme économique, l’inertie de l’Etat, le mauvais hivernage passé et ses fâcheuses conséquences sur les petits éleveurs,  leur  cheptel et les paysans pauvres, la montée de plus en plus insupportable des prix des denrées et produits de première nécessité dont le carburant bien sûr, la faiblesse de la monnaie, la modicité des revenus des ménages, l’élargissement du cercle de la pauvreté (les familles qui ne s’alimentent qu’à peine une fois par jour dans Nouakchott sont innombrables) ont été et sont encore, pour l’essentiel,  autant de raisons objectives de perdre patience … ou même parfois… la raison.
Ceci devient encore plus vrai et plus tragique quand l’origine et la résultante de tout cela est, d’une part, la mauvaise gouvernance inhérente à l’absence d’écoute, d’ouverture et de partage et, d’autre part,  la faible manifestation de la solidarité nationale qu’impactent la multiplicité des charges et l’insuffisance  des moyens.
Mais les pressions psychologiques et matérielles n’engendrent pas que des volontaires pour l’acte fatal.
Elles donnent aussi lieu à l’émergence d’une autre forme de protestation non moins violente que le suicide, bien qu’elle soit l’expression de son rejet absolu, puisqu’elle propose de choisir de vivre mais au risque, cette fois, de se mettre en marge de la société, enfermé  dans le ghetto de la criminalité en tous genres :
En effet, délinquance, dépravation des mœurs, banditisme, vol à main armée, trafic de drogue, viols,  assassinats et  terrorisme  connaissent  des records jamais égalés dans notre pays et atteignent tous les segments (filles et garçons)  d’une jeunesse nationale désœuvrée, oubliée et pressée de démontrer qu’elle existe et qu’elle est capable de s’exprimer à l’intérieur de nos frontières et même de s’exporter.
Ce sont là autant de signes qui auraient dû être  compris et interprétés comme autant de preuves  qui ne trompent guère sur les  conditions de vie particulièrement difficiles du pays et sur leur capacité de  porter atteinte à sa stabilité.
 
III – D–  INSTABILITE ET INSECURITE
 
Perçue naguère, tantôt comme «un jeu de la mort» ou au «chat et à la souris» entre le Pouvoir et les cellules intégristes de AQMI, lesquelles, par goût du spectaculaire et du défi  n’ont eu de cesse de démontrer aux différents Pouvoirs dans la sous-région  que  leur capacité de nuisance restait grande et terrible et, tantôt comme «un jeu politique à se faire peur» (la situation interne et le Printemps arabe aidant)  qu’apprécie et pratique opportunément la C.O.D. dans l’espoir de  déstabiliser le Pouvoir en place,  la Sécurité nationale aujourd’hui, à cause de ce qui se passe au Mali, prend une tout autre dimension qui se décline désormais en termes de sauvegarde de l’Unité nationale et de l’intégrité territoriale ce qui ne    signifie  pas autre chose que  défendre la survie du pays.
 
III – D – 1 – INJUSTICE SOCIALE et INSTABILITE 
 
Il y n’y a pas de situation plus propice à l’instabilité et à l’insécurité qu’une très grande injustice sociale qui se prolonge et pour laquelle les pouvoirs publics ne semblent choisir comme solution d’urgence que celle de feindre de l’occulter ou de considérer qu’elle ne serait qu’une vue de l’esprit, inventée de toutes pièces.
L’insécurité née de la mal gouvernance et particulièrement de la partialité de l’Administration, de la Justice et  de leurs auxiliaires (Gendarmerie, Garde Nationale et Police  où le recours à la torture et à la répression violente, parfois mortelle, est souvent dénoncé)  l’exploitation malveillante qui pourrait être faite des tensions sociales et raciales, les trop grandes disparités qui résultent des inégalités avérées entre les citoyens  doivent inciter  à une  grande prudence et à une vigilance accrue.
Le manque d’empressement et de doigté, pour ne pas dire la désinvolture de l’Autorité publique, à travers ses différents segments, dans le traitement des nombreux dossiers et conflits qui  lui sont quotidiennement soumis, serait  d’une influence négative considérable  sur la stabilité intérieure. Il continue encore aujourd’hui de constituer une épée de Damoclès suspendue au-dessus du pays et qu’un rien pourrait faire descendre sur lui.
Il faut aussi déplorer avec force le monopole outrageusement discriminatoire, par une seule composante, au détriment de toutes les autres (Haratines, Pulaar, Soninkés et Wolofs)  du Commandement  opérationnel au sein de l’Armée Nationale et des Forces de Sécurité (Police, Gendarmerie et Garde Nationale) comme si le patriotisme  et la valeur  se définissent   exclusivement  par le niveau social et/ou la couleur. 
De tels comportements, pour le moins révoltants, sont générateurs de réflexes incontrôlés et nuisibles à  l’esprit de consolidation de l’unité, de la solidarité, du civisme et de l’engagement  que requiert le moment.
C’est  peut-être l’une des raisons qui seraient à l’origine de l’expansion   du crime, y compris le terrorisme, dans certains milieux particulièrement jeunes et l’on évoque aussi, chaque jour un peu plus ouvertement, à la faveur de ce qui se passe chez notre voisin, des craintes qui ne seraient pas totalement infondées et qui seraient la conséquence de  rumeurs à propos de l’objectif, plus ou moins avoué  par certains de chercher à «diviser le pays  en  autant de  micros-états  qu’il y a  d’affinités régionales ou autres.»
 
III – D – 2 – TERRORISME / CRIME ORGANISE et INSECURITE
 
Le Terrorisme, qu’il soit international, régional ou local,   seul ou allié au Crime organisé du trafic de la Drogue, était jusqu’à peu considéré comme étant pour le pays  le plus grand danger pour sa stabilité et sa sécurité, eu égard à son activisme qui inclut des assassinats de sang froid de plusieurs martyrs de nos Forces armées en opération, des assassinats d’étrangers, des combats de rue dans la Capitale, une prise d’otages, une bombe humaine et des voitures bourrées d’explosifs. Il était, en fait,  en passe d’élire domicile dans notre pays et pour longtemps, ajoutant la peur aux nombreux problèmes des populations.
Cette autre partie du terrorisme, le Crime organisé du trafic de la drogue est en train de faire des ravages, non seulement à nos frontières du Nord et de l’Est, mais aussi dans nos grandes villes que sont Nouakchott et Nouadhibou. 
Il va sans dire que pour le combattre efficacement la coordination régionale et internationale est incontournable.
Dans le cadre de cette lutte, il faut reconnaître les efforts consentis et déployés en terme de formation, d’équipement et d’entraînement de nos forces armées et de sécurité  pour les mettre en situation d’empêcher et/ou décourager les  attaques  des terroristes,  mais il faut parallèlement regretter les erreurs à répétition qui ont émaillé les rapports avec la République sœur du Mali, rapports qui ont suscité et alimenté une grande controverse qui se poursuit encore aujourd’hui.
Nombreux en effet sont les avis qui considèrent que l’engagement d’opérations armées par  nos Forces militaires et de Sécurité  en dehors de nos frontières était à éviter.
La nouvelle situation créée  en République sœur du Mali vient  reléguer au second plan cette grande préoccupation.  
En effet, avec la proclamation de l’indépendance de l’Azaouad par le M.N.L.A. et le contrôle des régions du Nord et de l’Est par des groupes islamistes extrémistes et parrains, de surcroît, de la drogue fait courir au pays un risque encore plus grand capable de mettre en jeu  son existence même.
 
III – D – 3 –  RELATIONS EXTERIEURES et INSTABILITE

   Un autre vecteur d’insécurité et d’instabilité, serait, sur le plan des relations extérieures, une gestion hâtive, banalisée ou à l’humeur    des   rapports de notre pays avec ses voisins, qu’ils soient du Nord ou du Sud ou de ne pas nous sentir concernés  au premier chef par ce qui leur arrive ou peut leur arriver.
Dans ce contexte, il serait gravement dommageable pour le pays d’être transformé en base arrière (de combat ou simplement de refuge) à ceux qui, pour des raisons ou pour d’autres, sont ou seraient en conflit ouvert ou larvé avec les Etats frères voisins.
 Cette crainte se trouve aujourd’hui justifiée  par la position actuelle, difficile à comprendre, de notre Gouvernement, qui tout en se déclarant opposé à la partition et à l’occupation partielle du Mali, continue d’abriter, d’entretenir et de protéger les Cadres et les militants du Mouvement séparatiste de l’Azaouad, avec tous les risques réels qu’une telle position fait peser sur le pays, aujourd’hui aussi fragilisé que son voisin.  
   Les Relations Extérieures sont certes du domaine réservé du Président de la République mais, même si le dernier mot lui revient naturellement, rien ne lui coûterait de s’ouvrir, de temps à autre, aux acteurs politiques pour entendre leur point de vue sur certaines questions sensibles.
Il est avéré, en effet, que les conseils ne sont jamais d’aussi grande utilité  que lorsqu’il faut prendre  des  décisions qu’on est habilité à prendre tout seul et c’est cela que démontre notre sagesse populaire qui enseigne : «Une mauvaise décision prise en concertation avec les siens est toujours préférable  à une bonne décision  que l’on prend tout seul ! »
Mais  avant d’en arriver aux actes et aux décisions bonnes ou mauvaises,  la Diplomatie est avant tout une  école, une manière d’être et de se comporter faite de courtoise, de patience et d’humilité, ce dont la nôtre ne devrait jamais se départir car c’est cela qui imposera son respect, démontrera son efficacité et garantira la pérennité  de notre Etat et la tranquillité du pays  par la préservation de son Unité et de sa Sécurité.
 La Sagesse qui enseigne que «prévenir vaut toujours mieux que guérir» commande également d’entamer sans délai toute initiative et/ou démarche de nature à rassurer tous nos voisins tant du Nord que du Sud quant à la volonté inaltérable de notre pays  de continuer à incarner cette position charnière entre ces deux mondes dont nous sommes l’incarnation vivante,  de notre solidarité agissante avec tous nos voisins et de notre devoir de les soutenir fermement par tous les moyens à notre disposition, s’agissant de la défense de leur indépendance et de leur souveraineté
C’est pour ces raisons qu’il n’est pas concevable en Mauritanie que la Direction Nationale ait une attitude autre qu’exprimer et pratiquer une solidarité agissante et un soutien inconditionnel aux Autorités maliennes dans leur entreprise légitime de rétablissement de l’unité et de l’intégrité territoriales de leur pays,   sans préjudice pour le soutien moral et politique  de ceux de ses citoyens  qui cherchent pacifiquement, par  le dialogue politique,  la satisfaction de   leurs revendications, autres que séparatistes.
Il est donc du plus grand intérêt pour notre pays que soient rétablis au plus vite les rapports les meilleurs qu’il a toujours entretenus avec tous ses voisins et ses amis proches et lointains.
 
III – D – 4 –  RAPPORTS POLITIQUES et INSTABILITE
Les divergences politiques et juridiques sont en elles-mêmes le moteur des activités  de l’Opposition Démocratique, dont le rôle est de faire contrepoids au Pouvoir en attendant de l’exercer elle-même.   
Faire ou servir de contrepoids à un Pouvoir, n’est pas moins important en démocratie qu’exercer en fait le pouvoir car par ses critiques constructives, ses prises de position, ses interpellations et parfois ses manifestations, voire ses défis, celui ou ceux  qui jouent  ce rôle   concourent au développement et à l’enracinement de la démocratie de même qu’ils participent directement à l’édification de l’Etat  de droit et des libertés, antinomique des dérives   autoritaires et despotiques.
Tout Pouvoir démocratique devrait respecter l’Opposition et même lui savoir gré d’être toujours là  à le bousculer, le rappelant sans cesse à son devoir, à sa mission, au contraire de  la complaisance de ceux qui le soutiennent, mais il revient à l’Opposition, dans son rôle de contrepoids, d’en cerner justement les limites qui ne devraient jamais, quoiqu’il advienne, ignorer le poids qu’elle est censée contrebalancer sous peine de fausser totalement et injustement le jeu…de l’alternance démocratique et pacifique.     
 Poids et Contre Poids, Pouvoir et Opposition ne doivent pas aussi  perdre de vue, qu’étant en charge des destinées du pays ou se préparant à les assumer dans le futur, proche ou lointain, ils doivent s’accepter mutuellement , comprendre qu’ils sont interdépendants, que leur rôle premier est  la sauvegarde de l’existence du pays et que pour y arriver, ils sont condamnés à se tolérer et à  s’habituer les uns aux autres.    
Sachant que rien de ce qu’ils diront ou feront ne sera gommé par l’histoire et qu’ils auront à en rendre compte à leur arbitre, l’électorat, ils devraient ne rien dire ou entreprendre qui puisse dangereusement menacer la stabilité et la sécurité du pays.
 Par contre toutes les contradictions politiques et juridiques sont permises, de même que je me donne la liberté de caractériser les rapports qu’entretiennent entre eux les différents acteurs politiques et qui ne sont pas sans influencer peu ou prou la vie de  chaque mauritanien aujourd’hui.
III – D – 4 – a – DU REPORT  CONTROVERSE  DES ELECTIONS
Une controverse récurrente a été celle qui a été développée à propos de la prolongation  des mandats législatifs  qui concernent d’une part  un tiers des Sénateurs et  l’Assemblée Nationale dans son ensemble et, d’autre part, le renouvellement des Conseils municipaux des Communes, certains arguant que  la procédure ayant conduit à cette situation est illégale,  alors que certains autres en défendent la légalité et le bien fondé.
Si juridiquement, on peut être totalement divergents, chacune des parties (celle qui défend la légalité et celle qui argue le contraire) pouvant recourir à de nombreux argumentaires  pour éclairer sa position  et même donner  parfois l’impression qu’elle est la seule valable (c’est ce qui fait le charme, la force et spécialisation du droit) il semblait toutefois, eu égard au contexte de doute, de suspicion et de rejet réciproque prévalant entre les acteurs, impossible d’organiser des élections consensuelles, inclusives, crédibles, transparentes et libres.
Il était en effet  exclu d’accepter que les élections continuent de se  dérouler suivant les anciennes procédures, c’est-à-dire,  sous le contrôle  du  Ministère de l’Intérieur ou d’une CENI organisée par le Gouvernement et donc sans véritables garanties d’impartialité et de  transparence.
Pour répondre à ces exigences, la seule manière était de suivre le cheminement qui a été mis en œuvre par les participants au Dialogue.
 Une autre contrainte incontournable était et est toujours l’enrôlement et la nécessité qu’il soit inclusif pour le rôle qu’il est censé jouer dans la confection des listes électorales.
Toutes ces réalités réunies ne justifient-elles pas suffisamment et largement le report des élections et par conséquent la prorogation indispensable des mandats en cours jusqu’aux élections prochaines ?
 
III – D – 4 – b –  CLIMAT DES RAPPORTS POLITIQUES
 
Le climat des rapports politiques qu’entretiennent ou pas  entre eux les différents acteurs politiques nationaux est malsain et est généralement la conséquence directe de l’exaspération des contradictions qui ont rythmé la scène politique nationale depuis le coup d’état du 06/08/2008.   
Cette situation empoisonne l’atmosphère au point de la rendre parfois quasiment irrespirable, car où que l’on se tourne, aucun de ces rapports n’est satisfaisant et ne sied véritablement à la conjoncture difficile que vit le pays, tant au plan intérieur qu’extérieur.   
Les RAPPORTS sont tous soit « Anormaux !» soit  « Pas bons !» soit « Mauvais ! » ou« Très mauvais !»    
1 – «Les rapports anormaux» définissent de prime abord ceux qu’entretient le Président de la République avec «son parti U.P.R» et les autres partis de la Majorité présidentielle. 
Ceux-ci se plaignent tous d’un manque de confiance et de n’avoir jamais eu que la part incongrue  d’un pouvoir politique qu’ils sont censés détenir en commun avec le Chef de l’Etat. Ils n’ont même pas pu bénéficier du privilège d’être informés, consultés pour  avis ou, encore moins, d’être associés à une prise de décision.
2 – Dans «les rapports pas bons» il faut ranger, parce qu’ils sont plus sensibles politiquement et supposaient un traitement différent, ceux que le Président de la République entretient avec les partis qui ont participé au Dialogue et formé la CAP.
Les Partis de la CAP,  bien que victimes du même traitement dont se plaignent les Parti de la Majorité,  le  supportent moins, la simple logique enseignant qu’en matière de «partenariat» politique entre Majorité et Opposition, l’exercice solitaire du pouvoir  est censé s’exclure d’office pour que s’instaure naturellement en ses lieu et place la concertation.
De plus en plus interpellés par leur opinion quant à des résultats d’un Dialogue qui prennent du temps à s’appliquer concrètement et qui, sur le plan psycho-politique,   semblent toujours de nul effet sur les  attitudes et comportements du Chef de l’Etat qui persiste toujours dans sa volonté de ne faire aucune concession en matière d’ouverture et de partage, les partis de la CAP pensent de plus en plus à se démarquer d’un positionnement qui n’apporte rien de véritablement  profitable au pays, s’agissant d’une gestion apaisée et concertée du pouvoir.
3 – «Les rapports  mauvais» sont ceux qui existent entre les deux pôles de l’Opposition, la COD et la CAP lesquels, après s’être séparés   en sont aujourd’hui  arrivés à un point de quasi rupture, les sentiments venant transformer en défis personnels des divergences politiques d’évaluation et d’interprétation des rapports de forces et des évènements.
 Il n’est pas tout à fait acquis que les derniers contacts engagés avec les responsables des Partis qui composent la C.O.D. aient réussi à faire oublier une situation où chacun a eu sa part de responsabilité qu’il doit  reconnaître et assumer.
4 – «Les rapports très mauvais» enfin, sont ceux qui caractérisent les relations qui prévalent entre le Président de la République et les leaders des Partis qui constituent la Coordination de l’Opposition Démocratique, lesquels se «détestent» cordialement et feignent de s’ignorer réciproquement. Alors que le Président est resté hermétique à toute concertation avec la C.O.D. celle-ci ne s’est plus trouvée de rôle à jouer que celui de tenter, par tous les moyens à sa portée, de le déstabiliser.
Toutes ces relations de Responsables politiques de Haut niveau, sont tout à fait le contraire de ce qu’elles auraient dû être objectivement dans la situation que traverse notre pays.
 
IV – REAGIR AVEC RAISON
 
Eu égard  à ces rapports très peu amènes l’exploitation politique, par la C.O.D., de toutes les situations défavorables décrites plus haut,  a été jugée  au départ naturelle et donc de bonne guerre.
Mais au fur et à mesure qu’ont évolué les manifestations et que la jonction a semblé se faire avec tous les autres foyers de tension (Jeunesse du 25 février,  Etablissements Universitaires, grogne sociale, syndicats, Ira et Touche pas à ma nationalité) il est clairement apparu que beaucoup de risques favorables à toutes les formes de dérapages étaient réunis et  la nécessité de les contrecarrer s’est imposée comme seul moyen d’éviter le pire au pays.
Il fallait pour y arriver, accepter de ranger notre ego au placard,  au profit de l’intérêt général.  
         Mettre l’intérêt général en premier rend toutes les difficultés plus faciles à surmonter et allège d’autant le poids des responsabilités. La politique pouvant être considérée comme l’art de gérer (gouverner) la société, elle est synonyme de lamentable échec chaque fois qu’elle a cherché et réussi à s’affranchir totalement de cette  Référence intangible. A l’inverse elle réussit aux  monarques et aux despotes éclairés quand leur autoritarisme est mu par la volonté sincère de construire un pays et une société de référence, parfaits.
         Dans un environnement tel que celui que nous venons de dépeindre, principalement  au plan intérieur sans  cependant occulter ou minimiser l’influence néfaste des évènements extérieurs, nous sommes fondés à considérer que les bonnes réactions, de part et d’autre, eurent été la clairvoyance et la retenue qui auraient permis d’une part  au Président de la république  de remarquer que la fragilité du pays et ses priorités de développement incitaient à davantage  d’ouverture et  de partage pour rassembler plus et à la C.O.D. d’autre part, d’aboutir à la même analyse et s’interdire toute radicalisation susceptible de mettre en cause la  très fragile tranquillité et l’harmonie très précaire du pays.
         Malheureusement pour le pays, cette attitude de défi adoptée de part et d’autre à conduit à des successions d’occasions ratées qui ne sont pas pour rien dans la complexité de la situation d’aujourd’hui.
         S’il faut regretter, s’agissant de la C.O.D.   la virulence du discours, le rejet du Dialogue, de ses résultats et le slogan «dégage !», il faut aussi regretter, s’agissant de Monsieur le Président de la république, qu’il n’ait  pas sous-tendu ou accompagné le Dialogue et ses résultats par une nette volonté d’ouverture dans le souci de rassembler.
Il faut signaler  aussi  que  Monsieur  le Président n’a semblé voir en le Dialogue  qu’une  opération  mécanique  qui s’expédie  rapidement par une succession de mesures générales et impersonnelles, au lieu de le percevoir comme une approche morale, philosophique et politique  visant à créer un environnement propice  au   désamorçage des tensions sociales et  favorable à l’établissement de rapports humains et civilisés, facilement gérables,  entre les citoyens d’un même Etat, certes politiquement opposés, mais en aucun cas ennemis.
         Le non implication de la Société Civile dans le débat  politique national en général a rendu difficile à voir toutes ces erreurs simples et faciles à redresser   et a transformé  en joutes oratoires de lutte pour le pouvoir ce qui était censé devenir un débat existentiel de fond.
         C’est pourquoi, ma  conviction est totale que s’il fallait supposer que  le Dialogue n’aurait  commis  qu’une  seule faute grave qu’il fallait citer, je retiendrais pour ma part l’absence de la SOCIETE CIVILE, dans sa grande diversité à ce Dialogue.    Cette omission  l’a  réduit à un débat essentiellement politique, lui ôtant du même coup le Label national qui l’aurait davantage élargi, enrichi et crédibilisé, la notoriété de la Société Civile et son efficacité n’étant plus à faire à travers le Monde.
C’est le lieu de rappeler à la Société Civile Mauritanienne Nouvelle qu’elle doit s’impliquer et être impliquée dans la gestion des affaires publiques en tant que modératrice ou pondératrice des rapports tumultueux des protagonistes politiques assez portés à surchauffer, jusqu’à friser l’explosion, l’atmosphère.
Les acteurs politiques quant à eux, particulièrement ceux   qui sont déjà en charge de la responsabilité suprême de l’Etat, doivent comprendre  l’importance  du rôle des acteurs de la Société Civile, à quelque niveau qu’ils se trouvent et quelque soit leur spécialisation ; ils doivent par conséquent les encourager et les soutenir à le jouer pleinement,  en toute liberté et en toute responsabilité,  au lieu de ne voir en eux que des empêcheurs potentiels de tourner en rond, pour cela seul qu’ils se soient investis dans la défense des droits et des intérêts de l’Homme et de la Société (droits humains, culturels, syndicaux, sociaux, économiques, religieux, environnementaux, etc.) 
Ils  doivent au contraire être considérés pour ce qu’ils sont en réalité, c’est-à-dire des citoyens à part entière et souvent extraordinaires capables, au besoin, de se  révéler aussi  des auxiliaires et des partenaires de première utilité à ceux qui contribuent collectivement à l’évolution de la société dans tous les domaines
L’instinct de survie exige de tous et de chacun le rejet de cette bipolarisation stérile et à terme suicidaire. Il  place  également la Société Civile, grâce au privilège qui en fait le porte-parole incontournable  de la très grande majorité silencieuse, au premier rang de ceux qui doivent exprimer, haut et fort, leur refus  d’accepter plus longtemps cette situation qui  paralyse et fragilise le pays.
Laisser les choses en l’état  sonnerait obligatoirement, qu’à Dieu ne plaise,  le glas pour notre pays.
 Notre Devoir nous impose de  refuser cette éventualité et de nous reporter tous sur la seule susceptible de nous arranger tous, celle du Compromis Historique accepté par tous !
 
V –  LES GRANDES LIGNES DU COMPROMIS
 
L’objectif de cette  longue analyse a été, beaucoup l’auront compris, de  décrire  en toute objectivité et presque sans fard, à la lumière certes de mes observations propres, mais sans dédaigner celles de nombreuses  autres sensibilités d’horizons divers,  le ressenti  véritable, enfoui ou exhibé, de la situation générale du pays et l’atmosphère dangereusement néfaste qui s’y développe. Il n’a jamais été de chercher à charger injustement ou jeter l’anathème, pour quelque raison que ce soit, sur tel ou tel Groupe, Parti, Coordination, Majorité, Opposition Président de Parti ou de République, comme d’aucuns chercheront certainement à l’accréditer à défaut de pouvoir le démontrer.
Bien sûr, il n’est pas question de nier qu’à travers une telle analyse, il s’est agi de nous sensibiliser, individuellement et collectivement, sur deux thèmes majeurs, sans l’intériorisation et la pratique desquels notre existence en  tant qu’Etat et en tant que Nation serait réellement menacée : Ce sont a) – LA RESPONSABILITE qui appelle la Vérité et la Clairvoyance et b) –  LE DEVOIR qui  suppose  l’Abnégation et l’Humilité.
 
V – A –   RESPONSABILITE  =   VERITE et CLAIRVOYANCE
 
 Vu que  rien de durable ne se construit sur  le mensonge et le faux semblant et   que notre pays traverse l’une des phases les plus délicates de son histoire, il est vital, pour l’aider à survivre, de rompre d’avec les habitudes douteuses et mauvaises en revenant à la Vérité qui sera toujours le cœur, le moteur de la Responsabilité, qui est elle-même le champ d’application par excellence de la clairvoyance.
Montrer, avec le maximum de précautions, la part de responsabilité des acteurs politiques dans cette crise tous azimuts qui paralyse le pays et handicape sérieusement son évolution apaisée vers le Développent et  la Démocratie, a semblé une priorité, un passage obligé, pour toute solution durable.
 Aussi, appartient-il  aux protagonistes, c’est-à-dire le Président de la République d’un côté et la Coordination de l’Opposition Démocratique de autre, de méditer profondément sur leur part de responsabilité dans ce qui arrive au pays :
Le Président de la République devrait comprendre, en ce qui le concerne, que la légitimité du suffrage des électeurs engage sa responsabilité morale, religieuse et politique à ne ménager aucun effort pour les aider à s’accomplir dans la paix, l’unité, la liberté, la fraternité et la solidarité et de comprendre qu’ils ne sont pas des mineurs incapables de discerner, de penser et d’apprécier. 
L’heure étant  à  la gestion participative et concertée des affaires, le promu à la  plus Haute Responsabilité de l’Etat devrait davantage jouer les rôles de modérateur, d’éducateur, de rassembleur, de Bon Père de famille  qui sont de nos jours les meilleures recettes de la réussite.
Le Président de la République  devrait s’investir aujourd’hui en faveur de  l’acceptation de cette proposition de Compromis National ce qui viendrait enfin parachever une dynamique  que  de nombreux compatriotes  soutiennent avec force. 
La haute portée politique d’une telle décision de même que sa signification patriotique et pédagogique seraient à elles seules capables de tout faire rentrer dans l’ordre  et cela d’autant plus  vite que personne ne pourra le taxer  de l’avoir prise sous quelque contrainte que ce soit.
 S’ouvrir, rassembler et partager sont les véritables fonctions d’un Chef et c’est cela qu’attendent les Mauritaniens de leur Président.
La responsabilité de la Coordination de l’Opposition Démocratique quant à elle, est de s’exercer à incarner dans l’effectivité ce dont elle se réclame et  de comprendre que la démocratie n’est pas qu’une image virtuelle, un slogan creux    mais  une réalité bien concrète  qui s’améliore à  la pratique et qui contribue à grandir  ceux qui y croient  et  en  usent à bon escient.
Le moment  est venu pour la COD de se ressaisir  en acceptant d’aller au Compromis National,  ce qui la  réconciliera avec un pays et des compatriotes qui ont eu le sentiment, par moment,  d’avoir été totalement oubliés par ceux qui sont censés en être les plus proches..
 En conclusion, aller au devant de ces attentes légitimes de la Patrie et de la Collectivité nationale  est une obligation morale pour  tous ceux qui peuvent y contribuer de près ou de loin et espérons  tous que le Président de la République et  la COD ne se rateront pas une fois de plus.       
 
V – B – DEVOIR =  ABNEGATION et HUMILITE
 
            Aussi, revient-il au Président de la République et aux Responsables de la C.O.D. de comprendre que le souci de  conservation du Pouvoir, s’agissant du premier et celui d’y accéder, s’agissant des autres, ne justifient pas l’enferment dans une logique de rejet réciproque qui interdit tout contact utile  pour  le Pays et la Collectivité nationale. Ils doivent aussi accepter que la légitimité électorale du Président  et la légitimité démocratique de l’Opposition ne sauraient elles aussi justifier les carences et les excès  enregistrés de part et d’autre   tant en ce qui concerne la gestion des affaires publiques que la manière de la dénoncer. S’ils ont enfin compris que l’important n’est pas le sentiment qu’ils pourraient  réciproquement avoir de leurs propres actions et de celles des autres, mais que l’important ce sont plutôt les conséquences négatives, réelles et potentielles, résultant de ces attitudes, qu’ils acceptent alors de tourner le  dos au passé et d’envisager utilement l’avenir du pays.
Il est aussi généralement admis que l’Engagement sincère, le Désintéressement, l’Humilité et le Sacrifice au bénéfice  d’une  Collectivité, d’un Pays ou d’une Cause  font partie de ces Valeurs qui ne se démontrent que par les actes, l’expérience ayant démontré  que  persister à les évoquer dans les discours, loin de convaincre ou de rassurer, est la preuve qu’elles sont mortes et reléguées aux oubliettes, battues en brèche par  la démagogie, l’amour du gain, l’égocentrisme et l‘esprit de supériorité qui sont le Mal du siècle.
C’est en nous fondant sur cette RESPONSABILITE et ce DEVOIR aussi IMPERATIFS l’une que l’autre  pour tout acteur ou responsable politique, que nous faisons solennellement appel, au Nom de toute la Collectivité Nationale,  d’une part  à Monsieur le Président de la République et à sa Majorité et,  d’autre part, aux Responsables de la COD  à l’effet d’accepter de se retrouver aux côtés des Représentants des différents segments de la Société Civile et des Responsables de la Convention pour l’Alternance Pacifique, sans préjudice des personnalités ressources de consensus, en vue de construire, tous ensemble, un FRONT INTERIEUR suffisamment solide et crédible pour faire face aux dangers extérieurs qui menacent notre patrie et favorisent, sur le plan intérieur, l’instauration d’un climat de confiance, de sérénité et de respect mutuel, condition sine qua none de la participation garantie de tous aux prochaines élections qui consacreront définitivement la fin d’une ère et le début d’une autre.
VI – LE COMPROMIS (G.N.L.C.)
S’il a fallu s’appesantir assez longtemps sur la description et l’analyse critique de la situation du pays pour illustrer, sinon la Crise dans laquelle  il  se débat  depuis 06/08/2008, du moins démontrer qu’il existe suffisamment d’ingrédients inflammables susceptibles d’en provoquer Une  et de l’exacerber, le temps est maintenant venu  de présenter dans son esprit, dans ses missions, dans sa structure et dans ses limites temporelles, le Gouvernement National de Large Consensus en tant qu’unique solution de sortie de la Crise pour ceux qui y croient ou de l’éviter pour ceux qui n’y croient pas.
 
VI – A- DANS QUEL  ESPRIT COMPRENDRE LE G.N.L.C.
 
Plutôt que d’être  considéré  comme  la consécration de la défaite ou de la victoire de quelque bord que ce soit, ce Gouvernement se veut être la deuxième manifestation historique de la volonté des Mauritaniens de dépasser leurs clivages et leurs divergences pour exprimer avec force leur volonté de vivre ensemble et de fonder un  Etat démocratique et républicain, la première manifestation du genre ayant été celle qui a conduit à la décision de s’affranchir de la colonisation en 1960.
Comme en 1960 il avait fallu choisir entre la Liberté et la servitude, il s’agit aujourd’hui de choisir entre s’Unir pour créer un Front Intérieur Solide et être en capacité de déjouer toutes les manœuvres malveillantes, d’où qu’elles viennent, ou de rester divisés, inconscients des dangers réels qui  menacent la Sécurité et  l’Unité de notre pays.
C’est dire que la Responsabilité et le Devoir exigent du Président de la République d’entreprendre de rassembler et de mobiliser tous les compatriotes pour la défense de la Patrie en faisant de  l’Ouverture à l’Opposition et à la Société Civile une décision prioritaire,  la légitimité ne pouvant se  limiter au seul verdict des urnes.
 C’est aussi au nom de cette Responsabilité et de ce Devoir envers la Patrie qu’il revient à la COD, en particulier, de répondre favorablement à cet appel, l’opposition à un Pouvoir ne pouvant justifier le sacrifice d’un pays, cette réponse valant reconnaissance de fait et de jure de la légitimité et donc de l’autorité  du Chef de l’Etat.
Il va aussi sans dire que le patriotisme et l’esprit de sacrifice qui mèneront à cette Grande Décision d’intérêt national excluent a priori tout calcul d’intérêt particulariste, les notions  de Responsabilité et de  Devoir prévalant sur tout le reste.
Le G.N.L.C. ne devrait  donc pas être considéré comme une nouvelle opportunité pour se partager (à parts égales ou proportionnelles calculées sur la base d’on ne  sait quelles normes) un nouveau gâteau,  mais plus simplement une œuvre collective d’intérêt général où l’utilité et l’efficacité  des Organisations et des individus  qui y prendront part, seront les seuls critères déterminants.
En conclusion, l’esprit du G.N.L.C. est d’offrir aux différents protagonistes la meilleure des occasions de se racheter de leurs erreurs ou omissions, en prenant toute la Nation à témoin, et de démontrer ainsi aux très nombreux compatriotes, jusqu’ici habités par le scepticisme, que notre élite politique est  toujours capable de se ressaisir à temps et qu’elle sera tout à fait  prête à participer, avec ce qu’il y a en elle de meilleur,  à l’œuvre permanente de construction et de redressement du pays, en toute bonne foi et de manière tout à fait désintéressée. 
 
VI – B – LES MISSIONS DU G.N.L.C.
 
Puisque le G.N.L.C. n’est pas un Gouvernement de parade, d’ostentation, de faire valoir ou de défi, pas plus que la Mauritanie n’est un Gâteau   à partager, mais un pays que beaucoup d’autres envient pour ses  richesses avérées et potentielles et  pour sa position stratégique qui en fait tout à la fois un point de rencontre de l’Afrique Arabe Blanche et de l’Afrique Noire et une porte ouverte sur le Monde Occidental, il ne saurait incarner d’autre objectif que celui d’être un Gouvernement de Salut National, mû  seulement par l’intérêt général du pays et ce faisant n’ayant de compte  à rendre qu’à sa Conscience et au Pays qu’il est appelé temporairement à gouverner sous la Haute Autorité du  Président de la République.
Un compromis étant le résultat de concessions réciproques, la logique voudrait  que si la COD acceptait de participer à un  Gouvernement consensuel qui exercerait  son activité sous la supervision et le contrôle  d’un Président dont elle ne contesterait  dorénavant plus la légitimité,  la concession  attendue du Président serait qu’il admettrait qu’un tel Gouvernement serait  différent de celui auquel il aurait succédé et qu’il jouirait, notamment, de plus d’autonomie et  liberté d’action dans l’exécution du programme qui est le sien.
1 – Puisqu’il s’agirait d’un Gouvernement résultant d’une Unanimité Pour un Compromis National (U.P.C.N.) et non plus d’une Coalition Majoritaire de Partis Politiques (C.M.P.P.) il serait nécessaire et logique qu’il soit conduit par un Premier Ministre Consensuel  et qu’il soit doté de larges compétences, qui en feraient un vrai Chef de Gouvernement.
2 – La colonne vertébrale du Programme du G.N.L.C. devrait être aussi, en toute logique,  la mise en œuvre des résultats du Dialogue, notamment en tout ce qui concerne, de près ou de loin, les élections prochaines et leur calendrier, en rapport bien entendu avec la CENI.
Tout mettre en œuvre pour assurer la participation de tous à ces élections devrait être un objectif prioritaire, car ce serait de cela que dépendraient leur crédibilité et l’acceptation des résultats qui en sortiraient.
L’achèvement rapide des opérations d’enrôlement, la délivrance des pièces d’état civil (Cartes nationales d’identité) devrait être une préoccupation majeure pour le nouveau Gouvernement, sans préjudice de toutes autres améliorations consensuelles, utiles et de portée générale, comme, à titre d’exemple,  le découpage électoral.
3 – Les missions plus générales du G.N.L.C. dans la fourchette de temps que durerait son action, devraient prioritairement concerner la réhabilitation de toutes les Administrations et particulièrement celles dont les services et les activités entrent dans les préoccupations  quotidiennes des populations en termes de Justice, de règlements des conflits, de Sécurité, de Productivité, d’Education, et de Santé pour   atténuer les souffrances, à défaut de les éradiquer toutes, et diminuer la pression des besoins les plus urgents que cette analyse a essayé de mettre en exergue.
Aussi, les Départements de la Justice, des Droits Humains,  de l’Intérieur (Administration Territoriale, Sécurité) de l’Education nationale,  de la Santé, du Développent Rural,  de l’Hydraulique, du Commerce, de la Communication, de l’Economie et des Finances,  de la Pêche,  et des Mines,  devraient-ils faire l’objet de la plus grande attention, eux et les démembrements qui en dépendent,  les Affaires Étrangères et la Défense restant le domaine réservé du Président de la République.
VI – C– LA STRUCTURE DU G.N.L.C.
Comme cela a été déclaré, le Gouvernement National de Large Consensus devra concerner, en plus de la Majorité Présidentielle (M.P.),  la Coordination de l’Opposition Démocratique (C.O.D.), la Société Civile (So. Ci.) et la Convention pour l’Alternance Pacifique(C.A.P.) sans préjudice de la mise à contribution de personnalités ressources consensuelles.
S’il est vital pour le pays et le consensus recherché que ces quatre Pôles soient effectivement associés à ce Gouvernement, il ne saurait être question ni d’une participation égalitaire, puisqu’il s’agit d’une Ouverture Volontaire et Provisoire  d’un Pouvoir légitime à l’Opposition et à la Société Civile, pour contribuer ensemble à la réalisation d’un consensus capable de mener le pays, dans le calme, la paix, et en toute responsabilité, à  l’organisation libre, transparente et inclusive des élections futures.
Il ne serait pas acceptable non plus, pour quelque Pôle que ce soit, d’être en position d’exiger un quota qualitatif ou quantitatif de ce Gouvernement qui se formerait, à l’instar de tous les Gouvernements du Monde, après consultations qui pourraient, à l’arrivée, assurer la participation de  tout (ce qui est recherché) ou partie (ce qui serait regrettable)  de l’ensemble des Pôles pressentis.
 
VI – D– DURÉE DE VIE DU G.N.L.C.
 
Comme cela a été évoqué plus d’une fois, la durée de vie prévue pour le G.N.L.C. serait celle qui nous séparerait des élections législatives et municipales à l’issue desquelles, normalement, tout devrait pouvoir rentrer dans l’ordre définitivement.
VII  – LE MOT DE LA FIN
 
Tout au long de ce plaidoyer en faveur  de notre prise de conscience collective, j’ai essayé de mettre en exergue, sans rancœur et sans passion, les circonstances qui font que notre pays et notre peuple n’ont pour seule garantie de la pérennité de leur existence que la tranquillité et la paix des esprits et des cœurs.
Ce faisant, il s’adresse en priorité aux Acteurs politiques du pays et principalement au premier d’entre eux, Monsieur le Président de la République, dans le but de leur faire partager la nécessité vitale  d’enterrer, provisoirement au moins,   «la hache de guerre» pour parer au plus pressé à savoir :
      Préserver durablement notre Pays et ses habitants des méfaits du chaos ambiant
      Garantir l’organisation et le déroulement des élections prochaines par  la participation de tous
J’espère du fond du cœur avoir réussi à toucher et à faire vibrer en chacun la fibre la  plus sensible, celle du patriotisme, seule apte à faire bouger les lignes.
Etant moi-même une partie indissociable de ces Acteurs politiques nationaux, je m’empresse,  tout en assumant l’entièreté de ma part de responsabilités dans ce qui arrive au pays, de présenter mes sincères excuses au Peuple Mauritanien que je respecte profondément et pour lequel je formule les meilleurs vœux de bonheur,  de réconciliation et de paix.
Je demande enfin à tous de  méditer profondément cette citation célèbre que je trouve vraie et bien à propos, même si c’est tout ce que je trouve   d’appréciable et de juste en son auteur, Edmond BURKE : «IL SUFFIT, POUR QUE LE MAL TRIOMPHE, QUE LES HOMMES DE BIEN SE TAISENT ET NE FASSENT RIEN.»
 
Nouakchott, le 11 Octobre 20012
Messaoud OULD BOULKHEIR

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page