Deux enseignants en prison pour avoir brûlé des écoliers

(Le palais de justice de Nouakchott. Crédit photo : Laurent Prieur / Jeune Afrique)

Les parents d’Abdoulaye Kalidou Sarr, Directeur de l’école El Mourad sis à Arafat et ceux de l’enseignant Ramdane Ould Moussa ont cherché en vain des libertés provisoires.

Ils se sont heurtés au Niet catégorique du Parquet qui estime que ces deux prévenus ont commis des délits graves sur mineurs et devront répondre devant la justice. Retour sur les faits. Lundi 23 Décembre 2012, deux enfants, Cheikh Mamadou, 8 ans et son frère, Abderrahmane Mamadou, 6 ans, tous deux élèves du fondamental à l’école El Mourad situé tout près de la Mosquée Nour d’Arafat, arrivent en classe après deux jours d’absence. Furieux, l’enseignant Ramdane Ould Moussa les conduit devant le directeur de l’école, Abdoulaye Kalidou Sarr. Ils s’enferment avec les jeunes élèves et leur font subir l’épreuve du feu. A l’aide d’un briquet, le directeur, aidé par l’enseignant qui avait immobilisé les bras des enfants, les brûlera à tour de rôle au cou puis à l’abdomen. Relâchés, les enfants s’élancent en larmes et en douleurs vers leurs familles. Ces dernières abasourdies par ces usages d’un autre temps parviennent à maîtriser mal leur colère. Ils portent plainte au Commissariat d’Arafat 1 qui les orienta vers la Brigades des Mineurs du Ksar. Le directeur de l’école et son enseignant sont arrêtés, tandis que les écoliers sont conduits à l’hôpital pour des soins. Les parents, mais aussi les policiers et les visiteurs sont en rogne et se demandent comment de grands gaillards, enseignants de surcroît, peuvent aller si loin dans la méchanceté. Abdoulaye Kalidou Sarr et Ramdane Ould Moussa se rendent compte de l’énormité de leur geste. Le 27 Décembre, ils sont déferrés devant le Procureur de la République. La réprobation est générale. « C’était pour les décourager à ne plus sécher les classes  » se défendront les prévenus. Il fallait convoquer leurs parents au lieu de les torturer avec une telle barbarie, leur répondront les Magistrats. « Et si c’était vos enfants, ferez-vous de même ?  » leur demanda-t-on. Ils baissèrent la tête sans réponse. Les deux enseignants venaient en toute apparence de découvrir que le monde a évolué et que les enfants sont désormais protégés par des lois strictes qui les protègent contre toute forme de maltraitance. Et dire que les enseignants en tant qu’éducateurs devaient être à la pointe de toutes les connaissances ! Quelle régression dans cette profession ! Ces lamentations étaient celles d’un ancien instituteur des années 60-70 qui explique ce fait nouveau par le recul enregistré dans le niveau intellectuel et la formation des enseignants d’aujourd’hui. Entendus par le Procureur de la République puis par le juge pour enfants, celui du 4ème cabinet, Mohamed Chérif Barry, Abdoulaye Kalidou Sarr et Ramdane Ould Moussa furent déposés en prison. Pour certains habitués du Palais de Justice, ces deux là devaient être interdits de profession pour le restant de leur vie. L’avis est d’une septuagénaire qui venait récupérer des casiers judiciaires pour ses petits enfants. Elle aussi, appartient à l’ancienne génération des femmes instruites du pays, forgée à l’école du savoir postindépendance.

Abou Cissé

Source  :  L’Authentique le 02/01/2013{jcomments on}

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Quitter la version mobile