Une initiative en faveur de l’emploi en Mauritanie met en valeur la formation technique

(Les jeunes chômeurs mauritaniens se sont rassemblés pour inciter à la réforme du marché du travail par le gouvernement. Crédit photo : Jemal Oumar / Magharebia)

La Mauritanie cherche à aider la jeunesse au chômage à travers un nouveau programme de formation technique.

La Mauritanie vient de lancer un vaste programme national pour l’emploi des jeunes.

Ce programme, qui couvre toutes les collectivités urbaines du pays, vise « à accompagner les promotions des formations techniques et professionnelles », a indiqué l’Agence nationale de promotion de l’emploi des jeunes (ANAPEJ) le 2 janvier.

Cette initiative a pour objectif « d’assurer [à ces jeunes] un emploi permanent, de valoriser leurs connaissances et de satisfaire la demande locale en services dans tous les domaines techniques et professionnels ».

Chacun des participants à ce programme bénéficiera d’un montant de 800 000 ouguiyas (2 000 euros).

« Le programme permettra de créer de nombreuses opportunités d’emploi au profit de ceux qui sortent des formations techniques et professionnelles, par le financement de projets en rapport avec la spécialité et les compétences des bénéficiaires », a déclaré le ministre délégué auprès du ministre d’Etat de l’Education nationale chargé de l’Emploi et de la Formation professionnelle Mohamed Ould Khouna.

« L’emploi des jeunes constitue l’une des priorités du programme du Président Ould Abdel Aziz », a-t-il précisé.

Des milliers d’emplois pour les jeunes ont été créés ces dernières années à travers du financement d’activités génératrices de revenus (AGR) et de petites et moyennes entreprises, selon le ministre.

« Ce programme traduit la volonté politique visant à promouvoir la formation technique et professionnelle comme levier de l’emploi des jeunes et un espace d’émancipation des talents des jeunes professionnels spécialisés dans tous les domaines de développement, en vue de les faire fructifier dans les collectivités locales de l’intérieur du pays », a expliqué à Magharebia Beit-Allah Ould Ahmed Lessouad, directeur général de l’ANAPEJ.

« Les bénéficiaires de ce programme ont suivi récemment une session de formation sur la création et la gestion de micro-projets. Les AGR financées concernent l’électricité domestique, le travail du bois, la soudure, la plomberie, la réfrigération et la climatisation », a-t-il ajouté.

Ce projet est important à plus d’un titre, estime l’économiste Sall Hamidou.

« La situation de l’économie mauritanienne, caractérisée par une forte dégradation des indicateurs sociaux de base et l’accélération de l’indice de la pauvreté dans une frange faible des populations vulnérables, a incité à une meilleure utilisation du potentiel de jeunes qui souffrent d’un chômage chronique et du sous-emploi », explique-t-il.

« L’utilisation optimale de cette frange de la population dans le cadre de ce programme permettra non seulement de lutter durablement contre la pauvreté endémique, mais aussi de participer dans une large mesure à la création de valeur ajoutée au plan national et à la consolidation de la demande globale motrice de la croissance économique », ajoute-t-il.

L’intégration de l’emploi des jeunes dans les politiques publiques et macro-économiques est plus qu’une exigence sociale et économique, indique-t-il.

« L’action de l’ANAPEJ va dans le sens de la consolidation de ses actions opérationnelles et va susciter et créer une dynamique d’emploi des jeunes à tous les niveaux urbains et ruraux », conclut Hamidou.

La situation du chômage des jeunes est depuis longtemps au centre des préoccupations des militants mauritaniens. Un nouveau mouvement, le « Courant de la pensée nouvelle », a récemment rejoint les groupes de pression oeuvrant en faveur d’une réforme.

Lors d’une allocution retransmise par les médias à la fin du mois dernier, le président du groupe, Mohamed Ould Ghada, a appelé à « unifier les jeunes Mauritaniens pour la reconstruction de l’Etat, le renoncement aux mentalités et idées obsolètes, la révision des perceptions de l’arène politique, culturelle et intellectuelle, avec pour objectif de dépasser la réalité actuelle, qui ne sert ni le développement, ni l’ouverture, ni la croissance ».

« Les responsables politiques mauritaniens ne forment pas leurs positions sur la base de principes. Ils marchandent et modifient leurs postures politiques en fonction des circonstances et des évènements », a-t-il expliqué.

Le mouvement d’Ould Ghada veut utiliser le dialogue pour mettre la pression en faveur du changement des valeurs culturelles et de la pensée politique dans le pays.

Pour le politologue Said Ould Habib, ce courant s’inscrit dans le cadre « d’une nouvelle révolution au sein de la jeunesse mauritanienne, qui se dresse contre des traditions et des mentalités politiques et sociales datant de l’ère de l’Etat pré-moderne ».

Ould Habib a ajouté que les jeunes cherchent à défier le racisme, la perception des femmes et les valeurs périmées.

« Nous ne demandons pas un changement politique et social par la violence, mais qui puisse au contraire s’appuyer sur la critique et les déclarations politiques », a-t-il expliqué.

Bakari Gueye et Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 18/01/2013{jcomments on}

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page