Les fragiles démocraties africaines : L’inquiétude des Mauritaniens d’Angola

(Le président angolais José Eduardo dos Santos vote aux élections générales le 31 août 2012 à Luanda. Crédit photo : AFP)

Tout peut basculer en Angola, à l’image des évolutions successives qui secouent le continent africain, menaçant toutes ces démocraties « copiées collées » imposées par le Discours de la Baule et qui semblent irrémédiablement souffrir d’un manque d’adaptation. Les Mauritaniens d’Angola, qui constituent la plus importante communauté à l’étranger, en termes de rentrées de devises pour le pays et leurs familles, sont particulièrement inquiétées face aux sirènes de la guerre civile qui sourdent aux portes de Luanda.

Plusieurs analystes africains qui suivent de près l’évolution politique et sociale en Angola, craignent le retour de ce pays dans le chaos institutionnel et la guerre civile, deux fléaux qui avaient ravagé pendant des décennies, ce pays connu pour ses richesses incommensurables. L’inquiétude est d’avantage plus profonde au sein de la diaspora mauritanienne, l’une des plus importantes, en termes d’entrées de devises, estimées annuellement à des centaines de milliers de dollars par an.

L’Angola s’apprête en effet à des élections générales à haut risque d’ici le 31 août prochain, la troisième depuis l’indépendance du pays en 1975. Beaucoup de personnes craignent un syndrome à l’ivoirienne lorsque l’ancien président Laurent Gbagbo avait refusé de céder son fauteuil à son tombeur, Alassane Ouatara, à la suite d’élections générales. Ce qui entraîna une guerre civile impitoyable et ruineuse dont les conséquences continuent de ravager le pays, malgré l’appui de la communauté internationale et de la France en particulier.

Samedi 25 août dernier déjà, des milliers d’Angola avaient massivement répondu à l’appel lancé par l’un des plus puissants partis de l’opposition, l’UNITA, pour réclamer des élections justes et transparentes. Son chef de file, Isaias Samakuva, avait ainsi demandé à la Commission électorale nationale indépendante le respect de la loi, exprimant son inquiétude face aux irrégularités constatées dans les capacités de cette commission à organiser les scrutins, notamment le transmission correcte et fiable des résultats entre les bureaux de vote et le contrôler du processus électoral. Il est allé jusqu’à réclamer un vote à mains levées si l’instance électorale est incapable d’organiser les échéances dans les règles de l’art. Il a surtout fait des appels du pied à la communauté internationale, trouvant que celle-ci envoie des observateurs partout dans le monde et n’en fasse pas autant pour l’Angola. Puis, il fustigea les intellectuels qui manquent de courage et se laissent instrumentaliser, selon lui.

Il faut noter que la loi angolaise, amendée en 2012, stipule que le président du parti ayant obtenu le plus grand score aux élections législatives devienne président de la République.

L’UNITA qui n’avait obtenu en 2008 que 10% des suffrages contre 81% pour le MPLA, parti de l’actuel président José Eduard Dos Santos, avait organisé en mai dernier un rassemblement populaire qui avait drainé des milliers de personnes. Isaias Samakuva a menacé de répéter l’exercice de ces marches populaires la semaine prochaine, juste avant le scrutin du 31 août pour accentuer la pression sur la Commission électorale.

La diaspora mauritanienne sur place se dite inquiète pour ses biens et sa sécurité en cas de clash populaire dans ce pays où les violences du temps de la grande civile ont prouvé leur brutalité. Il s’agit d’une communauté connue pour son dynamisme et sa discrétion et qui est parvenu à monter d’importants réseaux commerciaux transnationaux que certaines tribus, particulièrement de l’Est, comme les Ideyboussat et les Tajakant en particulier, ont pu tisser au Proche-Orient mais aussi en Afrique subsaharienne. Ce témoignage tiré du livre « Mauritanie, la démocratie au coup par coup  » révèle ainsi, que les Tajakant ont pu doubler leur importante influence religieuse par la mise en place de puissants réseaux économiques, grâce notamment aux migrants diamantaires comme le richissime homme d’affaire Rachid el Moustapha dit « Rajel ». Depuis, ce sont des dizaines de jeunes Mauritaniens qui se sont rendus en Angola pour faire fortune.

Cheikh Aïdara

Source  :  L’Authentique le 02/09/2012

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