Mauritanie : l’opposition dispersée en quête de voix

(Archives. Manifestation de l'opposition le 18 Mai 2009. Crédit photo : Manon Rivière / RFI)

Alors que l’Union des Forces du Progrés (UFP) tient son congrés à Nouakchott, un député du RFD tacle cette semaine le gouvernement de Ould Laghdaf à l’assemblée nationale en réclamant les 200 millions de dollars une somme qui représenterait la cagnotte pour l’extradition de l’ancien chef d’espionnage de Khadafi Al Sénoussi vers Tripoli, arrêté à l’aéroport de Nouakchott en 2011.

Cette offensive de l’opposition intervient au lendemain de la réélection de Ould Mansour à la tête du parti islamiste modéré de Regroupement National pour la Réforme et le Développement ou Tawassoul et de l’installation de la commission nationale de transparence financière.

Les trois principales forces de l’opposition mauritaniennes le RFD, l’UFP et Tawassoul ont bouclé l’année 2012 avec la tenue de leur congrès respectif pour préparer 2013, une année décisive pour les législatives et municipales. Au moment où l’Union des Forces pour le Progrès (UFP) est en conclave à Nouakchott c’est le RFD de Ould Daddah qui monte au créneau cette semaine après la réélection de Ould Mansour à la tête de Tawassoul à l’issue de son 2èmecongrès dans la capitale mauritanienne. Après son test de confrontation avec les forces de l’ordre c’est le député du principal parti de l’opposition Ould Moïne qui tacle le gouvernement de Ould Laghdaf à l’assemblée nationale pour demander les 200 millions de dollars qui auraient servi de monnaie d’échange pour l’extradition récente de l’ancien chef d’espionnage de Khadafi Al Sénoussi vers Tripoli. Pression dans la rue mais pression aussi dans l’hémicycle. Tous les moyens sont bons pour marquer des points au moment inversement où Ould Aziz vient d’installer la commission de transparence financière dans la vie publique composée de sept magistrats. Aux yeux de l’opposition c’est encore une nouvelle farce du régime de Ould Aziz pour faire semblant d’agir contre la gabegie et la corruption. Une constante du nouveau locataire du palais de Nouakchott depuis juillet 2009 qui continue d’agacer l’opposition et que le député du RFD qualifie de leurre si l’on tient compte que la promesse du gouvernement de Ould Laghdaf est toujours en veilleuse alors que les dons provenant des étrangers devraient être inscrits dans le budget de l’Etat et soumis au parlement selon ses propres termes. Cette non transparence des autorités de Nouakchott est un frein à la gouvernance démocratique comme en témoignent le refus du dialogue inclusif résultant des accords de Dakar en 2009, le report si ne die des élections législatives et municipales, le recensement biométrique, l’instauration d’un visa pour les étrangers africains. Dans ces conditions les choses ne sont pas si simples pour les trois mastodontes de l’opposition. L’hypothèse que le RFD et l’UFP boycotteraient les législatives et municipales prochaines si elles sont couplées est alarmante. L’absence de représentants parlementaires serait une aubaine pour l’UPR qui va réconforter sa majorité pour permettre à Ould Aziz d’achever tranquillement son quinquennat à condition que ne s’éloigne pas la perspective de subtiles combinaisons avec ses alliés de la coalition .D’ores et déjà le leader de l’AJD/MR Ibrahima Sarr a quitté le navire et surfe depuis quelque temps sur la bonne vague après son conseil national dans la capitale mauritanienne qui a permis le renouvellement de l’instance dirigeante. De son côté Ould Mansour pourrait être le super gagnant après le succès de son congrès à Nouakchott qui l’a réélu à la tête de Tawassoul et permis de jauger sa capacité de mobilisation populaire alors que le président de l’APP est toujours dans les cordes. Ses multiples initiatives de médiation pour le dialogue inclusif et la mise en place d’un gouvernement d’Union nationale constituent des atouts aux yeux de l’opinion publique malgré l’échec des pourparlers. Cependant la scission de son parti pourrait l’affaiblir un peu. L’aile dissidente conduite par Ould Borboss de Moustaqbel étant très active au sein de la COD. Cette dispersion de l’opposition ne va dans le bon sens pour au moins gagner plus de sièges au prochain parlement même si l’incertitude demeure sur les contours de la majorité. C’est l’union de l’opposition qui fera peut-être une petite bérézina de l’UPR.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 25/12/2012)

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