Depuis des années, il est de notoriété que les mois de juillet et août sont connus par l’importance des prises de céphalopodes en particulier le poulpe. L’année 2012 ne fait pas exception car plus de 10.000 tonnés ont été déjà stockées dans les différentes unités frigorifiques de la ville de Nouadhibou dont les capacités de stockage ne dépassent pas 13000 tonnes.
Et le poulpe continue à être pêché de plus belle et vendu à la pelle au grand bonheur des propriétaires de frigos et hommes d’affaires dotés de moyens et pouvant emmagasiner leurs stocks en attendant des jours meilleurs. Ceci à telle enseigne que ces hommes-là dictent aux pauvres pêcheurs artisanaux et le prix (qui passe de près de 3000 UM à 600 à 700 UM seulement le Kg) et le temps (au-delà de 14 heures le poisson est jeté dans la mer car les hommes d’affaires ne le prennent plus et les pauvres artisanaux n’ont pas de moyens de conservation).Rôle de la SMCP
Face à cette situation difficile des artisanaux, la Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP) n’y est pas allé de main morte car en habile négociatrice sous l’égide de son directeur M BA Abdoulaye Mamadou, elle a pu vendre le stock du congelé terre à Mitsubishi et qui justement appartient aux artisanaux avec des prix intéressants qui dépassent les 8500$ la tonne, toutes tailles confondues (Tako et PR). D’ailleurs les discussions ont continué jusqu’à ce jeudi 23 août avec les clients traditionnels, les japonais, afin de vendre le stock restant (sans doute le congelé bord) et ainsi mettre fin à la crise qui secoue la ville.
Ce qui pose problème aujourd’hui ce n’est pas la SMCP qui a été présente et dynamique afin de décongestionner les stocks pour trouver de la place à de nouvelles ressources halieutiques. C’est la surabondance des captures en poulpes qui a provoqué la dépréciation des prix a telle enseigne que cela a provoqué une grande crise doublée d’un mécontentement des pêcheurs artisanaux.
La fronde des pêcheurs
Depuis le mercredi 22 août, la ville de Nouadhibou est secouée par une crise sans nom due à la mévente du poulpe qui se pêche à la pelle actuellement. Ce qui a provoqué la fermeture des unités frigorifiques face aux produits des artisanaux bradés à des prix qui dépassent tout entendement (voir haut).
Devant cette situation exceptionnelle plusieurs centaines de pêcheurs artisanaux (voir photo) se sont spontanément organisés en marchant à partir de leur zone de débarquement des produits, l’Etablissement Portuaire de la Baie du repos (EPBR) vers la Wilaya de la Région afin d’exprimer leur ras-le-bol face à la décision des propriétaires de frigos de fermer leurs unités. Ils disent s’opposer à cette décision comme ils sont aussi contre la dépréciation de leurs produits qui ne coûte presque plus rien.
Ils mettent aussi en exergue sur des banderoles déployées pour cette circonstance la nécessité de la protection de la ressource montrant ainsi leur approbation de la signature du dernier accord de partenariat pour deux ans seulement et qui a des effets positifs pour la préservation de la ressource et son appropriation.
Rappelons que la Mauritanie et l’Union Européenne ont signé de nouveaux accords effectifs à partir du 1er août de cette année. Ces accords remettent les pendules à l’heure en bannissant les européens de la pêche du poulpe.
D’un autre côté, les pêcheurs qui se sont barricadés devant la Wilaya ont montré leur désapprobation du pillage des ressources qui ont besoin d’une grande réforme face à cette nouvelle donne. Les manifestants qui ont continué à fermer la route menant vers la wilaya et la SMCP jusqu’à ce lundi 27 août ont fustigé l’attitude des hommes d’affaires qui monopolisent le secteur et ont demandé l’intervention de l’Etat dans le but de l’organiser de façon plus juste et plus équitable. Ils disent continuer jusqu’au règlement définitif de tous ces problèmes.
Alors wait and see
Source : Lumières du Nord via Rim24 le 28/08/2012
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