Désaccords entre l’Union africaine et l’ONU sur l’intervention au Mali

(Le président de l’Union africaine Thomas Boni Yayi a vivement protesté contre le rapport du Secrétaire général des Nations unies sur les risques d’une intervention militaire au Mali. Crédit photo :Kambou Sia / AFP)

Le rapport du Secrétaire général des Nations unies concernant l’intervention au Mali a suscité d’âpres critiques de la part des Etats africains.

Les ministres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont critiqué les Nations unies, lundi 3 décembre à Abidjan, pour ce qu’ils ont qualifié de « déphasage » par rapport à l’urgence d’une action au Mali.

« Une non-intervention dans le nord du Mali, ou tout recul devant l’urgence d’envoyer une force pourrait entraîner une aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région et en Afrique », ont mis en garde les ministres.

Le président de l’Union africaine, Thomas Boni Yayi, a également vivement protesté contre le dernier rapport de Ban Ki-moon présenté au Conseil de sécurité de Nations unies sur les risques d’une intervention militaire dans le nord du Mali.

« De l’avis général, la teneur du rapport paraît relativement en deçà des attentes de l’ensemble du continent africain, » a estimé Boni Yayi dans une lettre adressée au Secrétaire général des Nations unies.

« Tout recul devant la nécessité d’envoyer une force internationale pour combattre le terrorisme dans le nord du Mali sera interprété comme l’expression d’une faiblesse face aux terroristes », a-t-il ajouté.

Dans un rapport adressé le 28 novembre au Conseil de sécurité, Ban considère qu’une intervention militaire dans le nord du Mali serait « sans doute nécessaire en dernier recours contre les éléments les plus extrémistes », mais que « des questions fondamentales restent en suspens ».

Ce rapport se concentre davantage à analyser les inconvénients engendrés par une intervention militaire que sur les avantages présentés par cette initiative.

Il établit notamment que « la force militaire sera sans doute nécessaire à un moment donné, en dernier recours, pour débarrasser le nord du Mali d’al-Qaida et de ses alliés ».

Le Secrétaire général des Nations unies relève surtout le manque de précisions concernant les plans stratégiques qui lui ont été présentés par l’UA et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Il rappelle notamment les nombreuses questions encore en suspens, telles que « la manière dont la force sera dirigée, entretenue, entraînée, équipée et financée ».

Une intervention armée « pourrait aussi risquer de ruiner toute chance d’une solution politique négociée à cette crise, qui reste le meilleur espoir d’assurer la stabilité à long terme au Mali », ajoute-t-il.

Malgré l’absence de casques bleus des Nations unies, le Secrétaire général des Nations unies suggère que les pays membres devraient contribuer de manière volontaire à toute intervention.

« L’ONU n’est pas la mieux placée pour répondre à la menace sécuritaire que représentent les groupes terroristes », explique Ban Ki-moon. En revanche, les Nations unies envisagent de renforcer leur présence à Bamako en dépêchant des experts des droits de l’Homme et un grand nombre d’observateurs.

Pour sa part, le Président malienDioucounda Traoré a rencontré son homologue nigérien Issoufou Mahamadou le 2 décembre à Niamey. Les deux hommes ont à leur tour manifesté leur incompréhension face à l’attitude de l’ONU.

Dans un communiqué publié à l’issue de cette visite, les deux parties ont affirmé « ne pas comprendre un tel recul, qui ne fait que donner encore plus de temps aux groupes terroristes pour s’implanter sur le territoire malien ».

« Pendant que les populations du nord du Mali souffrent, chaque jour, des exactions perpétrées par les quatre groupes qui opèrent dans la région, la communauté internationale, à travers l’ONU, a opté pour un recul », explique ce communiqué.

« Rien, absolument rien, ne peut justifier cette position de l’ONU, alors que la CEDEAO et l’Union africaine ont donné leur accord pour le déploiement d’une force d’intervention en vue d’aider les forces militaires maliennes à reconquérir le territoire occupé », a déclaré Issoufou.

Les deux chefs d’Etat ont appelé les Nations unies a assumer plus de responsabilité dans la résolution de la crise malienne.

Bakari Gueye

Source  :  Magharebia le 04/12/2012{jcomments on}

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