Mauritanie :l’AJD-MR marche contre l’impunité, une première à Nouakchott

(Crédit photo : anonyme)

Pour la première fois depuis les évènements de 89 un parti politique mauritanien l’AJD-MR va marcher le 9 février prochain à Nouakchott pour demander l’abrogation de la loi de 93 aux forces de sécurité du régime de Ould Taya ayant commis des crimes contre la communauté négro mauritanienne entre 89 et 92.

Une bonne initiative de Ibrahima Sarr malgré les critiques cette semaine de militants et sympathisants anti-esclavagistes qui l’accusaient sur les réseaux sociaux d’avoir proposé en 2004 une amnistie à Ould Taya. Principale revendication du parti cette marche vise à rétablir la vérité et au de-là châtier les coupables.

A la fois et tour à tour adulé par la communauté négro-africaine et critiqué cette semaine par des militants et sympathisants anti-esclavagistes, le président de l’AJD-MR est toujours sur la sellette. Plutôt que de déchaîner de vaines polémiques, l’initiative de Ibrahima Sarr de lancer une marche contre l’impunité est modeste et ambitieuse surtout dans un pays en période de crises dont la liste de défaillances est longue. Pour l’ancien prisonnier de Oualata il s’agit de relancer une vieille revendication du parti en commençant d’abord par interpeller le parlement mauritanien. A cet effet, une lettre sera remise à un groupe de députés devant l’assemblée nationale à la fin de la marche le 9 février prochain. Cette volonté manifeste de briser un tabou jusqu’ici dans un pays où les coupables de ces crimes ne sont pas inquiétés par le régime de Ould Aziz peut être comparer à des travaux d’Hercule. C’est pour la première fois qu’un parti politique mauritanien lance une action de cette envergure en s’attaquant à l’une des lois les plus scélérates que le pays n’ait connu depuis son indépendance en 1960 et qui lèse surtout une communauté. Ce travail titanesque équivalent à soulever des montagnes devra être accompli avec l’ensemble des chefs de l’opposition mauritanienne pour l’instant très timides par rapport à cette question nationale et donnant l’impression de tourner à vide faute de consensus et de plate forme commune ainsi que toutes les bonnes volonté de la société civile en particulier les jeunes des mouvements citoyens. Le mérite du candidat malheureux des présidentielles de 2009 c’est de mettre à plat le lourd passif humanitaire qui ne finit pas de préoccuper les organisations humanitaires nationales et internationales. Ce geste de haute portée politique est un premier pas pour activer les nombreuses plaintes en Mauritanie comme à l’étranger contre Ould Taya mais également contre les bourreaux de son régime de 89 à 92 au cours desquelles plus de 400 négro mauritaniens ont été tués dont 28 soldats exécutés extrajudiciairement et plus de 80 000 déportés au Sénégal et au Mali dont près de 20 000 seulement sont rentrés au bercail sans perspective réelle de réinsertion dans la société mauritanienne. Le défenseur invétéré des langues nationales entend ainsi contribuer à la réconciliation nationale et à la meilleure cohabitation entre les différentes communautés deux thèmes qui lui sont également chers. Au de-là de cette question nationale c’est la refondation de la république qui s’invite dans le débat dans un pays qui vit depuis 1978 sous la dictature des militaires. Les différents dirigeants qui ont occupé tour à tour le palais de Nouakchott ont plutôt instrumentalisé l’Etat à des fins personnelles et tribales pour renforcer et se maintenir au pouvoir. A tous les étages du mille feuille judiciaire et pas seulement au plus haut sommet de l’Etat on ridiculise le principe d’égalité et de justice. Chaque jour la décision s’éloigne des citoyens. C’est le sens de cette marche contre l’impunité qui est citoyenne avant tout et pose les jalons d’une réforme judiciaire en Mauritanie dont les institutions continuent de fonctionner avec un logiciel obsolète. Il faudra le repenser.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 03/01/2013)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Quitter la version mobile