{jcomments on}Depuis maintenant deux semaines, l’administration du pays est en vacances. Impossible d’entreprendre la moindre procédure liée à un quelconque ministre. Ils sont tous partis, sur injonction du Président, pour s’assurer de la bonne marche des « chantiers de développement » à travers le pays. Forte médiatisation de toutes leurs activités.
Mais aussi de celles d’Ould Abdel Aziz. L’autre soir, il a invité des députés de sa majorité à rompre avec lui : Ce n’est pas rien, un f’tour présidentiel. Aziz en sait quelque chose. Vingt-huit ans qu’il en goûte. Et en emporte. Car, indiscrétions d’employés de la Présidence, certains ministres et députés ne ratent pas l’occasion d’emporter de gros sachets, fourrés de méchoui, dattes, fromages, chocolats, boissons, bonbons, frites, petits pains qu’ils prennent le soin de bien dissimuler sous leurs amples boubous, jusqu’à la voiture où le chauffeur se chargera du reste. Des rencontres comme ça constituent de belles opportunités de se dire la vérité, loin des oreilles et des yeux de ces pseudo-journalistes qui racontent tout et n’importe quoi. Après s’être bien régalés : il y avait de tout ; de gros plats ; de grosses dattes, très délicieuses ; de grands quartiers de viande ; des boissons pour tout le monde ; des fruits et des friandises de toutes sortes ; les plus proches du Président étaient, naturellement, les plus contents, ceux qui avaient mangé dans le même plat que Sa Seigneurie, les plus comblés. L’honneur se mérite. Pour bien se positionner autour du Président, certains s’étaient présentés dès midi. Après le f’tour, le Président et son peloton ont parlé de tout. De l’opposition boycottiste. Werkhast ! De l’opposition dialoguiste, whakyert. Un député a même fait un youyou. Sécurité nationale, bonne : Armée calme et équipée avec les 50 millions pour lesquels Ahmed Ould Daddah et Bedredine ont fait un wanted. Sécurité alimentaire, bonne : Programme Emel 2012 à ce point réussi que le commissaire à la sécurité Alimentaire a « coupé » 1 260 kilomètres, de Nouakchott à Fassala, pour superviser l’achat d’un kilogramme de sucre, par un supposé citoyen mauritanien qui pourrait bien être un réfugié du camp de Mberra, au cours d’une cérémonie retransmise, presqu’en direct, par la TVM et annoncée, en titre principal de l’édition du 20h30. De l’autre côté, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation se trahit, en annonçant la date probable de l’organisation des élections, retardées, déjà, de neuf mois. CENI, CENI, où es-tu ? Vieux réflexes du passé. On n’est pas un vieil administrateur retraité de quarante ans de services, dont plus de la moitié sous Maaouya, pour rien. Aucun formatage, aucun recyclage ne nous départira de nos routines. Chassez le naturel, il revient au galop. Quelque part au fin fond de l’Assaba, entre Ould Yengé et Kankossa, un ministre, toutes les autorités administratives et sécuritaires, les élus et les notables, la TVM, les correspondants de l’AMI et de radio-Mauritanie supervisent, dans un adebaye, le don, à quelques familles, de sacs de blé, de bidons d’huile et de kilogrammes de sucre. Ensuite, l’éternelle mise en scène d’un pauvre citoyen ânonnant l’apologie de Mohamed Ould Abdel Aziz avant qui il n’y avait pas de soleil, pas de lune, pas de terre, pas de ciel. La société marche bien, comme l’économie, l’histoire, la culture, la géographie. Un gouvernement d’union nationale ? Ça, ce sont les élucubrations d’un vieux Hartani qui n’engagent que ceux qui y croient. Une initiative personnelle non-concertée. La majorité est rassurée de pouvoir « gérer », seule, le pays. L’opposition boycottiste, réconfortée dans son rejet. L’opposition dialoguiste, indignée. Réaction prompte d’un jeune cadre de l’APP qui traite le Président Aziz de tout. Communiqué du parti de Messoud Ould Boulkhaïr, pour vanter la qualité des relations qui le lient à Mohamed Ould Abdel Aziz. La preuve, un f’tour spécial, pour le Président de l’Assemblée nationale avec le Président. Vraiment suffisant pour calmer les rumeurs sur la détérioration des rapports entre deux hommes qui « comptent », dans la crise exponentielle d’un pays qui va à vau l’eau.Sneïba
Source : Le Calame le 10/08/2012
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