Relations : Bamako rend la monnaie à Nouakchott

(Des commerçants mauritaniens à Bamako. Crédit photo : Sahara Media)

C’était prévisible et ça risque de ne pas s’arrêter là : Le Mali vient d’exiger aux ressortissants mauritaniens d’exhiber désormais un titre de séjour ! Montant réclamer par titre et par personne, 50.000 FCFA, ce qui fait, à une ouguiya près, 30.000 UM.

Ce que Nouakchott demande, à la fin du recensement actuel des ressortissants étrangers, à toute personne qui désire s’installer en Mauritanie.

D’aucuns pensent que la mesure prise par Bamako, en dehors même de toute concertation avec les autres pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pourrait faire tâche d’huile, notamment chez ceux où il existe une forte colonie mauritanienne travaillant dans le secteur des affaires et du commerce : Sénégal, Cote d’Ivoire, Guinée Conakry, Gambie, etc. au Mali où l’on parle de l’existence de centaines de milliers de mauritaniens, l’exigence d’une carte de séjour sera vue comme une complication de plus qui pourrait provoquer le courroux de nos compatriotes dans ce pays contre le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz. Confrontés à une situation sécuritaire pas vraiment reluisante, les mauritaniens du Mali se diraient certainement que le gouvernement de leur pays aurait dû attendre une éclaircie pour prendre une mesure aussi importante que celle qui hypothèque, d’une manière ou d’une autre, les relations de la Mauritanie avec les pays d’un espace économique aussi vital que celui de la CEDEAO. De sorte que l’on n’hésite pas à comparer cette mesure avec la sortie, en mars 2000, de cet ensemble économique vue, à l’époque, comme une volonté manifeste de tourner le dos à l’Afrique noire pour consacrer du temps et de l’énergie à une Union du Maghreb Arabe (UMA) qui n’a jamais existé que sur le papier.

L’exigence d’un titre de séjour, si elle ne répond pas à la volonté de Nouakchott de gérer avec plus d’efficacité le très sensible dossier de la sécurité intérieur et extérieur de la Mauritanie, n’est donc pas bénéfique sur le plan économique, contrairement à ce que pensent certains. Les quelques centaines de millions d’ouguiyas que cette mesure pourrait rapporter au Trésor publique, et le  » frein  » qu’elle mettrait à l’affluence étrangère vers la Mauritanie ne compensent nullement les pertes considérables que les compatriotes installés en Afrique de l’Ouest ne manqueraient pas de ressentir. Et si l’objectif visé a rapport à la politique, il y a aussi matière à méditer sur ce  » revirement  » quand on sait que le premier président de la Mauritanie aimait dire que la Mauritanie  » est un trait d’union entre le monde arabe et l’Afrique noire « . Elle a toujours un pied en Afrique de l’Ouest et un autre au Maghreb. Cela s’explique par sa position géographique et par sa population arabe (maure) et négro-africaine.

C’est ainsi qu’elle est à la fois membre de la Ligue arabe et de l’Organisation de l’unité africaine, membre fondateur de l’Union du Maghreb arabe (qui regroupe la Mauritanie, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Libye) mais aussi de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec 16 autres pays dont le Nigeria. Sa sortie de cette dernière est, il faut le dire, un énorme gâchis.

Sneiba

Source  :  L’Authentique le 04/07/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page