En Mauritanie le débat sur l’islamisme politique est d’actualité et ses différentes manifestations trouvent leurs expressions dans les moindres événements qui se produisent dans le pays et ailleurs dans le monde arabo-africain.
Si jusque –là la Mauritanie était considérée comme un exemple d’islam apolitique et un modèle de conduite à suivre en matière de tolérance et d’indifférence à l’égard de tout ce qui crée un amalgame dans les prises de positions religieuses, les choses ont radicalement changé.
A l’instar de la plupart de pays arabes qui font face à une montée de l’islamisme politique radical, la Mauritanie est en train d’opérer un revirement spectaculaire à la faveur des réseaux de pensée islamiques qui se développent et qui imposent des normes devenues sujets de préoccupations non seulement pour les pays arabes eux –mêmes mais aussi pour d’autres courants religieux non alignés sur les positions fondamentalistes.
La Mauritanie est en plein dans la révolution des frères musulmans qui suivent ce qui se passent dans les autres pays touchés par le printemps arabe. Ils sont concernés de près par ce qui se passe en Palestine, en Egypte, en Syrie, en Irak. Ils ont des avis tranchés et taillés sur mesure de leurs positions à donner, des fatwas à faire sur une question jugée grave.
Nous avons vu comment nos érudits se sont prononcé ces deniers temps sur la question de l’esclavage, sur l’intervention des troupes françaises au Mali pour chasser les groupes islamiques qui occupaient ce territoire aussi islamique. Nous avons encore vu comment ces mêmes érudits ont gardé silence lorsqu’on tuait, violait, amputait.
Quand les troupes françaises ont débarqué pour libérer un pays frère et musulman dans sa majorité, des voix se sont levées pour crier au néocolonialisme à la mécréance. Des fatwas ont été prononcées contre la présence impure de satans.
Pourtant quand le Koweït était sous la menace irakienne, et l’Arabie saoudite occupée pour des raisons politiques, ce sont des troupes étrangères qui sont intervenues en terre islamique pour débarrasser les pays envahis par des musulmans au nom d’une volonté de domination avec des pratiques contraires à la religion dont ils se réclament.
Aucune Fatwa n’avait été entendue en ce moment. Qu’est-ce que cet islam de deux poids deux mesures ? Si l’islamisme politique est l’art d’user de la religion à des fins personnelles, nous ne comprenons plus les hommes qui incarnent l’enseignement des préceptes de cette religion qui trace des frontières entre ce que l’islam autorise et ce qu’il n’autorise pas. Le débat mérite d’être posé avec objectivité pour que la vérité soit dite sans complaisance.
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur le 29/01/2013{jcomments on}
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