Marché du patrouilleur de la DSPCM : Où en est la Construction?

(Crédit photo : anonyme)

Les conditions d’attribution d’un marché de construction d’un patrouilleur au profit de la DSPCM (délégation à la surveillance des pêches et contrôle en mer), en mars 2010, au profit d’une société chinoise, la CSTC pour un montant de 10.180.000 € avaient soulevé, à l’époque, une véritable polémique.

Mais on n’en sait pas plus, encore, en octobre 2012, sur la livraison de ce bâtiment malgré les paiements versés, plus de 50% de l’enveloppe, selon certaines sources.

Malgré le peu de qualifications de la Commission Centrale des Marchés (aujourd’hui désuète), limites qu’elle reconnaissait elle-même (voir fac-similé), il faut bien croire que la commande effectuée, après un appel d’offres international, et l’adjudication au moins disant des soumissionnaires, continuera de faire des vagues. La commande avait été faite du temps où Cheikh Ould Baya, aujourd’hui conseiller omnipotent du ministre des pêches et de l’économie maritime, présidait aux destinées de la DSPCM (Voir QDN en date du Mercredi 02 juin 2010). En effet, dans sa décision de l’époque, la CCM avait même dit qu’après « examen de la lettre N°0106 MPEM /SG du 09 mars 2010, relative à la transmission des offres pour l’acquisition d’un patrouilleur pour la DSPCM » qu’elle avait « constaté que la procédure », « n’est pas conforme à celle de passation des marchés publics ». Néanmoins, la CCM, en raison de « l’urgence d’améliorer le taux d’absorption du budget alloué au secteur de la pêche et de la nécessité d’acquérir ce patrouilleur», elle avait ainsi, sans autre forme de procès, donné son feu-vert pour le lancement du DAO, assorti de la mise à sa disposition de deux représentants de l’Administration concernée (DSPCM ?) pour participer à l’évaluation des offres.

Un chèque en blanc !

Aucune polémique ne saurait certainement être suscitée sur l’opportunité de l’acquisition d’un patrouilleur de service public pour contribuer aux missions de sauvegarde de nos eaux territoriales, proie d’incursions illégales acharnées et d’infractions continues des lois et même victimes de navires de pêche INN. Mais est-ce pour autant suffisant pour imploser la règlementation au nom de l’urgence d’absorption des fonds alloués? Le département des pêches peine, même aujourd’hui, après maintes études faites relatives à la construction de débarcadères, pour absorber les finances qui lui sont allouées notamment dans le cadre de l’appui aux infrastructures prévu dans l’accord de partenariat de pêche (2010-2012), soit près de 25 millions d’euros. L’idylle reportée sur la construction d’un patrouilleur qui, nonobstant son importance, se révèle un véritable gouffre. Sur les 10 millions d’euros nécessaires à sa construction, 5 millions d’euros proviennent de l’Ue. Et même si l’adjudication a été faite au moins disant des soumissionnaires à l’AOI, les observateurs estiment que le coût en vrac est quelque peu exagéré d’autant que pour le même montant, la DSPCM aurait pu se construire plusieurs unités pour le prix d’un. Comment peut-on comprendre que les décideurs s’en soient tenus seulement à un bâtiment ? Là est toute la question. Là au moins et si l’on admettait que le bâtiment sera livré dans les délais, apparait la nécessité d’une contre-expertise indépendante pour évaluer les coûts de construction de ce navire. Il ne faudra surtout pas se fier aux déclarations et aux apparences qui sont souvent trompeuses. Si livraison, il y a, il faudrait passer le navire au peigne-fin pour s’assurer qu’aucune avarie ou distorsion avec les données spécifiées n’ont été oblitérées sciemment ou non par le constructeur. Mais on n’est pas encore à la livraison. Aujourd’hui, le code des marchés publics impose la transparence même à la grande muette !

Qui de l’Administration concernée était présent ?

La polémique suscitée par la construction du patrouilleur a probablement pour origine, l’opacité dans laquelle ce dossier a été traité. L’on sait que cinq autres postulants ( ASTILLOROS ZAMAKONA S.A pour 16.934.000 € ; ASTILLOROS ARMON, SA pour 16 .930.000 € ; FRANCISCO CARDAMA, SA pour 12.560.000 € ; SENCORA pour 16.300.000 € et RAIDCOMARINE pour 26.000.000 €) ont été battus par l’Offre chinoise de China Shipbuilding Trading Co., Ltd. Mais est-ce à dire que les spécifications techniques et les normes en la matière seront respectées ? La CCM ayant reconnu son manque de qualification pour évaluer les offres techniques et financières pour l’acquisition du patrouilleur, elle semble en faire adosser la responsabilité aux personnes ressources de l’Administration concernée supposées mieux appréhender de telles données ? Mais qui sont ces personnes ? Là, c’est le mystère total puisque leurs noms n’immergent pas. La CCM, le ministère des pêches et la dspcm restent embarqués sur le même…patrouilleur !
Affaire à suivre donc !

JD

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 18/10/2012{jcomments on}

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