Réfléchir quand même

(Anonyme)

L’incident du samedi dernier – oui, on ne sait pas encore à l’heure actuel s’il s’agit d’une méprise (comme le veut la version officielle), ou d’une tentative d’assassinant (scénario sur lequel les médias ont sauté en premier lieu) appelle tout de même à réfléchir sur certaines choses. En premier, que « tout homme est mortel ». Une vérité que les mauritaniens ont souvent tendance à oublier, et partant, à oublier aussi que le pouvoir a toujours un de ces raccourcis qui nous aident à sortir de notre torpeur.

Jusque-là, tous les regards étaient braqués sur la crise politique, l’initiative du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, la quatrième session ordinaire du parti au pouvoir, l’UPR et, à la lumière de la prise d’une résolution au Conseil de sécurité sur une éventuelle intervention militaire au nord Mali, la participation ou non de la Mauritanie à cette « expédition punitive ». Le président Aziz, qui était en retrait par rapport à tout cela, est subitement revenu au devant de la scène, de manière malencontreuse certes, mais qui repose la question de la sécurité du pays. Tout le monde pensait que le dispositif mis en place était imparable. Dans des conditions normales seulement. Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) a été éloignée de nos frontières, et les préparatifs de la guerre que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ne nous concernaient pas véritablement parce que l’initiative a été prise ailleurs. Notre guerre contre AQMI nous l’avons déjà faite. On attendait pourtant le danger de ce coté, pensant à des représailles comme l’attaque de la garnison de Néma ou la tentative de Nouakchott. Et c’est à Al qaeda que les mauritaniens ont pensé en premier lieu, quand l’information sur l’attentat contre Aziz a circulé. Il y avait certainement aussi une autre « piste » à laquelle certains ont pensée : « Aziz dégage » a-t-il pris l’allure malheureuse d’une machination allant jusqu’à la mesure extrême ? C’était une hypothèse certes, qui pouvait faire l’affaire du pouvoir, mais celui-ci l’a très vite éloignée en évoquant une erreur et les différents leaders de la COD ont tous compati avec un président de la République.

C’est pour dire donc que cet incident peut bien servir à quelque chose : faire comprendre au pouvoir qu’il n’ y a jamais une sécurité parfaite, et donc que la meilleure protection est d’entretenir de bons rapports avec le peuple, l’opposition et les voisins, mais aussi, l’élan de compassion de l’opposition montre que son « Aziz dégage » n’était qu’une stratégie destiner à mettre plus de pression sur le pouvoir pour le pousser à faire des concessions. C’est une brèche qui s’ouvre donc pour que les différents protagonistes de la crise politique entrevoient la possibilité de s’asseoir autour d’une même table pour discuter. Ce serait possible dès le retour au pays du président Aziz.

Sneiba Mohamed

Source  :  Blog de Sneiba Mohamed le 16/10/2012{jcomments on}

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