L’UPR souhaite qu’il y ait enquête chaque fois qu’il y a mort d’homme (Audio)

M. Mohamed Yahya Ould Horma. Photo Abdoulaye Diagana/KassatayaInvité de KASSATAYA dimanche, M. Mohamed Yahya Ould Horma, vice président de l’Union Pour la République -principale formation de la majorité en Mauritanie– a pris, contre toute attente, le contrepied des thèses faisant de la tenue des élections législatives et municipales une urgence.

Que des députés puissent siéger alors que leur mandat a expiré ne semble pas alerter plus que d’ordinaire le vice président du parti présidentiel. Pas plus que les multiples reports des rendez-vous électoraux. Monsieur Ould Horma trouve même une vertu dans ce report car, de son point de vue, le retard dans l’organisation des élections est salvateur parce qu’ « il permet de faire avancer le fichier biométrique qui permettra de mettre fin à la contestation électorale ; il permet de mettre sur pied une CENI qui prend en charge l’élection, qui l’organise plutôt que de se contenter de la surveiller. C’est un changement de mission énorme qui emporte des décisions importantes ».

De même, M. Ould Horma ne semble pas reprendre à son compte les cris de sirènes qui alertent sur les lenteurs de l’opération de recensement dont dépendent à la fois les fichiers d’état-civil et le sort des élections. En les rapportant aux effectifs de l’ancien fichier électoral, M. Ould Horma, en conclut qu’à « 1 million 300 mille inscrits, donc autant d’électeurs » le compte y est presque. C’est un peut vite dit. Quel cas fait-il des enfants et des mineurs recensés ? Les auditeurs resteront sur leur faim en ce sens que l’invité n’a pas su expliquer pourquoi l’obsolescence de l’ancien fichier a été décidée alors que le nouveau n’est pas encore opérationnel. Il faudra se suffire de ceci : « on ne peut pas ne pas attendre ce fichier, on n’a pas de fichier alternatif, les anciennes pièces d’identité sont périmées… ».  

M. Ould Horma le dit d’autant plus facilement que, selon lui, si les élections ont été reportées, « c’est sur demande de l’opposition » soucieuse d’avoir « des élections transparentes et sous surveillance neutre ». « Ce n’est pas tout à fait ça », objecte un dirigeant de l’opposition :  » l’opposition demandait que le processus soit conduit conformément aux accords de Dakar ». Ce qui, pour M. Ould Horma, reviendrait « à prendre les gens pour des… ».

Peu enclin à faire table rase du passé, le vice président de l’UPR rappelle le refus, pour l’opposition, de reconnaître la victoire du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz plusieurs mois après la proclamation des résultats de la dernière élection présidentielle. Une opposition à laquelle il reproche enfin de n’avoir pour seul programme que le départ d’Ould Abdel Aziz comme l’indique la Charte de la Coordination de l’Opposition Démocratique.

L’UPR favorable au principe d’une enquête chaque fois qu’il y a mort d’homme

L’interview fut l’occasion d’évoquer la mort de Lamine Mangane, un jeune tombé sous les balles de la gendarmerie à Maghama (sud de la Mauritanie) en septembre 2011 lors d’une manifestation organisée par la Coordination Touche Pas à Ma Nationalité pour dénoncer un recensement jugé discriminatoire à l’endroit des noirs de Mauritanie. Tout en présentant ses condoléances à la famille du défunt et en reconnaissant le droit de manifester, M. Ould Horma a rappelé que son exercice doit se faire dans le respect de la loi. La position de son parti est de demander que soit diligentée une enquête chaque fois qu’il y a mort d’homme, « comme ce fut le cas lors du décès d’un manifestant à Akjoujt. Et je suppose que les autorités compétentes l’ont fait pour le cas de M. Mangane ». La famille de Lamine Mangane demande que lumière soit faite sur la disparition du jeune manifestant. A ce jour elle n’a pas obtenu gain de cause.

Au plan économique « tout est pour le mieux »

Le leader politique de la majorité n’a pas manqué de mettre en exergue le satisfécit accordé par le FMI à la Mauritanie « dans des termes élogieux » : 750 millions de dollars US, un taux de croissance en progression à 6,5 % sont autant de signes encourageants. Autre motif de satisfaction, la révision des accords de pêche avec l’Union Européenne largement à l’avantage de la Mauritanie : 67 millions d’euros annuels de redevance, 3 millions pour renforcer les infrastructures, 60 % de personnel navigant mauritanien sur les navires… L’euphorie n’aide pas à s’attarder sur les voix qui rappellent que cette performance est à prendre avec prudence eu égard aux falsifications de chiffres relevées dans un passé récent dans les rapports remis au FMI. D’autres regrettent que ces résultats ne profitent pas in fine aux ménages modestes. Tous procès que M. Ould Horma met sur le compte de prévisions « d’apprentis économistes » et qu’il balaie d’un revers de main. A part ce qui ne va pas, tout serait donc pour le mieux…

 Abdoulaye DIAGANA

Ecouter l’interview en cliquant ici

 

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