Le F’Tour : L’heure de tous les dangers

Il est une heure particulièrement tendue dans le mois de Ramadan. Il s’agit des dernières minutes qui séparent le jeûneur de l’appel du Muezzin, une délivrance qui gomme d’une gorgée d’eau fraîche le stress, la faim, la soif et les changements visibles de caractère, d’une journée d’abstinence.

Si cet instant fatidique se déroule parfois en douceur et dans la jovialité propre au héros d’un combat épique, des incidents parfois bénignes, parfois violents viennent malheureusement tout gâcher. C’est ce qui est survenu dans la famille de Mohamed Lemine.

Le coupe a en effet failli s’entredéchirer au moment fatidique du Ftour, lorsque Minetou traîna des pieds pour servir le thé chaud et brûlant que Mohamed Lemine utilise dès l’appel du muezzin. Alors que d’autres se jettent d’abord sur l’eau fraîche, sur le zrig, le Enche, ou le café, Mohamed Lemine lui, c’est le thé. Un rituel depuis son premier Ramadan. Gagné par la faim après une rude journée de jeûne, le caractère exécrable, Mohamed Lemine ne put supporter ce retard dans ce verre de thé qu’il guettait pourtant depuis l’entame du dernier quart de tour avant la ligne d’arrivée.

Pressée par ses quatre fourneaux, ses ustensiles et sa ribambelle d’enfants qui tournaient autour du F’Tour comme une nuée de mouches affamés, Minetou n’avait pas senti l’appel du Muezzzin. Du coup, elle rata son timing, cet appel devant être accompagné d’un rallongement de bras tendu vers Mohamed Lemine avec au bout, un verre bien propre, bien rouge et d’une belle couronne blanche de « Roughwa ». Une dispute éclata et des coups de poings s’envolèrent dans l’air. La pauvre Minetou se retrouva avec des ecchymoses sur le bras et à la joue droite et Mohamed Lemine s’en tira avec une gelée incandescente de Encha sur le visage.

Ahmed B.

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