La société civile mauritanienne lutte contre la corruption

(Le ministre mauritanien de l'Economie Sidi Ould Tah (au centre) explique que le gouvernement a mis en place une stratégie visant la création d'emplois pour les jeunes. Crédit photo : Jemal Oumar / Magharebia)

Les organisations de la société civile mauritanienne se sont penchées la semaine dernière sur les moyens de participer à la lutte contre la corruption dans le pays et de favoriser la création d’emplois pour les jeunes.

Un séminaire de trois jours, qui s’est terminé le samedi 29 septembre à Nouakchott, a proposé des conférences sur le rôle des médias dans la lutte contre la corruption, sur les conventions internationales et sur la gouvernance.

Les participants à ce forum parrainé par le gouvernement ont parlé de la manière d’intégrer les jeunes dans la vie active, pour les aider à trouver un équilibre social et psychologique qui les maintienne dans le droit chemin.

Les autorités « sont parfaitement conscientes des répercussions de la corruption et de ses effets nocifs sur l’économie et la société, et les efforts déployés ces dernières années par le gouvernement pour gérer les deniers publics de manière rationnelle nous ont permis d’économiser d’immenses ressources financières », a déclaré le ministre de l’Economie Sidi Ould Tah.

Le gouvernement a réussi à mettre en place des infrastructures pour les couches vulnérables et à créer des emplois, selon le ministre. Cette stratégie a été complétée par tout un ensemble de mesures tangibles, comme l’adhésion à l’Initiative de transparence dans les industries extractives (ITIE) et la mise en place de réformes dans l’administration financière, de manière à créer une culture de la transparence, a-t-il ajouté.

Les participants ont pu se familiariser avec les concepts, les méthodes et les mécanismes de lutte contre la corruption, ainsi qu’avec ses effets sur l’emploi des jeunes. Ils ont également eu l’occasion de mieux connaître la Convention des Nations unies contre la corruption (UNCAC) et d’autres traités régionaux.

Ce forum a été un évènement important, qui s’inscrit dans le droit fil des intérêts du gouvernement mauritanien, a expliqué Ould Tah.

L’UNCAC est entrée en vigueur en 2005 et compte à ce jour 155 signataires, a indiqué la représentante permanente de l’UNDP en Mauritanie, Coumba Mar Gadio. « La plupart des pays sont aujourd’hui convaincus de la nécessité de mettre en place les conditions adaptées à la bonne gouvernance, à la transparence et à la lutte contre la corruption pour réduire la pauvreté et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement », a-t-elle déclaré.

Tout succès réel dans la gestion des ressources aura nécessairement un impact sur les jeunes, ont reconnu les participants.

« La relation entre les dangers de la corruption et le taux de chômage au sein de la jeunesse est très forte, car la corruption est l’utilisation de l’argent et des ressources financières à des fins autres que leurs fins d’origine », a déclaré Mohamed Abdellahi Bellil, président de l’association Alliance contre la corruption en Mauritanie, a Magharebia.

« Les moyens mis à la disposition de la formation et de l’emploi des jeunes sont soit détournés, soit totalement inutilisés », a-t-il ajouté. « De tels actes portent préjudice à l’éducation et privent le pays de la possibilité de créer des emplois, des entreprises et une formation physique. Ils privent les jeunes de la nécessaire réintégration pour entrer dans le cercle du développement et en font des proies potentielles pour la déviance, la perte d’identité et l’extrémisme. »

La corruption prive les jeunes de la motivation et les empêche de développer leurs compétences, selon Bellil. « Ils peuvent alors tomber dans la dépression et deviennent des proies faciles », ajoute-t-il.

La Mauritanie doit mettre en place une législation qui active le rôle de la société civile dans le contrôle financier et lui confère le droit de poursuivre le corrupteur, a conclu ce militant.

« Là où existe la corruption, il y a une perte des possibilités d’emploi », a déclaré Kamra Sidi Moussa, secrétaire général de l’Observatoire mauritanien de lutte contre la corruption, à Magharebia. « Durant cet atelier, nous avons parlé des mécanismes qui permettraient à la société civile d’être efficace dans la lutte contre la corruption, malgré le fait qu’elle ne soit pas le décideur et qu’elle n’a pas le pouvoir de tenir les gens pour responsable »

« Nous devons être impliqués dans le processus de développement en disposant des moyens nécessaires, y compris l’information et les documents », a-t-il ajouté. « Si nous pouvons concrétiser ces demandes, l’économie verra ses performances s’améliorer et de nouveaux emplois seront créés pour les jeunes. »

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 02/10/2012

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