En tout ce seraient 854 milliards de dollars dont auraient été privés les trésors africains entre 1970 et 2008. Chiffre auquel s’ajoutent 945 milliards de dollars issus des transactions illégales transfrontalières (contrebande, fraude…). Ce seraient ainsi quelques 1,5 milliards de dollars qui seraient perdus chaque année et réexpédiés dans les pays riches par les multinationales, privant ainsi l’Afrique d’importantes réserves de devises.
Mais les critiques des consultants ont relevé quelques insuffisances du rapport. Il ne fait pas cas des comportements des citoyens qui, passivement ou non, alimentent les circuits de la délinquance financière. Les dessous de table et les sommes versées à des agents de l’Etat qui le détournent à leur profit représentent aussi un manque à gagner pour des finances publiques sinistrées. Pour mettre fin à ce que le chercheur Achille Mbembé appelle « le gouvernement privé indirect » il faudra sans doute une plus grande implication et une responsabilisation du citoyen en le conduisant à renouveler son pacte d’allégeance à l’Etat. Cela passera par l’acquittement des impôts et des taxes à qui de droit. Cela passera aussi par la formation du citoyen et des journalistes aux techniques et aux méthodes d’investigation et en les mettant à l’abri de l’achat de conscience ou de la corruption.
D’autre part, l’Etat devra jouer la carte de la transparence en rendant consultables ses comptes en ligne comme c’est le cas dans certains pays du Nord.
En outre, les consultants ont relevé que le rapport n’intègre pas la situation nouvelle créée par les révolutions arabes et qui a permis de mettre à jour l’ampleur des détournements. Une militante libyenne a ainsi rappelé la nécessité de contraindre les pays africains à collaborer à la découverte et à la restitution des sommes dont les libyens ont été privés par la gestion du régime Kaddhafi.
Créé en 2011, le Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique réunit d’éminentes personnalités d’Afrique et du monde ayant de l’expertise notamment dans des domaines en rapport avec les aspects financiers du développement du continent. Dirigé par M. Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud, le panel a pour vice-président le Gambien M. Abdoulie Janneh, secrétaire général adjoint de l’ONU et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique. M. Abdalla Hamdok, secrétaire exécutif adjoint de la CEA en préside le comité technique qui a pour but « de mener des études détaillées et approfondies pour faire la lumière sur l’ampleur et les ramifications des flux financiers illicites au sein des économies nationales ainsi que sur les impacts humains du phénomène. Le Groupe a également pour mission de rationaliser les initiatives que les pays africains peuvent entreprendre soit individuellement soit collectivement aux fins d’endiguer les flux financiers illicites et de rapatrier les fonds détournés. »
Parmi les consultants, il y avait deux Mauritaniens, l’ancien ministre Mohamed Ould Abed et le directeur de publication de KASSATAYA.
Pour aller plus loin : http://uneca.africa-devnet.org/fr/content/les-flux-financiers-illicites-en-afrique
Abdoulaye Diagana
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com