La Mauritanie tente de mesurer l’impact de la crise au Mali

(Les populations de l'Azaouad et de la Mauritanie partagent une longue histoire commune, ont expliqué des chercheurs. Crédit photo :Issouf Sanogo / AFP)

Les troubles qui surviennent dans la région voisine de l’Azaouad auront des répercussions sur la Mauritanie, ont estimé les participants à une conférence organisée à Nouakchott.

Si les liens économiques et culturels entre la Mauritanie et le Mali restent profonds, la menace d’une guerre dans le pays voisin suscite toutefois la nervosité générale.

Pour répondre aux enjeux et aux inquétudes que partagent les deux pays, des dirigeants de partis politiques, des diplomates, des journalistes et des universitaires mauritaniens ont rencontré des représentants du Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA) le 15 décembre à Nouakchott, à l’occasion d’un symposium unique en son genre.

« Les interventions se sont focalisées sur l’importance des liens historiques existant entre les Mauritaniens et les Azaouadis », a expliqué Adel Mohamed Mahmoud, magistrat et membre du MNLA originaire de la ville d’Arawan, dans le nord du Mali, au sujet de cette conférence organisée par l’Association des communications culturelles du Maghreb.

« La situation actuelle dans la région de l’Azaouad a de graves conséquences sur la sécurité et la stabilité de la Mauritanie », a-t-il expliqué, ajoutant par ailleurs que « la zone, qui couvre les deux régions, n’a pas connu de violences religieuses dans le passé, et la population n’a jamais été assujettie à la religion par la force ».

Pour sa part, le Dr Yahya Ould Barra a souligné que « l’Islam qui couvre les deux régions suit la même école de pensée religieuse. »

« L’Islam qui unissait la Mauritanie et le nord du Mali était caractérisé par une approche modérée et centriste, une approche incompatible avec l’extrémisme et le fanatisme », a-t-il poursuivi. « Les religieux qui prônaient l’Islam n’ont eu aucune difficulté à faire en sorte que les populations embrassent cette religion en raison de sa modération et de son centrisme. »

Le Dr Abdul Salam Ould Horma a également évoqué les défis auxquels la région doit faire face. Son intervention a été suivie par des commentaires d’Ahmed Ould Al Wafi, président du Forum de la pensée et du dialogue démocratique. Les participants ont affirmé la nécessité d’apporter une assistance aux populations civiles du nord du Mali.

« Nous demandons depuis cette tribune que l’Azaouad jouisse de son droit légitime au développement et à l’éducation, une requête que nous avons présentée depuis longtemps dans le cadre de notre combat », a déclaré Nina Walet Ntalo, numéro trois du MNLA.

« Les débats ont dévoilé l’étendue des préoccupations nourries par l’élite mauritanienne face à la guerre imminente dans le nord du Mali », a expliqué à Magharebia Mohamed Abdallah Ould Omar, un jeune chercheur présent au séminaire.

« Mais ces inquiétudes ne signifient pas que les anciens ministres, les diplomates et les dirigeants des partis politiques sont opposés à l’idée de nettoyer l’Azaouad des terroristes », a-t-il ajouté. « Ils demandent au contraire à ce que cette guerre soit méthodique et rationnelle afin d’épargner aux populations des deux régions des contraintes extrêmes ».

Ould Omar a demandé que toute action militaire dans le nord du Mali « prenne en considération les effets négatifs et leur impact potentiel sur l’humanité à l’avenir ».

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 02/01/2013{jcomments on}

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