Quand il avait été annoncé, il y a deux ans, le projet de construction d’une nouvelle ville côtière, Ribat El Bahr, à quelques encablures de la capitale Nouakchott, était donné pour le projet du siècle en Mauritanie.
Rien à voir, vue l’ampleur des financements mobilisés, avec des projets similaires (Termessa, Chami, NBeiket Lahwach) plutôt à connotation locale et à dividendes politiques certains. Mais Ribat El bahr (qui tire son nom probablement de l’ancien » ribat » des Mourabitounes) est aujourd’hui sérieusement menacé : le partenaire saoudien, plus gros investisseurs du projet et caution financière auprès de la BID (banque islamique de développement), menace de se retirer. Tout simplement..Il y a du grabuges au projet ribat El Bahr, projet de construction au nord-ouest de Nouakchott d’uen gigantesque cité des affaires. Le Saoudien, Khaled Al Aboudi, président du Conseil d’Administration du Groupe qui finance le projet, serait entré dans de fortes dissensions avec ses partenaires mauritaniens, le ministre des Affaires économiques, Sidi Ould Tah, et le colonel à la retraite, reconverti dans les affaires, Aïnina Ould Eyih. Des divergences qui auraient même atteint un point de non retour, l’investisseur saoudien proposant à ses partenaires mauritaniens soit de lui céder leurs parts, soit de le » sortir » lui du projet évaluéà quelque 6 milliards d’UM et dont Al Aboudi détiendrait 80% du capital !
D’aucuns pensent que cette crise risque de constituer l’essentiel des discussions du CA du Groupe mauritanien pour les investissements (GMI), bailleur du projet de construction de la ville (en fait une sorte de station balnéaire, à vocation touristique) de Ribat El Bahr qui a décidé de tenir une assemblée extraordinaire dans le courant de la semaine prochaine.
Origine du conflit
Selon certaines sources, la crise qui menace aujourd’hui le projet de Ribat El bahr dans son existence même serait due au fait que les mauritaniens auraient fait preuve de trop de gourmandise. Le directeur exécutif du Projet, l’architecte Menni Ould Tah (frère cadet du MAED) aurait voulu forcer la société Delta Africa, chargée de la construction de la nouvelle ville, pour l’amener à céder les contrats d’importation de matériels et d’équipements à la partie mauritanienne. Une requête que Delta Africa a catégoriquement rejetée, sans tenant aux clauses du contrat signé entre elle et le GMI, en Arabie saoudite, en décembre 2011.
Le refus de Delta Africa de céder à la pression des mauritaniens impliqués dans le projet de construction de la ville de Ribat El bahr, aurait poussé ces derniers à prendre langue avec une entreprise turque de BTP à laquelle il aurait été demandé de faire une contre-proposition pour la construction de la nouvelle ville. Une offre que les mauritaniens auraient aussitôt portée à la Banque islamique de développement (BID), dans ce qui ressemble bien à une tentative d’écarter de leur route le partenaire saoudien ! Le niet de la BID embarrasse les mauritaniens
Mais la BID qui n’aurait consenti les financements aux initiateurs du projet que sous la garantie de l’homme d’affaire saoudien, aurait tout simplement refusé une telle proposition dont l’objectif non avoué était de court-circuiter Khaled Al Aboudi. La réponse de la BID aurait été qu’aucun réaménagement dans les dispositions préliminaires ne serait possible sans le consentement de celui qui, dans le décaissement des financements, était son principal interlocuteur et le garant de ses fonds.
Al Aboudi se fâche
Apprenant le » mauvais tour » que ses partenaires mauritaniens voulaient lui jouer, Al Aboudi se fâche. La personnalité commence d’abord à régler tous les engagements pris par sa société Delta Africa avant de signifier à ses partenaires qu’il n’a plus confiance en eux. La proposition de rupture vient de là, avec une demande de 20 milliards d’UM sur la balance qui l’amènerait à laisser le projet aux mauritaniens. Le cas contraire, il se dit disposé à reprendre les parts mauritaniennes pour continuer, seul, la construction de la ville de Ribat El bahr. Depuis, le problème est en l’état. De sources informées, le président Ould Abdel Aziz aurait demandé de surseoir à tout en attendant qu’il étudie lui-même la question.
L’opération de construction de la ville de Ribat El Bahr, qui soulève en elle-même plusieurs points d’interrogation par l’implication d’un membre du gouvernement (simple paravent disent certains ?) dans une affaire à capitaux privés, est aujourd’hui dans la situation délicate d’un projet qui met aux prises des partenaires courant derrière des intérêts divergents. Ceux qui sont bien au parfum des conditions dans lesquelles le montage a été effectué s’attendent à une solution qui ne pourrait venir que du président Ould Abdel Aziz lui-même. Il en va de ses choix économiques et stratégiques. Un éléphant blanc de cette taille n’arrangerait pas les affaires du pouvoir qui doit redorer l’image des affaires auprès des bailleurs étrangers, notamment arabes, et ceci à la veille d’élections municipales et législatives données pour imminentes, mais surtout d’une présidentielle qui avance à grands pas et à laquelle Ould Abdel Aziz sera sans aucun doute encore candidat.
MOMS
Source : L’Authentique le 23/09/2012
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