Le département de M’Bagne vit un phénomène inédit. Les sangliers sont de retour et ravagent tout sur leur passage.
Ces indésirables détruisent les pousses, les plantes rampantes, les cultures arrivée à maturation. Les paysans ne savent plus où donner de la tête. Battues et pièges n’y suffisent plus et tant l’administration locale que les services techniques régionaux – ou ce qui en tient lieu – brillent par leur absence, alors même que l’Etat prétend faire, de l’agriculture, une priorité nationale afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. A M’Bagne, on ne croit plus à cette chimère. Chaque année que Dieu fait, les paysans font face aux criquets pèlerins, puis aux oiseaux granivores et, enfin, aux animaux errants. Dans ce département où les paysans ne vivent que d’agriculture et d’élevage, l’Etat ne fait presque rien. Pourtant, les populations se plaignent, auprès des préfets et des walis. En vain. Pas plus tard que le mois dernier, les autorités administratives, en tournée dans le département, ont été informées d’une énième invasion de criquets pèlerins : à ce jour, aucune suite.
Pour préserver leurs champs, les paysans n’ont qu’une solution : résider près de leurs cultures ou y passer la nuit, pour chasser ces dévastateurs qui n’hésitent pas à les défier jusqu’aux portes des villages. Avec le mauvais état des cultures du Walo, cette année – un paradoxe dans la mesure où toutes les plaines ont été inondées – les invasions de criquets, de grillons et, maintenant, de phacochères compromettent lourdement les récoltes.
Le retour des sangliers dans cette partie du pays où ils avaient fini par se raréfier s’expliquerait par la reforestation de la zone, enclenchée depuis les fameux évènements de 1989. La sécheresse et les exploitations de charbon de bois avaient détruit l’essentiel du couvert végétal. Seules les grandes forêts de Winding, Saldé et Sorimalé gardaient un peu de leur virginité. Comme les paysans n’osaient plus s’aventurer dans la forêt pour mettre en valeur leurs terres, encore moins pour y couper du bois, les arbres et arbustes ont rapidement proliféré, au grand plaisir des phacochères qui y trouvent abri.
Les Némadis à la rescousse
Incapables d’endiguer la vague de sangliers, les paysans s’en remettent aux Némadis et à leurs meutes de chiens. Répondant à l’appel, les chasseurs ont investi la zone, à la recherche des phacochères. Chaque jour que Dieu fait, ils en abattent plus d’une dizaine, ce qui pousse les survivants à se réfugier dans la forêt profonde. « Depuis l’arrivée des Némadis dans la contrée », racontent les paysans du village de M’Botto, « nous avons retrouvé le sommeil et nous pouvons même dormir au chaud dans nos maisons, ils les ont repoussés loin des champs ». De fait, c’est depuis quelques années que les Némadis effectuent des descentes dans la zone, pour chasser ce gibier, avant de remonter vers le Nord. Une bouffée d’oxygène, pour les populations du département de M’Bagne. Mais jusqu’à quand va durer ce répit ?
DL
Source : Le Calame le 31/01/2013{jcomments on}
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