NI « MAJORITANT » NI OPPOSANT

(Crédit photo : Sneiba Mohamed)

{jcomments on}Par les temps qui courent, on peut imaginer la naissance d’une nouvelle « race » d’opposant ». Opposant au discours panégyrique de la Majorité qui ne regarde la situation du pays qu’à l’aune de ses désirs et rêves éveillés mais également à la critique « orientée » d’une COD (Coordination de l’opposition démocratique) qui s’oppose plus promptement à la personne d’Aziz qu’au programme ou le système qu’il est en train de recréer.

Mais peut-on n’être ni de droite ni de gauche ? Et se considérer à peine du « centre », représenté aujourd’hui par Messaoud Ould Boulkheir et Boidiel Ould Houmeid qui cherchent, malgré l’inconfort de leur position, à apaiser une situation qui reste fortement tributaire de la Bipolarité politique qui, depuis Taya, régente les rapports entre la Majorité et l’Opposition ?

J’ai une fois, dans l’un de mes nombreux écrits, posé cette question : Aziz peut-il gouverner sans majorité ? C’était au tout début du pouvoir de cet ancien général qui avait forcé la porte de la politique, quand il avait laissé croire que la « vieille garde » (ceux qu’on avait qualifié à l’époque de « roumouz-el-veçad ») était vraiment morte et enterrée. Pour dire vrai, il s’agissait d’un bon début. De la belle époque, de « l’âge d’or » du Changement constructif. La majorité était alors composée, essentiellement, du Peuple qui l’avait soutenu, quand il avait mis fin au long règne de Taya, et non de ces hommes politiques qui l’entouraient – et entourent Aziz – aujourd’hui.

Ceux qui jugent l’action depuis son arrivée au pouvoir s’opposent sur plusieurs points. D’abord, par où commencer ? Le coup d’Etat contre Taya ? La « Rectification » qui a écourté le mandat de Sidi ? La présidentielle de juillet 2009 ? Evidemment, que la prise en compte de l’un de ces repères, au détriment des deux autres, détermine le jugement que l’on a sur le pouvoir. Et, oui, il ne s’agit que de jugements, pas de la Vérité. Des jugements qui n’engagent que ceux qui les portent et qui, s’ils sont compris comme tels, éviteraient bien des incompréhensions aujourd’hui.

Il faut avouer qu’Aziz a bien accompli quelque chose. J’aime bien cette expression « quelque chose », qui permet de ne pas donner un contenu aux réalisations objet de controverse et de départager ceux qui soutiennent le régime d’avec ceux qui le critiquent. Ce sera à l’aune de leur allégeance ou de leur opposition, de leurs sentiments et ressentiments.

Un ministre, par exemple, dira que la « Mauritanie Nouvelle » est devenue un paradis terrestre, cet Eden mythique tant chanté par les poètes. Cela tiendra à l’intensité de sa volonté de ne pas perdre son poste et de jouir, le plus longtemps possible, des privilèges qu’il confère. On ne peut lui en vouloir. Après tout, c’est son sentiment, son intime conviction. Et son intérêt aussi.

Un chef de parti de la COD parlera de géhenne sous votre règne, du plus mauvais des régimes que la Mauritanie ait connu de l’indépendance à nos jours. Il joue, à fond, son rôle d’opposant à un pouvoir qui ne peut lui demander de l’applaudir. Mais, peut-être bien, qu’il devait, pour donner plus de crédit à la critique, accepter que le bilan d’Aziz n’est pas tout à fait conforme à la descente aux enfers que décrivent aujourd’hui ceux qui ne pardonnent pas à l’ancien général de leur avoir volé leur victoire. Il y a là du ressentiment d’avoir été de la majorité, sans jouir pleinement des « avantages » qu’elle offre, ou d’avoir fait de mauvais calculs, à un moment donné du processus qui a conduit de la chute de Taya au Sacre du 18 juillet 2009, en passant par le jeu d’alliances et de contre-alliances durant le passage de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi au pouvoir.

Sneiba

Source  :  Le blog de Sneiba Mohamed le 19/08/2012

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