Finances publiques : Les banques se frottent les mains devant la subvention de Somagaz

(Crédit photo : anonyme)

Il y a quelques semaines nous nous faisions l’écho au QDN d’une subvention de 5 milliards d’ouguiya et que rien ne justifie le gouvernement s’appretait à verser à la SOMAGAZ. Eh bien nous sommes loin du compte, ce sont en fait plus de 8 milliards d’ouguiya de l’argent des contribuables qui serviront à éponger les créances de certaines banques.

En tête de fil la BNM avec 7 milliards dont 5 constitués uniquement d’agios va voir son ardoise effacée grâce à cet apport de fonds frais, suivi de la BADH qui va recevoir entre 300 ou 400 millions d’ouguiya pour résorber la dette de la Somagaz. Rappelons que la BNM était la seule banque qui avait refusé il ya quelques années de revoir à la baisse ses créances à l’égard de la Sonimex. Il finit d’ailleurs par avoir gain de cause lorsque Zein Ould Zeidane fut nommé premier ministre et qu’il fit orienter les fameux 50 millions de dollars vers cette banque. Le même exploit va-t-il être réédité ? Il faut souligner que le capital de la Somagaz est constitué de 34 % détenus par l’Etat mauritanien; la Naftec Sa (Algérie) 33 % et les Actionnaires privés mauritaniens 33 %.

Depuis plus d’une année, la production de la SOMAGAZ est en chute libre. La société qui vendait quotidiennement plus de 110 tonnes fin 2009, a vu sa production chuter à partir de 2010 et elle est aujourd’hui à 50 tonnes seulement et la descente continue.

La société qui avait une avance de 20 ans par rapport à BSAGAZ et 24 ans par rapport à RIMGAZ, n’a pas tenu le coup et en un laps d’une année seulement à partir de 2011, elle a perdu plus de 60% du marché national qu’elle monopolisait pendant plus de 20 ans.

Cette chute s’explique en partie par la perte du monopole, la politique commerciale agressive adoptée par ses concurrents mais aussi par l’état d’abattement qui touche les cadres de cette société frustrés de voir des incompétents se succéder à la direction générale avec chaque fois à la clef des détournement de la gabegie et du clientélisme.

Cette mainmise de l’Etat a également mis les actionnaires qui détiennent la majorité (66%) dans une situation de désintéressement et les algériens envisagent sérieusement de se retirer. Bien entendu ce sont les contribuables qui continueront à payer pour cette mauvaise politique et ces détournements. Il faut souligner que cette subvention est différente de la subvention du prix qu’accorde l’Etat au trois entreprises du secteur. Il s’agit ni plus ni moins que d’un renflouement de trésorerie destiné surtout à couvrir des marchés frauduleux et à payer des fournisseurs fictifs et à remplir les poches de certains banquiers.

A combien de routes, combien d’écoles, et combien d’autres infrastructures l’Etat a –t- il du renoncer pour payer cette importante somme en cette année de sécheresse ? Pourquoi l’Etat intervient il si ouvertement pour fausser le jeu de la concurrence libre et loyale ? L’Etat mauritanien continuera-t-il tout seul à supporter la mauvaise gestion des hommes qu’il a placée au lieu d’être conséquent et de faire participer tous les propriétaires à la gestion et au suivi.

Bien entendu la solution passe par un partage des rôles. Pourquoi par exemple ne pas confier aux partenaires algériens, la présidence du conseil d’Administration pour s’assurer que toutes les décisions prises sont cohérentes et pour engager leur responsabilité en cas de problème. Aux actionnaires privés mauritaniens on pourrait laisser, comme pour la STP, la direction financière afin de limiter les dépenses dispendieuses injustifiées.

En tout cas avec cette nouvelle subvention que rien ne saurait justifier voilà que le gouvernement renoue avec la vieille politique de subvention de trésorerie pour des entreprises publiques souffrant d’un déficit chronique dû surtout à la mauvaise gestion de ses dirigeants. Ainsi personne ne s’étonnera de voir la Somagaz finir par subir le sort de toutes les sociétés publiques et dont pour se débarrasser il fallait engager le pays dans le fameux et douloureux Plan D’ajustement structurel.

Selon différentes sources Rimgaz et BSA gaz envisagent de protester officiellement auprès du ministère du commerce pour concurrence déloyale et auprès du FMI et de la Banque Mondiale vis-à-vis desquels le gouvernement mauritanien s’était engagé à laisser le libre jeu de la concurrence.

Bouna Cherif

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 01/11/2012{jcomments on}

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