Quelle place pour la femme journaliste en Mauritanie

Mme Zeinabou Mint Erebih, chef du bureau de la chaine qatarie Aljazeera à Nouakchott. Source anonyme.Les femmes représentent une proportion croissante de la population active mauritanienne, avec notamment les progrès enregistré dans le domaine de la scolarisation des filles et l’accès de plus en plus grand de ces dernières à l’enseignement supérieur et professionnel.

Cependant, en termes de capacités mentales, il y a toujours cette différence spécifique entre les sexes que la mentalité rétrograde ambiante cherche à entretenir. Dans ce foisonnement de domaines à explorer, la femme journaliste continue d’être regardée de haut, d’où des difficultés à être acceptée dans le secteur de la communication, poursuivie qu’elle est par ce regard froid et impitoyable de la société.

Malgré la durée de vie relativement courte qui ne dépasse pas un simple nombre d’année, la femme mauritanienne s’est imposée fortement sur la scène journalistique et d’une certaine mesure elle a réussi à briser la barrière de la timidité, les coutumes bédouines et les traditions. Elle s’intéresse de plus en plus aux questions et aux sujets relatifs à sa propre promotion. Au début de l’ouverture des médias en Mauritanie, les précurseurs du journalisme féminins que sont Raky Sy et Naha Mint Seidi, entre autres, ont déblayé un terrain que peu de leurs consoeurs hésitent encore à emprunter, malgré la richesse des expériences vécues et le bel exemple de réussite qu’elles lèguent aux générations présentes.

Au siège de la nouvelle radio privée,  » Mauritanide  » où elle collabore depuis quelques mois, Raky Sy est un modèle pour les dizaines de femmes journalistes qui l’entourent. Elle constitue une référence auprès de qui chacune veut se ressourcer. Cette icône du journalisme nationale, membre du bureau exécutif du Syndicat des journalistes de Mauritanie (SJM) n’arrête pas de filer à ses jeunes sœurs, les arcanes d’un métier qu’elle pratique depuis presque trois décennies.

Elle se dit intéressée par tout sujet abordant la pratique du journalisme féminin en Mauritanie. Selon elle, la frange est encore faiblement représentée et se dit engagée à attirer les filles vers le métier. Prenant exemple sur son propre parcours, elle évoque son passage à la TVM (télévision de Mauritanie) où elle était l’unique femme journaliste. Ce n’est que des années plus tard, qu’elle enregistrera avec satisfaction, ajoutera-t-elle en substance, l’arrivée sur le marché d’autres femmes journalistes. Cette présence des femmes dans le monde des médias a ainsi suscité l’intérêt de beaucoup de chercheurs, de journalistes et de défenseurs des droits des femmes, dans leurs études sur la promotion féminine face aux transformations qui ont marqué ces dernières décennies l’évolution de la société mauritanienne.

Des questions continuent cependant d’être posées, notamment sur le rôle et la représentation de la femme mauritanienne au sein des médias dits  » modernes « , en essayant d’identifier comment la femme journaliste se perçoit dans son milieu professionnel face à ses collègues masculins.

Selon Salma Cheikh El Weli, journaliste à Nouakchott Info, « atteindre l’objectif qu’on s’est assigné dans le domaine des médias, requiert beaucoup d’exigences de soi, car tout est lié à l’acceptation que la société se fait du rôle que la femme journaliste doit jouer. Cela demande aussi des possibilités de formation qui ne sont pas toujours évidents, des ressources matérielles et techniques suffisantes et une plus grande accessibilité aux sources d’informations « . Pour Salma, tout cela ne peut pas être transformé en réalité que par le lancement de programmes d’éducation et de formation, impliquant les acteurs sociaux et politiques, les médias et les sociétés spécialisés dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Des syndicats de femmes journalistes sont ainsi apparus sur la scène médiatique avec pour principal objet l’analyse sur l’évolution du statut et des conditions des femmes journalistes dans un environnement médiatique en pleine mutation. Deux syndicats nationaux travaillent ainsi sur ce sujet. Il s’agit de l’Union des femmes journalistes (UFJ) et le Réseau des femmes journalistes (RFJ) dont la Secrétaire générale est Mariem Mint Moude. Cette jeune fille de Boutilimitt rêvait d’être journaliste puis directrice à la radio avec pour ambition un salaire de 50 000 Ouguiyas. Aujourd’hui, elle rit de cette folie de jeune fille. Elle est aujourd’hui un pilier incontournable à Radio Mauritanie, même si certains de ses collègues estiment qu’elle a été victime de discrimination durant son parcours.

Pour Marième Mint Moude, « la femme journaliste mauritanienne n’a pas encore pris la place qu’il faut parmi ses collègues masculins « . Elle dit avoir été encouragée avec quelques amies à créer ce réseau pour prendre en charge les préoccupations des femmes journalistes en matière d’accès aux postes de décision, de promotion et de mérite.

C’est ce qu’explicite Zahra Mint Hamoud, une ancienne journaliste à Chinguitty TV, actuellement Freelance pour le compte de quelques sites électroniques.  » Je travaille depuis 3 ans dans la presse, avec un début à la chaine Chinguitty TV que j’ai quitté pour moult difficultés, dont le temps de travail trop contraignant pour une femme journaliste, partagée entre son travail et ses devoirs familiaux  » témoigne-t-elle. Pour elle, les exigences du travail exigé ainsi que la mainmise des hommes sur les médias en Mauritanie, constituent d’autres écueils.

Issue d’une famille d’intellectuels, dont la majorité est littéraire, Mariem Mint Abdel Wahab, journaliste à « El Mouritaniya «  et à « Al Akhbar« , a du mal à exprimer sa passion pour la presse. Elle trouve que  » la presse féminine en Mauritanie n’a pas encore vu jour  » et c’est là, d’après elle le nœud de tous les problèmes. « Ce n’est pas seulement les pesanteurs sociales qui freinent l’épanouissement de la femme journaliste, mais la formation «  trouve-t-elle.

Mohamed Abdellahi Dahhy (Stagiaire).

Source: L’authentique

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