Journées des martyrs d’Inal et de Sorimalé: Le compte à rebours à commencé

(Le pélerinage d'Inal le 28 Novembre 2011. Crédit photo : Thiam Mamadou / Le Calame)

Le comité préparatoire de la journée du souvenir des martyrs d’Inal 2012 s’est réuni, le 24 octobre dernier, au siège du COVIRE.

La rencontre, qui a réuni les délégués des organisations de la société civile et des partis politiques, candidats au voyage d’Inal, avait pour but de préparer la célébration de la journée des martyrs d’Inal mais, aussi, de Sorimalé et de la forêt de Diakal, ensevelis dans le sable, la veille de la célébration de l’accession de la Mauritanie à la souveraineté internationale. Après d’intenses discussions, les participants ont approuvé la mise en place d’un comité préparatoire, adopté un projet de déclaration sur ces journées et discuté de questions diverses.

Important dispositif

Le président du COVIRE, Kane Mamadou, est d’abord revenu sur le contexte qui a présidé à l’organisation des journées des martyrs d’Inal, dont le but est de maintenir vivant le souvenir de ces hommes lâchement abattus par leurs frères d’armes, un certain 28 novembre 1990. Kane a, ensuite, loué les efforts consentis par le mouvement abolitionniste IRA et son président Biram Ould Dah Ould Abeïd, à l’origine de cette manifestation célébrée, pour la première fois, les 27 et 28 novembre 2011, sur les lieux où les crimes ont été perpétrés. Le président du COVIRE a, également, relaté les différentes concertations, menées auprès des partenaires, pour la réédition du pèlerinage d’Inal et son extension à Sorimalé, comme annoncé par le président d’IRA, au terme du voyage d’Inal. On se rappelle, en effet, qu’à la fin de la première édition, Biram Ould Dah avait annoncé son intention de célébrer la journée des martyrs à Sorimalé, pour l’année 2012. Une autre cité martyre située dans le département de M’Bagne.
Les participants ont largement débattu de la question, des modalités d’organisation de cette deuxième édition et de l’opportunité de faire les deux voyages en même temps. Il a été recommandé une coordination entre les comités préparatoires, afin de mener à bien les préparatifs. Les participants ont, ensuite, procédé à la mise en place de plusieurs commissions : de coordination, dirigée par le docteur Outouma Soumaré ; d’organisation, pilotée par Bala Touré (IRA) ; de communication, présidée par Kane Mamadou (COVIRE) ; des religieux (IRA) ; de logistique, dirigée par Dame Bâ (IRA) ; des finances, présidée par Awa Bâ (COVICIM) ; de sensibilisation et de contacts, dirigée par Mamadou Sarr (FONADH). Toutes les organisations humanitaires, de la société civile et des partis politiques sont représentées dans les différentes commissions.
Pour rappel, les pèlerins d’Inal 2011 avaient subi d’énormes pressions. Le pouvoir ne voulait pas, en dépit de la volonté politique qu’il affiche, ici et là, offrir l’occasion, à Biram Ould Dah, de réussir ce premier pèlerinage fortement médiatisé et n’a ménagé aucun effort pour décourager les pèlerins. Les forces de sécurité ont bloqué, pendant des heures, le cortège à destination d’Inal, afin de l’empêcher d’arriver à temps et de célébrer le jour J. Obstructions, provocations, contrôles ont ponctué le voyage. Il aura fallu la ténacité du président d’IRA et des autres organisations pour réussir leur challenge.

Sorimalé aura son pèlerinage

Les populations de Sorimalé ont subi, de plein fouet, les conséquences des évènements de 1989. Comme nombre de villages situés sur la rive du fleuve, Sorimalé s’est vu flanqué d’un poste de police dont la principale mission était de surveiller les va-et-vient de part et d’autre du fleuve, avec, à la clef, une espèce de rançon des populations. Pour traverser, ne serait-ce que pour des condoléances, chaque personne devait s’acquitter d’un montant de 100 à 200 UM. Pour les commerçants, le prix variait, suivant la quantité à faire traverser, dans un sens ou l’autre. Il y avait, souvent, des fluctuations, liées aux changements de l’équipe en poste ou de l’arrestation de gens revenant du Sénégal. Sorimalé et les autres villages voisins, situés un plus loin du fleuve, s’accommoderont difficilement des humeurs des commissaires et des commandants de brigade qui se sont succédé à M’Bagne, pendant cette période.
Cette situation durera jusqu’à l’intrusion, dans la zone, d’hommes armés, travaillant dans la coupe du bois, agissant sous la protection de l’administration et des forces armées et de sécurité. Ces hommes circulaient librement, au point que les populations n’osèrent plus se rendre dans leurs champs, à certaines heures de la journée. Ceux qui eurent le malheur de s’aventurer, ne serait-ce qu’aux alentours mêmes de leur village furent, purement et simplement, abattus. Avec un paroxysme, le 18 mars 1990, qui vit Samba Dioulé Dia, Abou Mamadou et Diallo Thierno Moctar partir à la recherche de leurs animaux. Ils ont été abattus, à en croire des témoignages dignes de foi, par la bande armée qui écumait la forêt dite de Diakal, au nord-ouest de Sorimalé. Leurs corps seront découverts dans une fosse commune, en 1992. La presse indépendante se déplace, alors, sur les lieux et Sorimalé, village martyr, est placé sous les feux de l’actualité. Le permanent du CMSN de l’époque, le docteur N’Diaye Kane, enquête mais, hélas, sans pouvoir y donner suites.
A ces personnes froidement abattues, il faut ajouter Amadou Harouna Thiongane. Cet homme très célèbre, dans la zone, pour sa jovialité et sa courtoisie, fut abattu par les éléments de la Garde qui remplacèrent les policiers. Presque tous analphabètes, ces gardes se sont livrés à toutes sortes d’exactions : interdire les cérémonies de famille, la surveillance des champs, poussant le culot jusqu’à imposer l’extinction de toute lumière dans les maisons, la nuit, et obliger les populations de leur fournir des moutons pour leur alimentation.
Selon l’enquête effectuée sur les lieux, Thiongane Amadou fut arrêté, la nuit, au bord du fleuve : un crime, à l’époque. Les gardes l’ont accusé de venir de l’autre côté du fleuve et de servir de vaguemestre, pour les Mauritaniens de la diaspora. Autrement dit, de transporter l’argent que la diaspora envoyait aux familles restées au pays. Les villageois ont déclaré avoir entendu les gardes le battre, à coups de crosse et de ceinturons, en traversant la localité, avant de l’achever hors du village.
Espérons que ces voyages sur les lieux de mémoires vont permettre à tous ceux qui ont été frappés par la répression aveugle et barbare des années 89/92, de connaître, enfin, où les leurs sont ensevelis, ce qui facilitera la tâche de la commission pour la cartographie des sépultures, annoncée par le président de la République, il y a quelques temps et qui tarde à voir le jour.

Dalay Lam

Source  :  Le Calame le 01/11/2012{jcomments on}

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