Route Alger-Nouakchott : La dimension politique derrière la réalité physique

(Une fois achevée, la transmaghrébine de 3200km reliera le Maghreb. Crédit photo : anonyme)

Les études de faisabilité de la route Tindouf-Choum, qui devra relier l’Algérie à la Mauritanie, ont été bouclées. L’annonce en a été faite il y a quelques jours, suite à l’entrevue entre l’ambassadeur d’Algérie à Nouakchott, Abdel Hamid Ezahani et le ministre de l’équipement et des Transports, Yahya Ould Hademine. Reste la recherche des financements dont la partie algérienne devra s’acquitter.

Cette ouverture vient étoffer l’autoroute Trans-maghrébine qui devrait relier la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye et dont seule la Transmarocaine est déjà réalisée. Un enjeu stratégique dans ce conflit d’intérêt entre Rabat et Alger qui se poursuit par le bitume.

Ca y est ! Les études de faisabilité de la route devant raccorder l’Algérie à la Mauritanie sont fin prêtes. C’est ce qui ressort de l’entrevue entre l’ambassadeur algérien à Nouakchott Abdel Hamid Ezahani et le ministre du Transport, Yahya Ould Hademine. Le financement et l’exécution de cet important ouvrage de 800 kilomètres entre Tindouf et Choum, revient à la partie algérienne dont le représentant en Mauritanie a annoncé le démarrage rapide de la seconde phase, celle liée à la recherche des fonds. Mais cette passerelle que le régime de Boutéflika compte jeter entre son pays et la Mauritanie de Mohamed Ould Abdel Aziz, par delà ses aspects physiques, constitue un véritable enjeu géostratégique dans un monde arabe divisé entre Faucons et Colombes, entre l’axe Doha et l’axe Koweït-City, le camp des « Modérés  » contre « l’Axe du Mal « , le clan anti-israélien représenté par le Qatar, la Syrie, la Mauritanie et l’Algérie, contre celui de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte de Moubarak et du Maroc.

Le retournement historique dans les relations entre l’Algérie de Boutéflika et la Mauritanie de Mohamed Ould Abdel Aziz est d’autant plus extravagant qu’on se rappelle encore de ce refus du président algérien de rencontrer au sommet de Doha, début 2009, le tout nouveau président mauritanien qui venait de prendre le pouvoir par la force. Un black-out que la rencontre de Doha et la rupture diplomatique avec Israël va lever, poussant le ministre algérien délégué chargé des affaires maghrébines et africaines à se saisir de l’opportunité offerte par le 12ème sommet de l’Union africaine pour plaider la cause de la junte militaire qui s’était emparée du pouvoir en Mauritanie. La concordance de position dans le conflit israélien serait l’élément déclencheur qui rapprochait Nouakchott d’Alger, suffisant pour irriter Rabat.

Dans ce jeu d’équilibrisme entre ses deux puissants voisins du Nord, la Mauritanie cherche toujours le juste milieu, profitant des aléas d’une joute extrafrontalière pour régler ses politiques étrangères maghrébines et africaines. La question du Sahara et la nécessaire neutralité mauritanienne dans ce conflit constituent un autre enjeu dans cette balance des intérêts qui fluctuent au gré des évènements politiques. Passé les premières appréhensions de l’Algérie vis-à-vis d’un régime mauritanien d’abord classé pro-marocain, les concordances de vue entre les deux pays n’ont cessé depuis lors de s’embellir. C’est le cas aujourd’hui dans la gestion de la crise au Nord Mali, où l’Algérie et la Mauritanie affichent une parfaite concordance de vue.

MOMS

Source  :  L’Authentique le 02/09/2012

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