Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Forces du Progrès (UFP) :

(Archives. Crédit photo : UFP)

’Avec la tournure prise par la confrontation politique interne et la crise malienne, le camp du pouvoir finira tôt ou tard par accepter de s’asseoir autour d’une table avec la COD’.

Le Calame : Vous venez de rentrer de l’étranger, après une longue absence due à des problèmes de santé. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Mohamed Ould Maouloud : Je me sens bien, Dieu merci. Ma convalescence se passe dans de bonnes conditions. Je profite de l’occasion pour remercier vivement tous les mauritaniens, tous les amis proches qui m’ont témoigné leur solidarité durant cette dure épreuve. Durant tout mon séjour, confronté que j’étais à la maladie, je n’ai cessé de recevoir des témoignages de solidarité. Je remercie aussi tous les mauritaniens qui m’ont réservé un accueil chaleureux lors de mon retour au pays. C’est avec une grande émotion que j’ai retrouvé mes compatriotes et des personnalités nationales de toutes obédiences venues m’accueillir à l’aéroport, comme le président de l’Assemblée Nationale, Messaoud Ould Boulkheir, le président de l’Institution de l’Opposition, Ahmed Ould Daddah, les présidents de partis et des députés de la COD, de la CAP et de la majorité. Ce sont là des marques de sympathie qui m’ont beaucoup touché et qui prouvent que nous avons un peuple extraordinaire. J’aurais bien voulu les remercier tous individuellement et directement, mais j’en suis incapable. Qu’ils soient tous remerciés une fois encore.

– Notre pays connaît une crise politique majeure, selon l’opposition tandis que pour la majorité présidentielle, notre pays se porte très bien. Comment, selon vous peut-on concilier ces positions ? L’initiative du président de l’Assemblée Nationale Messaoud Ould Boulkheir a-t-elle une chance de réussir ?

– Je pense que les mauritaniens éprouvent tous actuellement beaucoup de difficultés à joindre, comme on le dit les deux bouts. La pauvreté s’est étendue, beaucoup de secteurs d’activités sont quasiment en panne. Pratiquement, mis à part quelques entreprises particulières, quelques milieux d’affaires particuliers, tous les autres ont pratiquement cessé leurs activités. D’où l’extension du chômage et le marasme économique même dans le secteur informel. Vous n’êtes pas sans savoir la catastrophe qu’il y eut dans le secteur de l’élevage à cause de l’incapacité du pouvoir à prendre des mesures appropriées afin de sauver le cheptel. Le résultat est gravissime, nous avons perdu près de la moitié de notre bétail bovin, ovin et caprin. L’agriculture ne se porte pas mieux, d’ailleurs il n’y a pas de politique agricole. La plainte portée récemment par les agriculteurs à Rosso contre l’Etat illustre parfaitement cet échec. Je peux dire, donc au plan économique, du moins dans les secteurs qui font vivre les populations, la situation est loin d’être rose, je dirais même qu’elle est très mauvaise. Dans les secteurs extravertis, comme les mines, effectivement, il y a un essor qui est dû essentiellement à la flambée des prix du fer et de l’or sur le marché mondial, mais cette croissance est factice ; elle est conjoncturelle et n’a surtout aucun impact réel sur le sort des populations. Si le prix du l’once d’or a doublé, les Mauritaniens n’en profitent presque pas. D’abord parce que le contrat de partage ne nous réserve que 3%, ce qui est scandaleux, mais en plus, ce faible taux tombe dans l’escarcelle du budget de l’Etat, mal géré. Au total, les activités économiques se sont détériorées, la plupart des opérateurs économiques sont contraints à mettre la clef sous le paillasson ou à fonctionner au ralenti, à cause de la marginalisation, de leur exclusion de fait des marchés publics, des redressements fiscaux abusifs. Le bilan du secteur de l’économie dit moderne est donc catastrophique ; à quoi vient s’ajouter le désastre du monde rural, la perte d’une grande partie de notre cheptel, c’est-à-dire de l’épargne de nos populations.

Et sur le plan politique ?

Au niveau de la crise politique, le pouvoir en place s’est montré incapable d’organiser un véritable dialogue national. C’était possible, il n’y avait pas d’obstacles, il suffisait juste un peu de bonne volonté qui devrait se matérialiser par des mesures simples de mise en confiance demandées par la COD et toutes déjà prévues soit par un accord soit par des lois. Il s’agit d’abord de la référence à l’accord de Dakar, de l’ouverture des médias publics au pluralisme politique, de l’arrêt de l’utilisation abusive des moyens de l’Etat notamment les postes, les fonctions et les marchés publics comme moyens de pression, de chantage et d’exclusion vis-à-vis des présumés sympathisants de l’opposition et enfin que cesse aussi le recours à la force pour réprimer les manifestations pacifiques. Ce sont les quatre conditions posées par la COD pour tester la bonne volonté et le sérieux du pouvoir, en perspective du dialogue envisagé. Allez-y comprendre pourquoi il a refusé net de souscrire à ces conditions, dont chacune devait être déjà mise en œuvre aux termes d’une loi ou d’un accord. Aussi, la COD considéra-t-elle que le rejet de ces conditions n’annonçait rien de bon pour la suite. Profitant de la division de l’opposition et au lieu de poursuivre des efforts pour débloquer la situation, le pouvoir préféra s’engager dans une fuite en avant destiné avant tout à couvrir son incapacité à organiser les élections législatives et municipales en octobre et le vide institutionnel qui allait en résulter. Certes, il y eut un dialogue avec les partis de la CAP mais l’application de ses conclusions reste hypothétique. Certes des lois ont été adoptées dans des conditions contestables – le parlement n’ayant plus d’existence légale, une CENI qui exclut la COD constituée. Mais jusqu’à présent rien en ce qui concerne l’ouverture des médias publics, la dépolitisation de la fonction publique ; c’est d’ailleurs le contraire qui est pratiqué. La fonction publique a été privatisée, elle est devenue le domaine de la clientèle politique et sociale. En outre tous ceux qui ont eu affaire avec le pouvoir considèrent qu’il n’a aucun respect pour ses engagements ni de vraies prédispositions pour le dialogue. Il en est ainsi du FNDD (avec le RFD, devenu par la suite COD), le RFD ; HATEM, TAWASSOUL, ADIL, AJD /MR. Je ne le leur souhaite pas, mais je crains que la CAP connaisse la même mésaventure.

-A vous entendre, un dialogue avec le pouvoir en place est très hypothétique pour ne pas dire impossible et que l’initiative du président de l’Assemblée Nationale Messaoud Ould Boulkheir de formation d’un gouvernement d’union nationale n’aurait aucune chance d’aboutir ?

Au début de l’année, le pouvoir s’est permis un véritable coup d’Etat constitutionnel lorsqu’il a convoqué la session extraordinaire du parlement, parce que d’abord ce parlement dépourvu de légitimité, pour pas moins que modifier la Constitution et adopter des lois pour un processus électoral qui exclut de facto la COD . Celle-ci était en effet placée devant le dilemme d’avoir à se déjuger en participant à un processus non consensuel ou à le refuser et donc à s’exclure de la scène. La réponse de la COD ne s’est pas fait attendre. Face à ce coup de force, et au refus du pouvoir d’engager un dialogue franc et sincère et d’appliquer les accords qu’il a contractés, la COD a choisi de relever le défi et d’exiger la démission ou la destitution de Mohamed Ould Abdel Aziz. Voilà où nous en sommes. Est-ce qu’il est possible qu’il y ait un dialogue ? Je pense que la crise est sérieuse, elle s’est même compliquée avec la crise au Mali qui fait peser un véritable danger sur notre pays, et il va falloir donc faire vite pour juguler cette menace en mettant de l’ordre dans les affaires de notre propre maison. Nous devons tous en être conscients, Il est regrettable qu’il n’y ait pas eu déjà suffisamment de débats sur cette question cruciale qui conditionne pourtant l’avenir de notre pays. Je pense qu’avec la tournure prise par la confrontation politique interne et la crise malienne, le camp du pouvoir finira tôt ou tard par accepter de s’asseoir autour d’une table avec la COD pour parvenir à une sortie de crise véritable et tourner la page du pouvoir personnel. Quand et dans quelles circonstances ? Cela sera déterminé par la prise de conscience, le rapport de forces entre les protagonistes de la crise et le cours des évènements.

…ce qui signifie que l’initiative du président Messaoud n’aurait aucune chance de réussir à apaiser la tension ?

-L’initiative du président Messaoud est plutôt de bonne augure. Tout le monde sait qu’il était engagé dans un autre processus, mais je crois qu’avec l’exacerbation de la crise interne et ce qui se passe au Mali, il a considéré qu’il y a urgence à trouver un compromis politique; c’est donc encourageant. D’autres initiatives de moindre envergure mais allant dans le même sens se sont manifestées traduisant ce reflexe patriotique face au péril. Et l’idée qu’il a avancée est bonne et discutable, mais ce n’est encore pour le moment qu’une idée qui, d’après certaines informations, est en voie d’être formulée en plan de sortie de crise. Contrairement à ce prétend l’UPR, les partis de la COD n’ont pas du tout rejeté l’initiative du président de l’Assemblée nationale parce que justement, il ne l’a pas encore présentée dans sa formulation concrète et définitive. C’est plutôt le pouvoir qui semble vouloir l’enterrer au plus vite en mettant en avant la question des élections.

– Mais la COD traine à apporter sa réponse au président Messaoud ?

-Sa réponse par rapport à quoi ? Le président Messaoud est en train de finaliser sa proposition et la COD attend.

-Votre parti est soupçonné d’avoir un penchant pour le dialogue alors que d’autres seraient peu enthousiastes, ce qui aurait retardé la prise de décision par l’opposition. Qu’en est-il ?

– Non, ce n’est pas du tout exact. L’initiative du président de l’Assemblée a été formuée en tant qu’idée générale et à ce stade, les réactions de l’UFP et de la COD ont été positives. Tous ont exprimé leur disponibilité de principe à discuter favorablement cette idée ; ils attendent que l’idée soit transformée en un plan concret de sortie de crise. Tant que ce plan ne sera pas soumis par le président Messaoud, il n’y a pas matière à divergences au sein de la COD. Tout cela n’est que fausse rumeur.

-Le pouvoir continue la mise en œuvre de l’accord de dialogue politique entre le pouvoir et trois partis de l’opposition par la mise en place d’une CENI et en fixant la date des élections selon un membre du gouvernement et même le président de la République. L’opposition serait-elle prête à prendre le train en marche ? Sinon, quelles conditions poserait-elle aujourd’hui pour amorcer le dialogue avec le pouvoir qui n’en voudrait pas pour organiser des élections apaisées ? Comment peut-on organiser des telles de élections ?

La COD vient de signer solennellement une charte dans laquelle elle a exprimé clairement sa position. Elle considère que toute de solution de sortie de crise passe par le départ du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, ensuite elle rejette tout processus électoral qui n’est pas consensuel. Au- delà, elle peut accepter le dialogue. Evidemment, il y a le camp du pouvoir qui constitue une force politique, des acteurs politiques et qui sont concernés par tout dialogue. En tout cas dans notre conception de sortie de crise, la recherche du consensus est incompatible avec l’exclusion d’un quelconque pôle politique. Est-ce que les partisans du président de la République accepteront une solution qui l’exclut ? Là est la question. Est-ce que la COD serait prête à accepter un compromis qui laisserait en place d’une façon ou d’une autre l’actuel président ? Ce sont là les points autour desquels tourne la confrontation actuelle et auxquels doit répondre tout compromis demain.
En tout cas, la solution de sortie de crise doit être recherchée parce qu’elle est vitale pour notre pays pour éviter les dérapages, pour éviter le chaos à laquelle peut conduire une confrontation tous azimuts. La crise que traverse le pays doit rester dans la limite du contrôlable c’est-à-dire d’un face à face pacifique qui donne ainsi au pays une chance de s’en sortir au moindre coût. C’est l’opinion de la COD.

Donc il ne peut y avoir d’élections selon vous ?

Le pouvoir depuis plus d’une année joue à cache-cache avec l’opinion feignant chaque fois de vouloir organiser rapidement le scrutin. Or il sait pertinemment que cela n’est pas possible pour une raison simple : il avait détruit sciemment ou par incompétence l’état civil existant, qui avait coûté des milliards et des années d’efforts au pays. Le nouvel état civil peine à avancer. C’est donc tromper le monde que de prétendre que le report des élections répond à la demande de qui que ce soit. Et surtout pas de l’opposition. C’est bien par mauvaise conscience qu’il avance ce prétexte qui ne le disculpe en rien : le gouvernement n’avait pas le droit de les reporter sur simple demande, sauf cas de force majeure ou consensus entre les politiques résultant d’une situation de crise exceptionnelle. Or il ne reconnait l’existence ni de l’une ni de l’autre et il n’y a pas eu de consensus. Une fois les délais légaux dépassés, il n’a plus que des parties en compétition et une partie même si elle est au pouvoir n’a plus le droit de fixer toute seul les dates et conditions des élections. Le consensus, à défaut du respect de la loi, est le seul moyen de valider toute décision à ce sujet. Le Pouvoir ne peut- comme on dit en droit- se prévaloir de sa propre turpitude (la destruction de l’état civil et le report des élections)- pour s’arroger le droit d’en décider tout seul, même par CENI interposée. Enfin, La vraie garantie pour des élections honnêtes, c’est justement le consensus et, avant tout, non pas une Ceni mais un gouvernement crédible bénéficiant de la confiance de tous et délivré du diktat du Président de la République. C’est pourquoi la COD a décidé de rejeter tout processus électoral unilatéral et de le considérer comme une provocation et une escalade dans la crise. Puisqu’il exclut la majorité des partis et ex-parlementaires de l’opposition.

-Dans sa « rencontre avec le peuple » à Atar, le président de la République a dépeint une situation macro économique reluisante du pays. Quel commentaire vous inspire ce bilan de trois ans ?

-Au vu seulement des scandales relatés par la presse et des manifestations populaires quotidiennes devant la présidence de la République, l’échec est total pour celui qui prétendait lutter contre la gabegie et la pauvreté. S’il était venu pour régler les problèmes du pays, comme il le prétend, il n’en a pas pris le chemin. Le chômage est à son paroxysme, l’activité économique au ralenti… Au lieu de faire marcher la machine économique, il a opéré un tour de vis en étranglant le secteur de l’informel et de la petite et moyenne entreprise. Pire, il a entrepris d’étouffer délibérément les opérateurs économiques pour faire de la place à de nouveaux riches surgis comme par génération spontanée. Et le résultat, nous avons une activité bloquée dans tous les secteurs. Ainsi pour les marchés publics c’est le gré à gré qui est érigée en règle de manière formelle ou déguisée, le système des consultations restreintes, les scandales dénoncés par la presse ne font jamais objet de poursuites par le pouvoir. L’administration publique est totalement en déconfiture parce qu’en réalité, elle a été épurée de toutes les fonctionnaires compétents et expérimentés qui ont fait place à une clientèle n’appartenant parfois même pas à la fonction publique. Du coup, l’administration d’aujourd’hui est incapable de répondre aux attentes de l’Etat et des populations. Et quand bien même elle le veut, elle est privée de moyens. C’est donc un véhicule sur cales et qui coûte beaucoup au pays et ne rend pas de service aux administrés. Sur le plan sécuritaire, qui était son leitmotiv comme la lutte contre la gabegie, nous constatons une situation lamentable. A l’intérieur, le pays est livré à des bandes de toutes sortes. A l’extérieur, le pouvoir qui avait prétendu éradiquer Al Qaida dans le nord du Mali, s’est retrouvé avec l’effet inverse. Aujourd’hui, Al Qaida parade dans tout le nord du Mali. Je ne sais de quel bilan le pouvoir peut se glorifier dans ces conditions.

– Au cours d’une conférence de presse la semaine dernière, vous avez accusé le président Aziz de porter une lourde responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui au Mali. Pouvez-vous étayer cette assertion ?

– Moi, je ne l’ai pas accusé, c’est la presse française, notamment RFI et le nouvel Observateur et les responsables maliens qui ont accusé le président de la République et j’attendais de la part des responsables mauritaniens un démenti officiel. Et j’espérais les voir déployer des efforts pour prouver le contraire aux voisins maliens, mais rien de tout cela n’a été fait. Certes ils ont fini par s’aligner sur la position de la communauté internationale qui demande aux maliens de trouver la solution à leur problème. C’est une position raisonnable mais le mal est déjà fait au niveau de l’opinion publique malienne. Ce que j’ai dit, c’est que la situation au Mali doit nous préoccuper parce que si un peuple voisin estime qu’on a porté atteinte à sa souveraineté, c’est là un acte gravissime et qui peut avoir des conséquences graves sur les relations vitales et séculaires entre les peuples des deux pays. Nous avons vécu une tragédie avec un pays voisin qu’est le Sénégal, on ne voudrait voir pareil drame se rééditer, c’est pourquoi il faut rapidement commencer par réparer le tort qui est fait, rassurer l’opinion malienne parce que c’est au niveau de l’opinion que tout se passe, prouver à nos frères du Mali notre ferme volonté de respecter la souveraineté de leur pays, son intégrité territoriale, à ne jamais se mêler de leurs problèmes internes sauf à leur demande pour apporter notre concours pour les aider à trouver un compromis pour régler leur problème. Bien sûr accueillir à bras ouverts leurs réfugiés et leur garantir sécurité et bonne hospitalité. Voilà ce j’ai dit et c’est la position de notre parti réitérée par le bureau national dans sa dernière session. Je suis sûr que les maliens tiennent aux rapports de bon voisinage avec la Mauritanie, de même que nos populations surtout celles de nos quatre régions de l’Est, les deux Hodhs, l’Assaba et le Guidimakha.

Biram Ould Dah Ould Abeid président de l’IRA croupit en prison depuis plusieurs mois en prison pour avoir brûlé des livres de rite malikite. Que pense l’UFP de cette détention ?

-il est clair que l’UFP avait condamné le geste de Biram Ould Abeid comme d’ailleurs tous les partis de la COD et de l’opinion publique en général, même si nous n’avons pas apprécié l’exploitation politicienne qu’en a faite par le pouvoir. Par la suite Biram a exprimé des excuses publiques à l’endroit de l’opinion. Ça, c’est sur le fond du problème. Dans la forme, il y a eu une poursuite ayant conduit, dans la pratique à l’annulation de la procédure judiciaire. Donc ce qui existe actuellement, c’est une détention arbitraire et nous considérons que cette détention arbitraire doit cesser.

Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh et Dalay Lam

Source : Le Calame le 05/09/2012

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