Alors que jusqu’à là il avait résisté aux multiples révélations sur les disfonctionnements du PSPVN (programme spécial pour la protection de la ville de Nouakchott), le ministre de l’Environnement Monsieur Amedi Camara semble opter pour la stratégie des fusibles.
En effet profitant d’un énième sit in des travailleurs, le ministre sitôt rentré du conseil s’est débarrassé du coordinateur du projet Diakité Bamody auquel il veut désormais faire porter la responsabilité des détournements après avoir en vain tenté de le faire d’abord à son prédécesseur au département et actuel ministre de la santé Ba Housseinou.Ce mercredi matin veille du conseil des ministres fatidique, les travailleurs du Programme Spécial pour la Protection de la Ville de Nouakchott (PSPVN), ont assiégé les bureaux du ministère de l’environnement et du développement durable, pour exprimer leur désarroi et leur mécontentement face à l’indifférence de leur département de tutelle devant leur réclamations incessantes pour l’augmentation de leurs salaires de misère et l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles.
Il faut préciser que depuis son lancement en 2010 avec un budget de près de quatre milliards d’ouguiya, le PSPVN n’a cessé d’alimenter l’actualité d’abord pour sa gestion opaque et le détournement sans précédent qui a caractérisé l’attribution des ses marchés de fixation des dunes mais aussi en raison des traitements inhumains infligés aux travailleurs qui sont régulièrement privés de leurs droits même les plus élémentaires. Selon Boully Traoré, délégué du personnel du PSPVN et responsable du bloc 5, c’est un système mafieux qui s’est installé dans ce projet où le ministre de l’environnement couvre ses proches collaborateurs parmi lesquels le Coordinateur du projet, M. Bamody Diakité.
Selon ce syndicaliste très remonté, ces deux premiers responsables gèrent de façon très opaque les ressources allouées au projet et refusent systématiquement de satisfaire au moins une seule revendication formulée par les travailleurs même si c’est un droit légitime.
Au cours de ce sit-in qui a duré deux tours d’horloge, les travailleurs ont scandé des slogans appelant au respect de leurs revendications socioprofessionnelles. C’est ainsi qu’ils ont demandé l’application et le rappel de la récente augmentation des minimas catégoriels conformément au protocole d’accord signé entre les partenaires sociaux en août 2011. Ils revendiquent également une généralisation de la prime d’habillement. Les travailleurs déplorent le manque de moyens de transport notamment pour les gardiens contraints de parcourir plusieurs kilomètres à pieds. Ils soulignent que le PSPVN n’a qu’une seule voiture alors qu’il y a 15 blocs sur la pépinière distants de plusieurs kilomètres et surtout alors que dans le budget il est prévu 17 millions de carburant et 11 millions d’entretien de matériel de transport.
Les travailleurs ont réclamé le paiement des heures supplémentaires. A ce sujet, ils révèlent qu’un montant de 18 millions d’UM a été alloué pour les heures supplémentaires mais à ce jour celles-ci restent toujours jour impayées. S’agissant de leurs indemnités, ils ont indiqué qu’un montant de 9 240 000 UM avait été dégagé mais qu’il n’est toujours pas arrivé aux véritables bénéficiaires à savoir les travailleurs. Enfin et alors que le budget prévoit le recrutement de 150 travailleurs occasionnels pour un salaire de 30 000 pendant quatre mois, les travailleurs révèlent que seuls 58 ont été effectivement recruté alors que toute la somme a été dépensée.
Cependant, la goutte qui a fait déborder le vase et a été l’élément déclencheur de ce mouvement de protestation a été sans aucun doute, l’affectation arbitrairement infligée au délégué du personnel, Boully Traoré et la suspension injuste de son salaire ainsi que sa privation de congés payés annuels. Cette situation a vraisemblablement mis le feu aux poudres et rendu ces travailleurs extrêmement mécontents.
Ils ont ainsi promis d’intensifier leur mouvement dans les prochains jours en lançant une série d’actions de protestation afin de mettre fin à ces abus et imposer le respect à leurs responsables. Selon ce dernier, un accord avait été « négocié » avec le ministre à travers les communautés respectives mais celui-ci ne l’aurait pas respecté et ordonné au coordinateur du PSPVN de renforcer les mesures cœrcitives à l’encontre du syndicaliste. Pourtant les travailleurs n’ont que des revendications très banales comme d’être payés à la fin du mois ou au moins avant le 8 du mois suivant, d’avoir une carte de pointage et un bulletin de paie, de mettre ne place un système de pointage des heures supplémentaires, respect de la règle travail égal salaire égal, congés etc. C’est que même une administration peut parfois, par ignorance, incompétence ou malhonnêteté, fouler au pied les règles les plus élémentaires du droit du travail au même titre qu’une simple entité du secteur informel.
B.C.
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 08/07/2012
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