Quand les autorités cherchent à occulter le caractère profane des manuels malékites

(Le 27 Avril 2012, en guise de dénonciation de l'esclavage en Mauritanie, le leader de l'IRA, Biram ould Dah ould ABeid, brûlait des livres de rites malékite. Crédit photo ; Sahara Media)

Finalement, Ahmed Ould Ehel Daoud a été limogé, jeudi 12 juillet, du poste de conseiller chargé de l’enseignement originel qu’il occupait au sein du ministre des Affaires islamiques.

 

Son éviction est tombée après son intervention sur Radio Coran – au cours de laquelle il s’était appesanti sur la vente des esclaves selon les enseignements de l’abrégé de Khlil – qui été suivie par un mouvement de protestation conte l’apologie de l’esclavage, initié par les abolitionnistes de l’IRA, épaulés par le Cheikh Mehdi. Celui-là même qui en se référant aux textes sacrés avait blanchi Birame Ould Dah Abeïd lorsque tous les auspices s’acharnaient à la perte du militant anti-esclavagiste accusé d’apostasie pour avoir passé au feu des livres dits de rite malékite à Ryadh à la fin du mois d’avril passé. Pourquoi Ould Ehel Daoud a-t-il été limogé ? A travers sa disgrâce, certains ont vu une mesure coercitive, mais les raisons réelles sont à chercher ailleurs.

 

Le renvoi du faqih de son poste de conseiller chargé de l’enseignement originel pourrait être compris avant tout comme une mise en garde adressée à ceux qui seraient tentés de dévoiler l’existence de l’esclavage dans la société mauritanienne.

En s’appuyant sur les enseignements de Khlil eu égard de la vente des esclaves, Ould Ehel Daoud a, sans s’en rendre compte, étalé au grand jour une réalité cruelle à savoir qu’en Mauritanie on continue à vendre encore et encore des hommes ; des femmes ; des enfants comme… du bétail ! Il a pris à contrepied et le pouvoir et les segments esclavagistes qui ne cessent de répéter que l’esclavage n’existe pas en Mauritanie, que les personnes asservies sont des travailleurs qui reçoivent salaires en contrepartie de leurs services. Bien sûr l’asservissement doit continuer selon ces mêmes segments mais seulement voilà pour éviter les ennuis avec les abolitionnistes ; les épris de justice ; les défenseurs de droits humains ; les partenaires étrangers, il ne faut jamais laisser deviner qu’on vend, achète des êtres humains. Ould Ehl Daoud a violé la règle non écrite, il n’a pas su verser dans le déni d’esclavage. Et voilà, cela lui a coûté son poste.

L’autre raison qui a conduit à son limogeage serait lié à la volonté du pouvoir de prévenir tout exposé public des enseignements ayant trait à l’esclavage contenus dans l’abrégé de Khlil ainsi que les autres manuels malékites, l’objectif étant d’éviter d’étaler au grand jour le caractère profane de ces enseignements. Lesquels ont tendance à perpétuer l’asservissement et donc sont en contradiction avec les préceptes du Coran qui , par la Sourate de la « Lumière » dans son verset n° 33, favorise la libération des personnes asservies tel que l’a si bien fait comprendre l’érudit Mohamed El Mokhtar Echenguity dans un article de haute tenue pédagogique titré «L’histoire de l’esclavage dans les manuels malékites».

En effet il suffit d’exposer lesdits enseignements qui refusent de considérer que le maître et son esclave sont égaux devant le droit à la vie ; attribuent aux maîtres-esclavagistes le droit d’entretenir des rapports charnels avec leurs servantes, soutiennent que la prière du vendredi n’est pas obligatoire pour l’esclave…, pour les discréditer auprès du grand public.

En fait, en allant à Radio Coran, s’appesantir sur le livre de Khlil qui donne des leçons eu égard de la vente des êtres humains, Ould Ehl Daoud a dédouané Birame. Et s’il y a une leçon à tirer de son limogeage c’est bien celle-ci : Libèrez Birame.

Samba Camara

Source  :  Taqadoumy

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page