Mauritanie : les FLAM au combat à Dakar pour le règlement du passif humanitaire

(Crédit photo : Bakala Kane)

Les FLAM étaient cette semaine au chevet des réfugiés mauritaniens à Dakar qui ont suspendu leur grève de faim à l’occasion du mois béni du Ramadan. Un soutien modeste qui intervient quelque mois après celui des personnalités politiques sénégalaises du Fouta.

Ibrahima Abou Sall et Habsa Banor Sall cadres des FLAM exilés en France passent à l’offensive pour traduire dans les faits un des objectifs du retour de leur mouvement en Mauritanie, le règlement du passif humanitaire.

L’histoire est parfois ingrate et même cruelle. Et c’est l’historien et militant de première heure des FLAM Ibrahima Abou Sall qui en a fait les frais. Il faisait partie des prisonniers du mouroir de Oualata sous le régime sanguinaire de Ould Taya pendant que sa femme Habsa Banor Sall et leurs enfants prenaient le chemin de la déportation lors des évènements de 89. Aujourd’hui ces deux cadres mauritaniens sont réfugiés en France. C’est donc un couple de militant qui vient de franchir cette semaine à Dakar l’un des premiers pas importants dans le processus du retour des FLAM en Mauritanie en rendant visite à Dakar leurs compatriotes qui ont suspendu leur grève de faim entamée depuis juin dernier. Ce déplacement intervient quelque mois après le soutien de personnalités politiques sénégalaises du Fouta et internationales aux grévistes de la faim. Dans la capitale sénégalaise, les deux émissaires du mouvement ont exprimé la douleur et le sentiment d’injustice des déportés mauritaniens qui continuent de vivre dans les camps de fortune et les grandes villes du Sénégal. Hormis un soutien modeste, les FLAM comptent apporter aussi mais dans un proche avenir leur savoir faire aux femmes de la Coordination des Réfugiés mauritaniens au Sénégal. En attendant les deux cerveaux des Forces négro-mauritaniennes savent que le retour des réfugiés est avant tout lié à une solution politique que le régime de Ould Aziz doit prendre au sérieux en reconsidérant sa position c’est à dire reprendre au plus vite les opérations de rapatriement en partenariat avec le HCR et le Sénégal. Le couple mauritanien n’est pas dupe que la tâche n’est pas facile et qu’un soutien moral et financier pourrait seulement aider leurs compatriotes laissés en rade depuis des décennies surtout en cette période du Ramadan à faire face temporairement aux conditions difficiles d’existence dans le pays de la « Téranga ».Ce grand écho initié par les FLAM illustre bien leur volonté à contribuer au règlement du passif humanitaire qui n’a que trop durer. Cette lenteur réside en grande partie dans le blocage des autorités politiques de Nouakchott qui consiste à tourner le dos à la réconciliation nationale. Ould Aziz a jusqu’ici limité le règlement à l’obtention d’une indemnité financière pour les veufs et orphelins, les fonctionnaires rapatriés et pour tous ceux qui ont perdu leurs terres ou leur bétail alors que l’argent ne peut pas faire vivre des générations parce qu’il peut disparaître à tout moment. Et aussi que la richesse ne peut pas faire oublier ces milliers de mauritaniens traqués comme des bêtes avant d’être déportés vers le Sénégal et le Mali. Ce lourd passif humanitaire révèle de graves questions en suspens qui tournent principalement autour des délits de complicité du régime de Ould Aziz qui rendent quasi impossible tout règlement politique des évènements de 89 à moins d’abroger la loi d’amnistie des bourreaux des négro-mauritaniens que les veufs et orphelins côtoient tous les jours sans être inquiétés. Le premier geste à Dakar est ambitieux surtout dans cette phase du retour et cela rend crédible les intentions politiques des FLAM pour se battre maintenant sur le terrain démocratique. La longue marche n’est pas finie et c’est à Nouakchott qu’il faudra l’achever et réinventer une nouvelle Mauritanie, une nouvelle nation « arc en ciel » pour le bonheur de tous les fils du pays.

Bakala Kane

(Contribution reçue à Kassataya le 04/08/2012)

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