Mauritanie : un remaniement ministériel ne dissiperait pas le malaise politique et social

(Crédit photo : anonyme)

Un important remaniement ministériel pourrait intervenir prochainement en Mauritanie selon les sources du journal le Véridique publié par le site électronique Cridem.

Ce changement concernerait les ministères régaliens de la justice, des affaires étrangères et de l’éducation nationale en particulier. Pour les analystes politiques c’est une fuite en avant du président mauritanien avant les prochaines législatives et municipales car en réalité ce remue-ménage ne règle pas les problèmes de fond que constituent les graves violations des droits de l’homme et le recul des libertés dans le pays, les carences d’un super ministère de l’éducation nationale véritable gouffre budgétaire et une politique étrangère en bute aux exigences sans fin d’un tatillon.

A quelques mois des législatives et municipales en Mauritanie l’opposition n’y croit plus et préfère s’en tenir à son propre calendrier de contestations pour précipiter le départ du président mauritanien. Pour garder le suspens et gagner du temps Ould Aziz vient de consulter cette semaine son premier ministre Ould Laghdaf à la Maison brune pour faire le point de la situation suite à son dernier face à face radio télévisée avec les populations du Nord de l’Adrar, fief de l’ancien président Ould Taya. Finalement ce sont les ministères régaliens de la justice, des affaires étrangères et de l’éducation nationale en particulier qui devront faire les frais du mécontentement des mauritaniens en général. Raison pour laquelle il procèderait lui-même prochainement à un important changement ministériel selon les sources du journal le Véridique publiées par le site électronique Cridem .Faire croire que ce chambardement apporterait du sang neuf aux ministères régaliens est un leurre. Pour les observateurs c’est une fuite en avant du chef de l’Etat pour mieux caler le rendez-vous des électeurs avec les urnes et une façon indirecte de répondre à l’opposition qui exige toujours son départ et à tous ses détracteurs qu’il mène bien le bateau à bon port pour les deux ans qui restent. En réalité ce remue- ménage ne règle pas les problèmes de fond de gouvernance qui font état depuis juillet 2009 de « graves de tortures, de traitements cruels, inhumains et dégradants, de violentes répressions des manifestations, des limites à la liberté de la presse, à la liberté syndicale, à l’indépendance des juges et des avocats » que l’avocat Ahmed Salem Bouhoubeyni résume parfaitement dans sa contribution au débat lors de la visite du président mauritanien à Atar le 5 août dernier et atteste parfaitement le recul des libertés en Mauritanie. De même en créant un super ministère de l’éducation nationale, le premier budget de l’Etat mais dont les résultats ne sont guère satisfaisants avec des hécatombes au baccalauréat depuis trois ans, il s’agit plus d’inventer une nouvelle politique adaptée aux réalités socio linguistiques du pays que d’octroyer des moyens qui sont vilipendés par des hommes soucieux de leurs tribus ou régions. Les dernières Assises nationales des Etats généraux de l’éducation confirment cette tendance. Les citoyens mauritaniens ont le sentiment que le gouvernement de Ould Laghdaf est plutôt préoccupé par les moyens que par leurs fins. De là un malaise grandissant et un sentiment d’injustice qui favorise l’émergence d’un courant nationaliste arabe au détriment d’une Mauritanie africaine. C’est le même constat au niveau de l’intérieur. Les citoyens ont l’impression avec la réforme de l’Etat -civil et du recensement biométrique que l’administration s’adresse plus à une catégorie de populations. Pareille la gouvernance monocolore même des régions du Sud n’est plus à démontrer. Le fond du problème, la perte du pouvoir d’achat, le malaise économique et social avec la hausse des denrées de première nécessité, du carburant et la persistance de la sécheresse sont les principales causes de la défiance des mauritaniens sur la gouvernance du premier ministre Ould Laghdaf qui devrait laisser sa place à un autre. Son incompétence et son immobilisme agacent à plus d’un titre. Cette réalité a conduit depuis trois ans à une situation délétère dans le pays avec en toile de fonds des grèves des étudiants, dockers, mineurs et pêcheurs réprimées sévèrement par les forces de l’ordre. Enfin les Affaires étrangères et la coopération ne sont pas en reste. L’exemple récent de manque de communication aux ambassades étrangères et de précipitation pour instaurer la carte de séjour des étrangers en Mauritanie et notamment les africains noirs révèle une politique tatillonne et au de-là un manque de respect aux pays amis concernés. Dans les faits cet important remaniement ministériel attendu prochainement ne dissiperait en aucun cas la crise politique dans ce pays.

Bakala Kane

(Contribution reçue à Kassataya le 28/08/2012)

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