Les travailleurs de la société minière d’Akjoujt ( Mines de Cuivre de Mauritanie) poursuivent des sit-in quelques jours seulement après la mort de Mohamed Ould Mechdhouvi suite à une grève réprimée sévèrement par les forces de l’ordre. C’est la troisième victime de la soldatesque du régime de Ould Aziz depuis 2011 après la mort du jeune Mangane à Maghama et le jeune Cheikh Ould Rajel à Nouakchott.
Toutes ces affaires sont aujourd’hui classées sans suite. Opposition, syndicats et la société civile sont unanimes pour condamner l’usage de la force.Depuis plus d’une année les travailleurs de la société des Mines de Cuivre de Mauritanie à Akjoujt qui emploie près de 1500 personnes sont en grève pour demander l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. A chaque fois les responsables de cette filiale du groupe canadien ont utilisé les forces de l’ordre pour déjouer les sit-in et mater les manifestants. Une répression qui atteint cette fois-ci les limites depuis jeudi dernier avec la mort de l’ouvrier Mohamed Ould Mechdhouvi. Illustration parfaite de la dérive policière depuis 2011 dont le bilan est lourd. C’est la troisième victime après le jeune Mangane à Maghama au cours d’une manifestation contre l’enrôlement des populations et le jeune Cheikh Ould Rajel lors d’un rassemblement pacifique des militants anti-esclavagistes de l’IRA à Nouakchott. Dénominateur commun, affaire classée. L’Etat mauritanien en sort sain et sauf. Ce déni de justice dévoile le vrai visage policier du régime de Ould Aziz. Et au-delà ces événements d’Akjoujt relancent le débat sur la protection sociale des travailleurs dans les industries extractives en Mauritanie et les accointances de l’Etat avec les investisseurs étrangers. L’opposition toute tendance confondue, tous les syndicats et la société civile ont condamné cette répression aveugle. A la veille du Ramadan, les syndicats CGTM, CNTM et CLTM appellent à un arrêt de travail d’une heure jeudi prochain sur l’ensemble du territoire en la mémoire du martyr d’Akjoujt. Depuis le début de l’exploitation du cuivre par les canadiens, la société est confrontée à une vague de protestation des ouvriers victimes fréquemment d’accidents de travail dont certains graves dus à des propagations de produits chimiques. Après moult grèves rien n’a changé. Les travailleurs continuant de supporter seuls les frais médicaux. Une situation anormale qu’ils mettent en avant pour que la direction applique les accords signés récemment portant sur ces conditions de travail, de logement et de l’amélioration des salaires. Alors que la société des Mines de Cuivre produit près de 40 000 tonnes de brut par an la plupart des ouvriers ne gagnent pas assez leur vie. Pas diplômés ils sont à la merci de la direction. Une surexploitation qui arrange bien les investisseurs et l’Etat qui y trouve son compte pour le trésor public dans le meilleur des cas c’est-à-dire si les rétro commissions ne fonctionnent pas. Cette forme de gouvernance économique ne date pas d’aujourd’hui. Elle résulte de l’absence d’une gouvernance démocratique depuis pratiquement l’indépendance de la Mauritanie en 1960.Et comme tous les régimes précédents Ould Aziz ne peut survivre à l’exercice des libertés fondamentales dans un pays où depuis juillet 2009 le respect du droit n’a plus sa place. Quand l’Etat sort tout le temps les griffes c’est qu’il est aux abois. Le gouvernement de Oud Laghdaf montre encore une fois qu’il est incapable de gérer la situation et qu’il a renoncé à trouver des solutions pacifiques si ce n’est en réprimant sauvagement des ouvriers à bout de souffle et qui ne comptent que sur leur force de travail pour survivre. Mais l’Etat dont le principal but devait être de les protéger tourne le dos. Cette conduite au plus sommet de l’Etat laisse penser que Ould Aziz tient à s’accrocher au pouvoir. Mais à quel prix ?
Bakala Kane
(reçu à Kassataya le 18/07/2012)
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