Alors que la Coordination de l’opposition démocratique (COD) se préparait mercredi à une énième démonstration de force populaire à Nouakchott avec l’aval des autorités, le pouvoir entame quant à lui visiblement la dernière ligne droite vers les scrutins législatifs et municipaux.
Ainsi se dessine la scène politique nationale, avec d’une part, des opposants qui exigent le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz, considéré comme facteur de blocage au processus démocratique, et de l’autre un régime qui se comporte comme si de rien n’était, s’appuyant sur l’alliance tissée avec d’autres partis qui se réclament de l’opposition. La question du boycott ou non des élections futures se doublent ainsi d’appréhensions liées à la gestion du tout sécuritaire qui pourrait changer la donne au niveau du dispositif électoral, si l’on en croit certaines sources proches du pouvoir, qui prédisent la nomination d’un militaire à la tête du ministère de l’Intérieur.
Selon des sources proches de l’opposition, les autorités auraient finalement donné leur aval pour l’installation de tentes sur l’emplacement mythique sis à la mosquée Ibn Abass destiné à abriter la manifestation que la COD a organisée en principe hier soir. Il faut rappeler que les mêmes autorités avaient refusé de telles installations sous prétexte que le parti qui en avait formulé la demande n’était pas officiellement reconnu. Sous couvert de fêter le 52ème anniversaire de l’indépendance nationale, le rassemblement prévu par la COD servira sans nul doute de tribune pour fustiger le pouvoir en place et déclamer des programmes alternatifs. L’occasion pour les ténors de l’opposition démocratique de critiquer davantage les réalisations et le bilan du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz et réclamer son départ. Pour la COD, il n’est nullement encore question d’échéances électorales et même de dialogue politique tant que le pouvoir reste sur place. Aux yeux de l’opposition en effet, beaucoup de questions devront être déblayées auparavant avant d’envisager des élections. Menées dans les conditions actuelles, ses scrutins manqueraient de transparence et d’équité selon certains cadres de l’opposition, qui n’évoquent pas cependant l’idée du boycott. Ainsi, l’idée d’une participation ou non de la COD à toute échéance électorale reste apparemment absente des agendas et sera certainement laissée à l’appréciation de chaque parti.
En attendant, la majorité fidèle au président Mohamed Ould Abdel Aziz se dirige en toute apparence vers l’organisation des élections législatives et municipales dont la date a été décalée d’une année. Ce qui aux yeux de l’opposition enlève pour le moment toute légitimité aux institutions en place. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait indiqué en effet lors de sa rencontre largement diffusée avec la presse, que les s échéances sont proches. Son ministre de l’Intérieur avait également de son côté affirmé que ses services sont fins prêts pour les scrutins. Comme pour confirmer cette tendance, la Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA) a ouvert un séminaire qui s’achève aujourd’hui sur la sensibilisation des médias sur leur rôle en période électorale avec la collaboration du PNUD, alors que le NDI vient d’achever une formation de cinq jours sur les techniques de couverture des élections qui a ciblé 45 journalistes. Une telle effervescence du côté des autorités enlève ainsi tout doute sur la détermination du pouvoir à organiser le plus vite possible des consultations électorales, ce qui lui permettra de sortir de la situation « d’illégalité des institutions présentes » que lui reproche l’opposition.
Nulle part, il n’est pourtant question de concertation ou de dialogue avec la COD pour organiser ensemble ces échéances, comme si quelque part le régime voulait dire à ses irréductibles adversaires politiques que le train est lancé et qu’il faudrait le prendre en marche. Si la date du mois de mars 2013 est retenue pour ces scrutins, comme l’a indiqué certaines sources de presse, il faut s’attendre à d’intenses rounds de tiraillement dans les mois à venir pour savoir qui de l’opposition ou du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz prendra le dessus sur l’autre.
Cheikh Aïdara
Source : L’Authentique le 09/12/2012{jcomments on}
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