Aziz face au maire d’Aoujetf : Dis à tes amis de l’opposition….

M. Mohamed Ould Abdel Aziz en septembre 2011 à Paris. KassatayaDe toutes les initiatives, individuelles ou collectives, qui se sont succédé depuis les prémisses de la crise politique latente en Mauritanie, celle du maire opposant d’Aoujeft (Adrar), Mokhtar Ould Hmeine Amar, a été la moins médiatisée.

Pire, les démarches de ce leader politique, membre de l’Union des forces du progrès (UFP), ont été dévoyées. Certaines sources de presse y avaient perçu des manœuvres de ralliement au clan de la majorité. Un démenti cinglant vient d’être porté par l’intéressé dans un compte-rendu exhaustif relatant son entrevue avec le Premier ministre et le Président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Depuis le début de l’escalade politique, né dans le sillage des Printemps arabes qui ont fait trembler bien des régimes, des initiatives individuelles et collectives se sont constituées et des démarches entreprises pour rapprocher les points de vue et éviter au pays le clash déstabilisateur. La démarche la plus médiatisée ces derniers temps fut sans doute celle de Messaoud Ould Boulkheïr et la plus méconnue, celle du maire d’Aoujeft, Mokhtar Ould Hmeine Amar. Pire, ses entrées et sorties à la Primature puis au Palais présidentiel seront interprétées par les radoteurs électroniques comme les prémisses d’un basculement incessant du farouche opposant dans le giron du pouvoir.

Certains sites, avides de scoop, iront même plus loin, en tirant en manchette le ralliement de Ould Hmeine Ould Amar à la majorité moyennant des avantages matériels et financiers. Dans une note publiée le dimanche 29 juillet dernier, le maire d’Aoujeft a tenu à démentir ces allégations et à lever le voile sur la démarche qu’il avoue avoir initié, sans concertation avec son parti. L’idée était selon lui d’exposer au président Mohamed Ould Abdel un plan de sortie de crise capable d’éviter au pays le clash déstabilisateur des mouvements révolutionnaires et des soulèvements populaires.

Profondément affecté par ce qu’il a appelé le pogrom lancé par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz contre sa région, par l’emprisonnement et la marginalisation de ses hommes d’affaires, l’absence de tout plan de développement local, la paupérisation galopante des populations locales frappés de plein fouet par la crise du tourisme et la chute de la production oasienne, Ould Hmeine Amar est entré depuis en dissidence. Dans un compte-rendu qu’il a publié, il relate son entrevue avec le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf et le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Avec le premier ministre, il affirme avoir abordé la situation dramatique que traverse sa région, la marginalisation dont elle est l’objet. Tant que les discussions portaient sur l’économique et le social, le maire frondeur d’Aoujeft reconnaît avoir été bien écouté par le Premier ministre.

Là où la rencontre a failli tourner au vinaigre c’est lorsque le maire d’Aoujeft aborda les questions politiques. Là, les deux interlocuteurs ne partageaient plus le même point de vue. Tandis que l’opposant peignait un pays au bord du gouffre, le PM évoquait des réalisations que personne ne pouvait minimiser. Avec Mohamed Ould Abdel Aziz qu’il rencontra le mercredi 26 juillet dernier, le maire d’Aoujeft affirme avoir exposé les grandes lignes de son initiative de sortie de crise, soulignant que la situation actuelle du pays est grave et qu’il se dirige indubitablement vers l’implosion. Selon Ould Hmeine Amar, l’entretien s’est déroulé dans une atmosphère lourde, avec un interlocuteur impassible et froid comme du marbre. Pas le moindre sourire, ni le moindre échange, pas la plus petite chaleur humaine. Ould Abdel Aziz a écouté le maire d’Aoujeft vider son sac, avant de lui répondre d’un ton sec, qui ne souffre pas la réplique. – Dis à tes amis de l’opposition et dis-toi toi-même, que « Dégage ! » dépend de la volonté d’Allah et n’est possible qu’à travers les urnes… .

– Dis-leur que la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ne se justifie pas ; je suis président élu et je me conforte de mes prérogatives constitutionnelles ; je ne partagerais avec personne le pouvoir et surtout pas sous la provocation. -Dis-leur que la présidence de la Commission électorale nationale indépendante que tu demandes est une opportunité qu’ils ont perdue ; ils ont été conviés au dialogue nationale et ils ont refusé ; conformément à l’adage, qui s’absente perd sa part et qui participe reçoit sa part. S’agissant de la représentativité dans les bureaux d’enrôlement sur les registres sécurisés des populations, Ould Abdel Aziz dira qu’il ne peut être question de quota dans ces bureaux, dans la mesure où l’enrôlement est confié à un département ministériel et à ses directions spécialisées, avec un personnel fonctionnaire de l’Etat. Quant à la confection des listes électorales, Ould Abdel Aziz dira que la porte de la Commission électorale nationale indépendante est ouverte devant l’ensemble des acteurs nationaux et à leurs plaintes, ajoutant que l’Exécutif est tenu d’appliquer la loi en cas de violation. Pour ce qui est des audiences qu’il doit accorder aux présidents des partis de l’opposition, Ould Abdel Aziz dira qu’il s’agit de citoyens, mieux, de leaders politiques. Puis, se tournant, il se saisit d’un dossier et s’adressa au maire d’Aoujeft :-ce dossier contient tes communiqués et tes déclarations incendiaires bourrées d’insultes, de critiques acerbes et de diatribes contre mon régime et pourtant vous êtes là en face de moi et je te reçois.

Dis à tes amis de l’opposition, comme je l’ai déjà déclaré à Nouadhibou, nous n’emprisonnons personne pour ses opinions. Personnellement, j’appuis l’opposition car le pays en a besoin ; un régime sans opposition est une dictature ; j’appuis également la majorité et je dis que la révolution positive est celle que nous avons déjà mené, en ce qu’il s’agit d’une révolution contre la gabegie et les gabegistes, contre l’enrichissement illicite, contre l’obscurité, la soif et les maladies ; bref, contre la pagaille. -Dis- leur aussi que leurs manifestations, leurs marches et leurs sit-in sont un signe évident de démocratie et je les appuis, tant que les biens publics et privés sont préservés ainsi que l’intégrité physique des personnes. Puis, il interpella Ould Hmeine Amar : que signifie une marche d’une quarantaine de mille personnes, dont des passants, des curieux, des oisifs, des militants de parti, comparés au Million d’habitants de Nouakchott ? Puis Ould Abdel Aziz fit savoir à son visiteur que le pays se prépare à des élections libres et transparentes et que l’opposition n’a qu’à s’y préparer et traduire sa popularité dans les urnes, si elle croit à l’alternance démocratique au pouvoir.

- Dis aux leaders de l’opposition et aux autres, que Mohamed Ould Abdel Aziz n’a rien à donner à personne ; les voix appartiennent au Peuple, l’argent aussi ainsi que le pouvoir. Cela ne m’étonne point que je ne sois pas porté dans les cœurs de certains car je sais que les sources de la gabegie ont tari. Ould Hmeine Amar de noter que son interlocuteur était confiant dans ses idées. Dans une boutade, il lui demanda :

- Monsieur le Président, je vous prie de sourire pour qu’à la sortie d’audience je ne puisse dire que vous êtes nerveux. Réponse de Mohamed Ould Abdel Aziz

- Ould Hmeine Amar, je ris et je souris quand je le veux. D’après Ould Hmeine Amar son visage avait conservé la même impassibilité.

JOB.

Source: L’authentique

 

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