La prise d’otages cette semaine en Algérie dans le complexe gazier d’In Amenas par des islamistes révèle au grand jour l’équation permanente difficile à résoudre par les Etats du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne en particulier le Mali occupé dans sa partie Nord par les barbus et également par la France dont les otages sont détenus par l’AQMI et qui tient à préserver ses intérêts dans ce pays.
L’intervention militaire française depuis la semaine dernière à la demande des autorités de Bamako pour repousser l’offensive des islamistes a rendu lisible la faillite de l’Etat malien, la faiblesse des armées africaines et la lenteur des décisions politiques au sein de la CEDEAO ( Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest).
Le groupe Ansar Dine et ses alliés d’Aqmi et Mujao occupent trois villes au Nord du Mali Tombouctou, Gao et Kidal depuis plus de 9 mois profitant de la confusion à Bamako avec le putsch du Capitaine Sanago en mars 2012.Stratégiquement les islamistes ont beaucoup rusé avec leur rapidité et leurs connaissances du terrain pour décomposer rapidement le pouvoir des militaires à Bamako avec en toile de fond un réarmement puissant du Qatar et des armes venues de la Libye avec la chute de Khadafi. Ce projet jihadiste,l’AQMI en rêvait depuis qu’il était en Algérie il y a bien des années surtout après avoir subi des revers avec le gouvernement algérien. Les africains ont pris au sérieux cette résurgence au Nord-Mali qui finalise un projet transnational des fanatiques religieux .Grâce à la vigilance de la communauté internationale et africaine en particulier de la CEDEAO le Mali a vite retrouvé ses institutions démocratiques avec un président intérimaire, l’ancien président de l’Assemblée nationale Diacounda Traoré et un premier ministre et un gouvernement d’Union nationale. Cette partie occupée est devenue une zone d’insécurité où les terroristes islamistes ont établi leurs propres règles qui favorisent le commerce de la drogue et surtout en instaurant la Charia. Néanmoins les hors la loi ont réussi à faire des recrutements au sein même des pays du Maghreb et de l’Afrique noire. Un mélange hétéroclite de jihadistes qu’ils ont tenté de mettre en oeuvre lors de la prise d’otages dans le complexe gazier d’In Amenas en Algérie la semaine dernière qui s’est soldée par une cuisante et sanglante défaite grâce à l’intervention de l’armée algérienne. Ce coup longtemps préparé par les islamistes prouve encore une fois qu’ils ne sont pas des amateurs et que l’internationalisation du conflit est irréversible dans cet immense désert du Sahara qu’ils maîtrisent parfaitement. La guerre au Mali pourrait entraîner leur dispersion dans le pays d’abord et ensuite dans les états voisins qui doivent se préparer à leur intrusion tôt ou tard raison pour laquelle tous les pays maghrébins sont en état d’alerte pour assurer davantage la protection des étrangers dans les sites sensibles économiques et dans les ambassades et également les populations locales. Enfin la chasse aux islamistes aurait entraîné sur le terrain des exactions par l’armée malienne. Ce qui pourrait entaché l’image de la France ou du moins son intervention considérée par certains observateurs comme une reconquête coloniale tandis que d’autres pensent que cette tardive reconquête tardive cache bel et bien la faiblesse des armées africaines tant au plan logistique qu’humain. Et aussi la lenteur des décisions politiques qui résulte en particulier de la réticence de l’Algérie et de la Mauritanie non membres de la Cedeao mais qui soutiennent indirectement les touaregs du MNLA et le Burkina Faso médiateur principal du conflit. Tous préconisaient des négociations avec Ansar Dine, l’aile radicale des nationalistes touareg qui dirige aujourd’hui les opérations militaires. Cette reconquête du Nord-Mali révèle surtout la faillite de l’état malien qui n’a pas su faire face à l’irrédentisme des Touaregs. Et pourtant il y a eu trois guerres d’indépendance des Touaregs en 63 , 64 et 90 et à chaque fois il y a eu la paix. Autre explication tous les chefs d’Etat qui ont gouverné jusqu’ici le pays ont été incapables de se défendre c’est-à-dire avoir une armée digne de ce nom pour combattre.
En définitive les maliens ne sont pas les principales victimes de cet intégrisme religieux mais également tous les musulmans du continent africain. En tout cas la nébuleuse Al Qaïda continue sa mue pour se confondre avec les populations locales quitte à se raser la barbe rendant ainsi difficile la pacification du Mali. C’est un nouveau défi auquel sont confrontés les forces françaises qui renforcent le dispositif Serval, l’armée malienne en pleine recomposition et les forces africaines de la CEDEAO qui arrivent petit à petit sur la ligne du front.
Bakala Kane{jcomments on}
(Reçu à Kassataya le 23/01/2013)
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