Mauritanie : une triple commémoration sur fond de convalescence présidentielle

(anonyme)

Les mauritaniens vont célébrer le 28 novembre prochain leur 52 ème anniversaire d’indépendance et dans une moindre mesure le 22ème anniversaire d’Inal et pour la première fois le 23ème anniversaire du massacre de Sori Malé. Une triple commémoration avec en toile de fond une convalescence du président mauritanien Ould Aziz qui suscite des incertitudes au niveau de l’opinion nationale.

A la veille de ces célébrations, les défenseurs des droits de l’homme montent au créneau cette semaine à Nouakchott.

Un anniversaire peut en cacher deux autres. Le 28 novembre prochain la Mauritanie célèbre son 52ème anniversaire d’Etat libre et indépendant qui coïncide depuis l’année dernière avec la commémoration des 28 soldats négro-mauritaniens assassinés les 27 et 28 novembre 1990 non loin de la base militaire d’Inal au Nord du pays dans la région de Dakhlet-Nouadhibou et pour la première fois cette année le 22ème anniversaire de Sori Malé, un village non loin de Mbagne dans la région de Brakna dont plusieurs habitants des cultivateurs, pêcheurs et éleveurs ont été enterrés dans des fosses communes lors des évènements de 1989.Ce sont là deux évènements graves qui illustrent parfaitement l’arbitraire sous le règne de Ould Taya. Sori Malé est une promesse de l’IRA après son voyage de l’année dernière à Inal. Pour les observateurs les deux localités mauritaniennes sont intimement liées et constituent la face d’une même réalité que le président anti esclavagiste Ould Abeid initiateur de cette démarche qualifie de folie raciste du régime de Ould Taya. A quelques jours du 28 novembre, les défenseurs des droits de l’homme montent au créneau aussi pour dénoncer ces crimes odieux commis par la soldatesque de Ould Taya pour qu’on ne les oublie pas. Toutes les ONG nationales et internationales, les mouvements citoyens « Touche pas à Ma Nationalité » et les jeunes du mouvement du17 février, les partis politiques progressistes, les leaders d’opinion et la société civile sont mis à contribution pour rendre hommage à tous ces braves gens sacrifiés sur l’autel d’un racisme d’Etat. Leur dénominateur commun, la recherche de la vérité pour punir les coupables. Plus de décennies après cette barbarie la question ne se pose pas en tout cas pour les historiens et les citoyens s’il faut célébrer les trois commémorations en même temps du moins au moins Inal et le 28 novembre parce que le choix de la fête de l’Indépendance pour commettre les crimes les plus odieux contre des soldats peu importe leur couleur ou appartenance ethnique défenseurs de la patrie est à la fois un parjure et une insulte à la nation mauritanienne. Il n’y a pas donc de confusion mémorielle mais un devoir de mémoire du point de vue symbolique d’abord parce que c’est une tragédie nationale ensuite historique et pédagogique pour les futures générations à condition que la réconciliation nationale soit une réalité et ne se résume pas en une journée nationale décrétée au plus haut sommet de l’Etat sans au préalable avoir désigné les coupables dans le cadre d’une vaste opération de Vérité et Réconciliation .C’est dans cette perspective que l’histoire d’Inal et de Sori Malé pourra s’écrire. Ce serait une grave erreur pour l’opposition ou pour les FLAM frappés d’ostracisme depuis plus de trois décennies et porteurs d’espoir aujourd’hui pour une Mauritanie nouvelle de ne pas porter haut le message pour bousculer les idées reçues et contraindre le régime de Ould Aziz à tenir compte de ces pages sombres de l’histoire de la Mauritanie .L’IRA et les FLAM même combat. Pour les seconds l’heure est à la reconstruction. Les mauritaniens sont dans l’expectative et attendent qu’ils s’impliquent positivement dans ces commémorations. A court terme la formation d’un parti politique pourrait dissiper les craintes encore une fois de ceux qui continuent de diaboliser le mouvement. Dans cette perspective de réunification des deux luttes et non des deux mouvements, l’initiative de l’IRA pourrait avoir un grand impact pour la communauté négro-africaine qui s’estime lésée du fait que les coupables courent toujours sans être inquiétés et qu’elle espère faire avancer petit à petit toutes ses revendications de justice sociale et d’égalité entre tous les mauritaniens. Dans tous les cas c’est un satisfecit pour les militants anti-esclavagistes qui ont prévu pour la première fois d’investir les lieux du crime avec un pèlerinage du site de la fosse commune à Sori Malé. Cette préparation exclusive de commémoration intervient au moment où le président mauritanien est en convalescence en France depuis un mois suite à l’incident de Tweila qui a failli lui être fatal. Selon ses proches et des sources française Ould Aziz pourrait rentrer le 26 novembre prochain et assister certainement aux festivités du 28 novembre. Un anniversaire qui laisse planer des doutes sur la santé du locataire du palais de Nouakchott et au-delà sa capacité à poursuivre son quinquennat. Toutes ces incertitudes devraient inspirer le chef de l’Etat à revoir sa copie sur la question nationale et notamment le règlement du passif humanitaire. Dès son retour à Nouakchott Ould Aziz devra reprendre son fauteuil et combler rapidement le vide juridique du parlement engendré par l’absence de tenues d’élections législatives depuis juillet 2009 et se rapprocher de l’opposition qui n’attend qu’une occasion pour lui sauter dessus. Dans l’immédiat l’opinion nationale et internationale s’interroge sur sa participation aux festivités du 28 novembre.

Bakala Kane{jcomments on}

(Contribution reçue à Kassataya le 20/11/2012)

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