Sénégal : dix ans après, le Joola reste toujours dans les mémoires

(Des femmes prient devant les 145 tombes des naufragés du cimetière de Mbao, dans la banlieue de Dakar. Crédit photo : Carine Frenk / RFI)

Ce 26 septembre, le Sénégal se souvient du naufrage du bateau «Le Joola» aux larges des côtes gambiennes. Le Joola, c’est ce ferry qui assurait la navette entre Dakar, la capitale sénégalaise et la région naturelle de Casamance au sud du pays. Selon les autorités sénégalaises, la tragédie a fait 1863 morts et disparus.

De leur côté, les associations des familles des victimes dénombrent 2000 morts, et 64 rescapés. Le navire était conçu pour transporter 550 personnes. Son naufrage, le 26 septembre 2002, constitue ainsi la plus grande tragédie de l’histoire du Sénégal et un des naufrages les plus tragiques du monde en temps de paix, derrière le Titanic qui a tué entre 1490 et 1520 personnes en 1912.

Les familles en attente de justice

Dix ans après, les familles attendent toujours que les responsables du bateau soient traduits en justice. Elles réclament également le renflouement de l’épave et l’édification d’un mémorial. Mais, dès 2003, la justice sénégalaise sous le régime d’Abdoulaye Wade, avait classé le dossier sans suite. Les autorités judicaires concluaient que le seul responsable de l’accident était le commandant de bord disparu lors du naufrage. Depuis l’élection de Macky Sall à la présidence, en mars dernier, certains responsables d’associations sénégalaises espèrent que le nouveau pouvoir va remettre sur la table tout le dossier Joola. En attendant, les familles se battent pour trouver réponses aux véritables causes du naufrage alors que le navire sortait des ateliers, après un an d’immobilisation pour réfection. Pourquoi transportait-il près de 2000 passagers ? Ce qui représente quatre fois plus que sa capacité. Pourquoi les secours ont-ils mis plus de dix heures avant d’arriver ? Quand tant de vies auraient pu être sauvées, etc.

A Paris, la machine judiciaire continue

Suite au classement du dossier par le Sénégal, les familles des 22 victimes françaises ont porté plainte en France. Une information judiciaire a été ouverte pour homicides involontaires et défaut d’assistance à personnes en danger. En 2008, neuf hauts responsables sénégalais de l’époque, civils et militaires, ont été visés par des mandats d’arrêt internationaux. Le régime d’Abdoulaye Wade avait alors menacé la France de représailles judicaires. En 2009, la Cour d’appel de Paris a annulé deux mandats d’arrêt pour cause d’immunité. Mais la procédure judiciaire continue. La Cour de cassation doit se prononcer sur un éventuel procès en novembre prochain.

Le renflouement de l’épave, repérée dans les eaux gambiennes, avait été promis par les autorités de l’ancien régime d’Abdoulaye Wade. Cependant, l’opération n’a jamais été lancée. En souvenir de ce drame, plusieurs manifestations sont prévues à Dakar et à Ziguinchor, lieux d’arrivée et de départ du ferry.

Jeanne DIANDY, Correspondante à Dakar

le 26/09/2012

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