Détention de Birane Ould Dah et ses compagnons : Les défenseurs de droits de l’homme manifestent leur colère dans la rue

(Crédit photo : Le Quotidien de Nouakchott)

Des centaines de personnes ont battu, samedi 07 juillet, le macadam des rues de Nouakchott pour demander la libération du leader de l’IRA, Birame Oud Dah et ses camarades.

Organisée par le Forum des Organisations Nationales des Droits Humaine (FONADH), la marche s’est déroulée dans un climat serein sans débordement, ni heurts avec les forces de l’ordre.

Les leaders du Fonadh, conduits par leur SG Mamadou Sarr ont dénoncé au cours de cette marche pacifique la détention de leur camarde Birane, détenu depuis plus de deux mois, suite à l’autodafé de livres du rite malékite. Des militants de l’IRA sont venus en masse pour soutenir cette initiative. La marche a démarré vers 18 h devant la mosquée marocaine avec comme destination finale, le stade de la capitale. Sans escorte policière, les manifestants ont tenu les rangs, avec en première ligne, l’épouse de Birame, Leila Mint Ahmed, Sarr Mamadou, Boubacar Ould Messaoud, Lalla Aicha Sy, Aminetou Mint Moctar, Mamadou Kane (Covire)… Ils scandaient « HOURIA HOURIA », (liberté, liberté.) Nous avons recueillis les témoignages des leaders du Fonadh

Mamadou Sarr, SG Fonadh
« Nous ne marchons pas sous le coup de l’émotion, mais pour trouver une solution… »
Nous n’avons pas de justice indépendante dans ce pays, parce que la première chose est que l’on soit d’abord dans un Etat de droit, que les défenseurs des droits de l’homme ne soient pas inquiétés pour leurs opinions. Nous avons décidé d’organiser cette marche pour dénoncer, ce qui s’est passé et nous exigeons la libération immédiate et sans conditions de Birane et ses amis. Nous pensons que le pays a connu une situation difficile et aujourd’hui pour réconcilier les populations, il faut régler les problèmes fondamentaux, comme l’esclavage. Il faut trouver une solution par rapport à cette question, car quelque soit la situation, si les gens arrivent à se mobiliser de façon pacifique, en tout cas nous au niveau du fonadh, nous ne marchons pas sous le coup de l’émotion, mais pour trouver une solution à ce problème. Cette marche constitue pour le fonadh, un premier jalon et avec l’aide de toutes les ONGs de droits de l’homme, nous allons continuer à nous battre pour qu’ils retrouvent leur liberté. Le combat que mène Birane est un combat que nous menons depuis une vingtaine d’années ce combat va continuer avec des méthodes justes et équitables.

Lalla Aicha Sy, SG adjoint du Fonadh
« Sa détention est une instrumentalisation politicienne »
Nous pensons que la lutte que mène Birane est pour le respect des droits humains et nous le soutenons tous en tant que défenseurs des droits humains. Nous demandons qu’il soit libéré car il n’a rien fait, sa détention est une instrumentalisation politicienne. Il faut que les libertés d’expressions soient reconnues et respectées dans ce pays. Je pense que nous devons tous nous unir pour que Birane et ses compagnons soient libérés. »

Boubacar Messaoud, président SOS-ESCLAVES

« Birane et ses amis sont en détention arbitraire »
« Birane et ses amis sont en détention arbitraire depuis que le président de la cour criminelle a déclaré le dossier nul. Nous sommes venus aujourd’hui nous joindre aux militants de l’IRA pour demander leur libération. Nous ne partageons pas ces méthodes, mais nous avons le même objectif.

Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH

« Il n’y a aucune procédure légale qui puisse le maintenir en prison »
Nous estimons que la procédure est irrégulière et comme tout citoyen, Birame et ses compagnons ont droit à un procès équitable. On est présent à cette marche pour que les autorités fassent attention à ces genres de procédures. Nous considérons qu’il y a détention arbitraire, parce qu’il n’y a aucune procédure légale qui puisse les maintenir en prison. Si la cour criminelle a annulé les procès verbaux de la police, en conséquence il n’ya plus raison de le poursuivre et nous pensons que c’est notre devoir en tant que militants de droits de l’homme de nous mobiliser pour que les autorités tiennent compte du fait qu’il y a la population mauritanienne qui suit cette affaire de prés. C’est pour aussi prévenir que pour l’avenir tout mauritanien qui sera victime de ce genre de procédure, c’est la société civile, particulièrement les ONGs de droit de l’homme qui se mobiliseront pour dire non.

Khadiata Mlick Diallo, député UFP
« Il a été arrêté pour la lutte qu’il mène contre l’esclavage et non pas, par l’acte qu’il a commis. »
Je suis venu les encourager pour la défense de la liberté, pour l’indépendance de la justice pour que Birane puisse être traduit devant une juridiction ou qu’il soit libéré. De toute façon on ne peut pas continuer à garder quelqu’un pendant des mois sans que l’on sache le mobile ou tout simplement parce qu’il ya une volonté politique pour l’empêcher de parler, parce c’est quelqu’un qui gêne. Il a été arrêté pour la lutte qu’il mène contre l’esclavage et non pas, pour l’acte qu’il a commis.
Il ne s’est pas passé une seule plénière sans que les députés de l’opposition ne se prononcent sur l’affaire de Birane et tout ce qu’il a eu à subir depuis qu’il a commencé à militer dans les droits de l’homme et particulièrement sur l’esclavage.
Abdallah Boumédiane, Consultant, militant des droits de l’homme.
Il ya des gens qui sont en détention arbitraire, il est de mon devoir de me joindre aux autres personnes qui sont là pour dire non à l’arbitraire et pour soutenir des gens qui défendent une cause juste à savoir la lutte contre l’esclavage qui est la pratique la plus abjecte de notre histoire.

Mahfoud, militant de l’IRA
« La sagesse va primer et Ould Abdel Aziz comprendra »
Ould Abdel Aziz a promis devant les populations qu’il va appliquer la charia, c’est pour cela que nous sommes là pour nous dresser contre l’impunité. La cour criminelle s’est dessaisie du dossier, le procureur n’a aucun droit de maintenir nos camarades en prison. La sagesse va primer et Ould Abdel Aziz comprendra, il va libérer nos camarades. C’est mieux pour l’unité nationale et pour sa cohésion, car aujourd’hui nous avons une séparation pure et simple de l’ensemble des communautés mauritaniennes.

Balla Touré, Chargé des relations extérieures de l’IRA
« Nous remercions nos camarades du fonadh »
« Nous sommes là pour dénoncer l’instrumentalisation de la justice, afin que l’exécutif ne s’immisce plus dans les affaires en cours au niveau de la justice. Nous remercions nos camarades du fonadh pour cette initiative et nous sommes contents et fiers d’être à leurs cotés. »
La marche s’est terminée par un meeting au cours duquel les militants de droits de l’homme ont appelé à la libération de Birame et de ses amis.

 

Compte rendu Dialtabé

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 09/07/2012

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