Depuis le lundi 27 Août, les acteurs du secteur halieutique en partenariat avec l’administration locale ont trouvé une solution à ce qu’on avait appelé « la crise du poulpe ». Cette crise avait commencé le mercredi 22 du même mois lorsque certains pêcheurs artisanaux ont vu le prix de leur poisson déprécié du fait d’une surabondance qui souvent est remarquable durant les mois de juillet et août.
La réunion à la wilaya qui a vu des représentants de la SMCP, des usiniers et des représentants des pêcheurs a montré que la solution du problème ne demandait qu’une pause voire un arrêt momentané de pêcher en attendant la stabilisation des prix en rapport avec l’offre et la demande.D’ailleurs, d’après nos sources, la plupart de ceux qui ont manifesté leur mécontentement n’étaient pour la plupart pas des vendeurs potentiels aux usiniers. Ceux-ci avaient auparavant demandé à leurs fournisseurs d’arrêter momentanément pour donner de la valeur à leurs produits.
D’un autre côté une solution à la conservation des produits a été trouvée avec les frigoristes. Les pêcheurs pourraient dorénavant entreposer leurs produits en attendant de trouver des réponses aux autres problèmes pendants. Même la société chinoise Hong Dong très décriée ici aurait proposé de conserver les produits des artisanaux si jamais les usiniers refusaient leurs produits. Celle-ci aurait des frigos qui peuvent conserver plus de 8000 tonnes de poisson.
Il faut ajouter à cela le rôle combien positif de la Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP) qui n’a pas lésiné avec les moyens pour mener à bien les négociations avec les japonais en particulier Mitsubishi afin de vendre tout le congelé terre. En effet, la Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP) sous l’égide de son directeur M BA Abdoulaye Mamadou, a pu vendre ce stock qui justement appartient aux artisanaux avec des prix intéressants malgré une conjoncture difficile. Cette conjoncture se résume en la dépréciation des prix du produit japon et la surabondance des captures. La diminution du prix de vente du produit de 20 % a été largement supportée par la quantité pêchée triplée par rapport à l’ancienne vente.
Aujourd’hui, la SMCP récidive le jeudi 30 août en présidant une réunion entre les hommes d’affaires, pêcheurs artisanaux et Mustsibishi. Celle-ci serait prête à acheter tout le poisson mauritanien à condition d’une diminution de son prix de 1200$ par rapport à la dernière vente par tonne soit une diminution de 1,2 $ par kg. Une véritable sinécure pour la pêche.
Grincements des dents par ci, emportements par là. Mais le directeur de la SMCP M. BA Abdoulaye n’en a cure. Il aurait donné un délai aux acteurs du secteur jusqu’à mercredi 6 septembre pour présenter leurs offres. S’il s’avère que la meilleure offre est celle de cet acheteur, le poisson lui sera vendu. A moins que …
En tout cas, la vente de tout le poisson à cette société japonaise permettra, selon plusieurs observateurs, de donner un nouveau souffle au secteur. Un bond en avant au moment où une autre crise plus forte s’installe suite aux clauses du contrat de pêche entre la Mauritanie et l’Union Européenne.
Les incidences de l’accord
Après la fronde des pêcheurs artisanaux ayant duré près d’une semaine, entre le 22 et 27 août, due à la mévente et aux problèmes sous-jacents de conservation du poulpe, Nouadhibou connaît depuis cette date les prémisses de l’impact d’un accord pourtant bien négocié par la partie mauritanienne lui donnant ainsi les coudées franches.
Seulement le revers de la médaille réside dans le fait que la Mauritanie n’a pas tenu compte de l’aspect social qui pourrait surgir suite à la réaction des européens lésés.
La première réaction de cette partie est celle des espagnols qui, dès la signature des accords le 27 juillet dernier, a jeté un pavé dans la mare, en annonçant qu’elle n’était pas d’accord sur les clauses du contrat.
Suite à cet accord elle débarque de fait 400 marins. Un autre groupe important de marins embarqués sur des bateaux russes consignés par Atlantic Pelagic d’Ahmed ould Mouknass ont eu l’amère surprise de se voir libérés ce mercredi 29 août augmentant ainsi le nombre de chômeurs marins débarqués des bateaux européens. Ces marins demandent aux autorités de leur trouver des solutions. Contraints de vivre ce chômage déguisé suite à l’accord UE-Mauritanie, ils espèrent des hautes sphères du pouvoir leur trouver un point de chute pouvant les prémunir contre cette nouvelle situation. Ils se considèrent comme étant des victimes expiatoires du nouvel accord de pêche.
Après la mise en selle du renouvellement de la classe politique, les clauses contraignantes des accords de pêche avec l’U. E ne met-il-pas sur table le renouvellement de la classe des hommes d’affaires en place depuis des décennies. En tout cas, la plupart a vu leur équipage vidé de leurs bateaux qui ne peuvent plus travailler dans la zone maritime qui leur est dévolue. Tellement les européens se considèrent lésés. Et les victimes se comptent par centaines car en plus des espagnols qui ont libéré 400 marins voilà que la flotte pélagique a déjà débarqué plus de 900 marins.
La révision des accords de pêche aura pour effets positifs l’augmentation de 60% de l’équipage mauritanien sur les bateaux européens, le débarquement du poisson à quai, le monopole de la pêche du poulpe aux mauritaniens et l’augmentation des montants alloués à l’Etat qui passe de 76 millions à 113 millions d’euros chaque année. Mais cet état de fait ne peut avoir lieu que si et seulement si les européens acceptent les clauses du contrat. Ce qui est loin d’avoir eu lieu. D’ailleurs c’est l’effet contraire qu’on constate. Certains pensent que tout ce remue ménage n’est fait que pour que les européens plient bagage et laissent le secteur aux chinois qui avaient déjà signé une convention pour 25 ans dont les clauses ont fait couler beaucoup de salives et d’encre.
Source : Lumières du Nord N° 92 du 5 septembre12 via Koyle Info le 09/09/2012
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