Interdiction du sac plastique en Mauritanie : Une mesure qui bouleverse les habitudes et inquiète les industriels

(Crédit photo : anonyme)

L’interdiction de l’import-export, de la distribution et de l’utilisation du sac en plastique est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2013.

Certes, quelques commerces continuent d’écouler en douce leurs stocks, alors que les ménagères commencent à se tirer les cheveux pour emballer leurs victuailles.

Petits condiments, célia, huile…Autant de petits détails qui se réglaient jadis par un geste simple par sachet plastique interposé.

Aujourd’hui, les vieilles habitudes ont du mal à se faire oublier. Revers de la médaille, les rues commencent à se vider de leur éternel tourbillon de sachets virevoltant sous le moindre coup de vent et les ruminants en errance dans les rues des quartiers semblent avoir la nostalgie de ce succédané qui leur permettait de boucher un coin de panse, face à la rareté des rebus d’aliments que les populations tannées par le coût de la vie n’ont plus le luxe de jeter dans les poubelles. Les moins avertis des familles se demandent mais « pourquoi diable interdire nos sachets ? ». La cause environnementale évoquée ici ou là leur semble une notion bien abstraite, face à leur culture limitée. Pour certains « c’est encore une invention de l’Occident ».

La pollution pour les gens simples n’est qu’un luxe superflu, dont la facture est trop compliquée pour les sous-développés, les sous-alimentés, qui marchent encore à l’ancestral et ont dû mal à appréhender toutes ces nouvelles notions qui bouleversent leur vision du monde. L’intello du coin a dû mal à expliquer à un groupe de femmes incultes que les sacs en plastique constituent un désastre pour le milieu naturel, qu’ils empoisonnent la végétation, tuent les animaux et ne se détruisent qu’au bout de quatre à cinq siècles. Rien n’y fait. Elles veulent leur sachet plastique. « Et qu’est-ce qui est prévu à leur place ?  » répond une quadragénaire, qui pense avoir posé une colle. Difficile de leur faire comprendre qu’avant l’apparition du sachet plastique, les Africains avaient bien des solutions pour emballer leurs produits, les casbahs, les sceaux, les calebasses, ou encore l’inoffensif papier. Pour les produits liquides, comme l’huile, les bidons. C’est ça où maintenir les ravages du plastique qui tue aussi bien les animaux domestiques que la faune et la flore marine, sans compter les tonnes d’ordures non recyclables qu’il génère.

Aujourd’hui, les peines prévues par la législation en termes d’emprisonnement et de lourdes amendes semblent dissuader des centaines de commerce qui ont appliqué la mesure sans ambages. Restent les industriels du plastique qui ont investi des millions d’ouguiyas à une époque où l’activité était licite. Ils représenteraient à peine 8% du commerce de sachets, selon les chiffres du ministère de l’Environnement, le reste étant constitué des importations. Si les importateurs dont le plastique constitue une activité secondaire peuvent se passer de ce commerce, les industriels qui utilisent des machines lourdes se trouvent dans une situation plus dramatique. Ce sont des centaines d’emplois qui sont pour le moment perdus, plus des millions d’ouguiyas d’investissement.

L’Etat devrait les dédommager ou les compenser. La loi les avait autorisés à investir dans le secteur, leurs activités étaient légales. L’Etat étant une continuité, l’interdit introduit dans la loi devait s’accompagner d’une décision de compensation. Sinon, il serait injuste et facile de passer subitement leurs activités dans la rubrique perte sèche.

JOB

Source  : L’Authentique le 09/01/2013{jcomments on}

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