La Mauritanie participera-t-elle à la guerre au Mali ?… “oui” : Ould Daddah l’affirme, malgré le démenti du pouvoir

(Crédit photo : AFP)

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré à plusieurs reprises que « la Mauritanie ne participera pas à la guerre au Mali ».

Une assertion qui semble ne pas convaincre son opposition qui ne cesse à chaque occasion de mettre en garde le pouvoir « contre toute aventure militaire dans le Nord Mali ». Cette question est devenue même ces jours-ci une véritable obsession chez Ahmed Ould Daddah, chef de file de l’opposition démocratique en Mauritanie, au point que la participation tacite ou explicite de la Mauritanie dans l’effort de guerre au Mali est devenue sujet de doute. Le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz cacherait-il ses aies intentions ?

Le dernier meeting organisé par le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), principal parti de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), dirigé par Ahmed Ould Dadah, chef de file de l’opposition, était presqu’entièrement consacré à la guerre au Mali et à la participation de la Mauritanie dans le conflit. Pourtant, à plusieurs occasions, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a toujours soutenu publiquement que la Mauritanie ne s’engagera jamais dans une guerre au Mali. Une contradiction dans les deux positions, qui laisse entendre quelque part, un aspect apparent des réalités et des manigances confinées dans les secrets du Prince que seules des personnes super informées peuvent déceler. En effet, pour qu’Ahmed Ould Daddah et derrière lui, les pontes de l’opposition, se permettent d’insister sur l’obligation de neutralité de la Mauritanie, ils ont leur raison. Il n’échappe à personne qu’en Mauritanie tout le monde se surveille. La majorité comme l’opposition disposent d’yeux et d’oreilles pour espionner chez l’autre.

L’opposition dispose ainsi de relais à tous les niveaux de l’administration publique et militaire pour être assez informée sur tout ce qui bouge. Pour que l’opposition insiste à ce point sur la participation mauritanienne à la guerre qui se prépare au Mali, en mettant le pouvoir en garde contre toute aventure sur ce terrain, c’est qu’elle doit détenir assez d’information sur ce plan. Cette certitude transparaît à travers le meeting du 18 décembre dernier du RFD, lorsqu’Ahmed Ould Daddah consacra à ce point les trois quart de son intervention. Il vient de récidiver, par le truchement du Congrès de la Jeunesse du parti qui s’est achevé samedi dernier à l’Ancienne Maison des Jeunes de Nouakchott. Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion, Ahmed Ould Daddah a en effet fustigé « tous ceux qui cherchent à déstabiliser la Mauritanie », affirmant que « le pouvoir cherche à nous jeter dans une guerre imminente qui se prépare dans le Nord Mali « . Et de déclamer « Nous refusons une telle guerre ! Nous la refusons ! » Pourquoi tant d’insistance si le premier responsable du pays a soutenu qu’il n’ira pas au Nord Mali ?

Si l’armée mauritanienne se contentera de défendre ses frontières contre toute intrusion extérieure, et de riposter en cas d’attaque, avec possibilité de poursuite, comme ne cesse de le soutenir le président Mohamed Ould Abdel Aziz, pourquoi l’opposition voudrait-elle voir le contraire ?

Cette question a été posée à plusieurs acteurs de la scène politique nationale. Côté majorité, cette focalisation de l’opposition sur la participation de la Mauritanie à la guerre au Mali, malgré la position clairement affichée des pouvoirs publics, ne serait qu’une sorte de diversion, un énième alibi pour mobiliser les foules, tout comme ce fut le cas pour le thème du « Rahil » ou encore la « vacuité du pouvoir », lors de l’absence du président Ould Abdel Aziz pour des soins à Paris. « Des futilités et des slogans creux qui ne collent pas à la réalité » soutiendra l’un d’eux.

Mais du côté de l’opposition, même si la Mauritanie n’enverra pas des troupes, ce qui reste encore à démontrer, elle participe déjà à l’effort de guerre, à travers les bases aériennes installées sur les pistes orientales du pays, et la présence de plusieurs militaires étrangers, français comme américains.

Certains pans de l’opposition sont même persuadés que la Mauritanie ne pourra pas résister à la pression des grandes puissances, et que les autorités compteraient justifier leur participation au fait qu’elles agissent sous couvert d’une résolution des Nations Unies qui engage tous les pays membres dont l’action est sollicitée. Cette option est-elle déjà prise au niveau des grandes sphères du pouvoir, et cachée au peuple ? Pourtant, constitutionnellement, tout acte de guerre devra être approuvé par le Parlement mauritanien.

« Constitutionnellement ? Mais combien de dispositions constitutionnelles ont été piétinées par le régime en place ? » lança avec ironie un des interlocuteurs interpelés sur cette question.

Alors que la guerre se prépare à nos portes, le citoyen mauritanien lambda continue à tergiverser, ne sachant qui croire. L’Etat qui le tranquillise qu’il n’y aura pas d’armée engagée au front, ou l’opposition qui soutient le contraire ?

Cheikh Aïdara

Source  :  L’Authentique le 26/12/2012{jcomments on}

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