La politique de la vérité des prix est dangereuse

(Crédit photo : anonyme)

Il semble que nous soyons désormais obligés de composer avec les nouveaux prix des produits de consommation ; ceux-là qui ont été unilatéralement fixés par les commerçants au moment où nos hommes politiques se livraient dans une bataille sans fin et au moment où le gouvernement frappe par son absentéisme.

Manifestement dominées par les milieux des affaires, les autorités semblent avoir changé de langage, se voulant semble-t-il, réalistes face à une crise économique dont l’issue est encore lointaine. Décision serait prise de respecter la vérité des prix, c’est-à-dire, revoir l’effort de l’Etat qui supporte une partie des prix des produits, et essayez, tant soit peu, de fixer ceux-ci en fonction du marché international.

Ainsi s’expliquent les nouvelles tarifications des produits telles celles du gas-oil, qui a vu son prix au commerce augmenter deux fois en un mois ! Pour un pays aussi pauvre que la Mauritanie, une autre alternative, en ces moments épiques de conjoncture internationale, serait bien difficile. Cela est d’autant plus vrai que rien n’a jusque-là bien marché, en termes de mesures adéquates et suffisantes pour atténuer cette crise : le plan d’urgence lancé sous l’appellation  » Solidarité 2012 «  il y a un an, a été, semble-t-il détourné de ses objectifs dans bien de contrées. La commission d’enquête désignée à l’effet notamment pour retrouver à Aleg les chemins sinueux qu’ont pris les produits de  » Emel 2012 «  n’a rien trouvé.

Un plan spécial d’intervention avait été pensé en fin d’année dernière L’idée lancée en grandes pompes il y a deux mois, a été elle aussi ensevelie dans les sables du Sahara. On se rappelle que promesse a été faite de faire de l’année 2012, une année verte où l’agriculture serait financée à hauteur de centaines de millions d’ouguiyas. Depuis mai dernier, à l’issue du déplacement du chef de l’Etat au Trarza où il avait annoncé le lancement des activités agricoles dans le cadre de ce que les Autorités ont appelé  » la révolution verte « , plus un mot et encore moins une action, n’a été engagée à l’effet.

Il faut bien se mettre à l’évidence : la question des prix des produits de consommation ne devrait pas être tranchée aussi facilement, dans un pays où les règles commerciales et les organes chargés du contrôle des prix semblent n’exister que de nom.

Et surtout dans un pays où les hommes politiques sont particulièrement et prioritairement, attachés à leur bien être. Dire donc qu’il faut jouer désormais avec la vérité des prix, est une Lapalissade. En tout cas, ceci pourrait être préjudiciable à la quiétude sociale et à l’avenir du pays. Les salaires des fonctionnaires laissent à désirer, le secteur informel grand pourvoyeur d’emploi traverse une de ses plus cruelles crises. Au même moment, les prix des produits de consommation grimpent.

« La vérité des prix «  est une option amère. Une fois appliquée, elle permettrait certes au gouvernement de souffler parce qu’il aura de moins en moins de charges à supporter, mais les conséquences d’une telle disposition sont dramatiques. Car il est une vérité aujourd’hui que les revenus des Mauritaniens moyens sont largement en deçà de leurs besoins actuels. Il est aussi une autre vérité : nos commerçants sont les plus vils et impitoyables hommes d’affaires qui puissent exister sur cette terre.

Alors, faut-il appliquer la vérité des prix au sens stricto-sensus du terme afin d’alléger les charges de l’Etat ?

Certainement pas. En tout cas, pas à ce moment précis où les populations se trouvent au bord du gouffre et y seraient projetés à la moindre brise.

Amar Ould Béjà

Source  :  L’Authentique le 23/08/2012

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