L’opinion publique toute entière a été très contrariée par le discours du président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz à l’occasion de la fin du mois béni du Ramadan et de l’Aid El Vitr. Les mécontents sont très nombreux au sein des fonctionnaires qui s’attendaient à une augmentation de leurs salaires leur permettant de renforcer leur pouvoir d’achat fortement affecté par la flambée cumulative des prix aussi bien des denrées de première nécessité que des autres produits de consommation. Les employés du privé sont également déçus par un discours qui oublie leurs souffrances et leur calvaire et qui ne rappelle pas aux multinationales opérant en Mauritanie l’exigence d’assurer un travail digne et rémunérateur pour les mauritaniens. La grève des travailleurs dans la capitale économique illustre à bien des égards ce malaise social grandissant. Côté des droits de l’homme, l’Ira dont le leader reste incarcéré malgré son fébrile état de santé de plus en plus alarmant est aussi remontée contre les pouvoirs publics, jurant de multiplier les marches autant que possible pour imposer la relaxe de son dirigeant Biram Ould Dah Ould Abeid et de ses codétenus, récemment présentés par plusieurs médias comme figurant parmi les bénéficiaires d’une éventuelle grâce présidentielle qui n’existe que de nom. Même ton, du côté des salafistes détenus, qui devront encore continuer à purger leur peine, dés lors où leur appel au repentir et au renoncement à l’enrôlement dans les rangs d’Aqmi ne leur ont servi à rien pour mériter une amnistie. La COD, protestataire par nature politique est à son tour embarrassée par un discours présidentiel qui laisse tout le pays sur sa faim, ne permettant aucun décryptage allant dans le sens d’une volonté de tirer le pays de l’impasse politique et d’œuvrer pour un apaisement capable de donner au pays l’opportunité d’opérer un takeoff politique serein, consensuel et prometteur. D’ailleurs, la COD demeure engagée de garder la même détermination vis-à-vis de son ennemi numéro Un pour le faire dégager du pouvoir dans les prochains jours, en occupant de nouveau la rue à travers l’organisation de marches monstres et de sit-in populaires auxquels peuvent se joindre également les autres insatisfaits. Même Paris, est embarrassée par le maintien de l’ex commissaire aux droits de l’homme Mohamed Lemine Ould Dadde en prison, promettant de saisir régulièrement Nouakchott de son appel visant à assurer un procès équitable de ce militant des droits de l’homme. Autant d’indicateurs qui conduisent à présager une crispation accentuée de la crise politique, surtout qu’en s’activant discrètement pour l’organisation d’élections législatives et municipales en novembre prochain, le pouvoir montre qu’il est seul maître à bord, qu’il n’a de conseil à recevoir à personne et qu’il faut bon gré mal gré monter à bord de la barque ou rester en rade.
Amadou Diaara
Source : Le Rénovateur le 24/08/2012
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