Il y a dix ans, on rapportait 5000 à 10 000 caisses de poissons par jour. Aujourd’hui, c’est exceptionnel si on parvient à en ramener 1500 », a confié Salim Maguiraga, président de l’Union des armateurs à la pêche fraîche de Côte d’Ivoire, au journal français Les Echos.
Et le phénomène se vérifierait sur toutes les côtes d’Afrique de l’Ouest. D’après les pêcheurs et les autorités, la pénurie est due à une surexploitation des ressources halieutiques, peut-on lire dans les colonnes du quotidien date d’hier.Le phénomène n’est pas nouveau mais s’aggrave, poursuit notre confrère. Plusieurs dizaines de navires étrangers, pour beaucoup chinois, évolueraient sans autorisation. « Aucun ne respecte les règles élémentaires de pêche, ils ont de grandes capacités de capture et raflent tout, abîmant l’écosystème et hypothéquant les ressources futures », selon Barthélemy Kouassi Yao, du Syndicat des marins-pêcheurs de Côte-d’Ivoire.
« Les uns après les autres, les armateurs ferment boutique », poursuit Les Echos : « autrefois dix-sept, ils ne sont plus que huit. Au port d’Abidjan, en dix ans, le nombre de bateaux sous licence est passé de 72 à 27 ». Des milliers de personnes ont perdu leur emploi.
« La situation est très grave », reconnaît le ministre des Ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani. « En plus du chômage, il se pose un problème de sécurité alimentaire : nous consommons environ 450 000 t de poissons par an.» Or la production nationale n’est que de 44 000 à 50 000 t (contre 115 000 t par an dans les années 90 et 81 000 t en 2000).
Selon Greenpeace, 90% de la vie marine de Guinée a disparu, lit-on encore dans Les Echos. Les bateaux pirates ne sont pas seuls responsables : le secteur de la pêche souffre aussi d’une mauvaise gouvernance. Certains Etats multiplient de manière inconsidérée les accords de pêche, souvent opaques, avec des pays tiers. « La Mauritanie, par exemple, vient de signer un accord de vingt-cinq ans avec une société chinoise. Elle a aussi un accord avec l’UE. Plusieurs bateaux russes et asiatiques pêchent également dans ses eaux », explique Raoul Monsembula, chargé de campagne Océans à Greenpeace Afrique. Les bateaux de l’Union européenne, très présents dans les eaux sénégalaises et mauritaniennes, sont en grande partie responsables de la surpêche dans la région”, poursuit notre confrère qui rappelle qu’aucun pays n’a les moyens de contrôler ce qui se passe en mer.
« A la baisse des captures s’ajoute la hausse du prix du gazole », note encore le quotidien. Des pêcheurs « restés sur le carreau » qui risquent de se transformer, un jour, en pirates des mers, met en garde Les Echos.
Source : Agence Ecofin le 29/08/2012
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