{jcomments on}Mausolées de Sidi Mahmoud Ben Amar, Alpha Moya, Sidi Mokhtar et Cheikh Sidiya El-Kebir. Ces noms ne vous disent peut être rien. Ce sont les mausolées dont on sait, de façon certaine, qu’ils ont fait l’objet de profanations plus ou moins importantes dimanche 1 Juillet de la part des « Fous de Dieu » d’Ansar Eddine dans la belle ville de Tombouctou.
Les premiers d’une liste que l’on pressent longue, symbole d’un Islam d’humanisme et de tolérance. Deux mots haïs par ceux qui s’arrogent le droit quasi divin de décider quel islam pour quels musulmans.Ce geste est profondément choquant, non seulement pour l’historienne que je suis, mais aussi pour la musulmane que je suis également.
Car, en décidant d’effacer toutes les traces d’un Islam de paix et d’ouverture aux autres, les barbus assassins ne font pas que nier l’Histoire, celle des hommes, mais aussi toute l’humanité.
En décidant de souscrire à un courant salafiste rigoureux qui voudrait qu’entre l’homme et Dieu il n’y ait rien, aucun intercesseur, les fous furieux d’Ansar Eddine nient l’homme; et, en niant l’homme, nie Dieu.
S’autoproclamant gardiens d’une « vraie Foi », présumée gravée dans la pierre, ils symbolisent jusqu’au fanatisme la « fermeture », la négation de la pensée, la tolérance, l’ouverture aux autres, musulmans ou non musulmans, tous ces hommes qui ont fait l’histoire de cette région.
De coups de fouets appliqués en public à la destruction de mausolées de saints, bientôt ils brûleront les livres, la pensée, le savoir.
Ce savoir qui leur fait tant peur qu’il leur faut le rayer de la surface de la terre, l’extirper, le détruire, ce savoir et cette culture sahélo musulmane dont Tombouctou est le symbole.
Ces hommes à la Foi sanglante et d’exclusion sont les nouveaux maîtres.
Leur rigorisme perverti est leur credo. Ils ne vivent que sur l’utilisation ignorante de la parole de Dieu, de son message de tolérance et d’amour à l’humanité.
Leur islam n’est que violence et mensonges, prêches incendiaires, destruction, attentats, menaces, invectives, crimes, trafics, enlèvements.
Il ne s’exprime qu’au travers des interdits, des coups de fouets, des châtiments.
Il ne s’exprime qu’au travers de la négation des femmes, leur volonté affichée de « tuer » le péché présupposé féminin, enfermant les corps, effaçant les visages, réduisant les femmes à un concept de saleté présupposé, de haram extrême.
Il ne s’exprime qu’au travers de la destruction des monuments historiques.
Il ne s’exprime qu’au travers des enlèvements, des égorgements, des exécutions, des flagellations.
Il ne s’exprime que dans le reniement.
Pendant que la communauté internationale atermoie, Tombouctou et le Nord Mali sont devenus leur nouveau terrain de jeu, sous les yeux effarés des habitants des cités centenaires, gardiens dune mémoire commune à toute l’Afrique et, par delà, à toute l’humanité.
Ils sont les vainqueurs assassins des basses manœuvres politiciennes des gouvernements de la sous région qui, au nom de la lutte nécessaire anti terrorisme, ont joué avec le diable et créé un monstre, lui ont donné un pays, des villes, des armes…un grand terrain de jeu à la mesure de leur folie destructrice.
Ils sont l’autre face du miroir, non pas arrivés là par hasard, mais portés par des années de discours religieux où la parole s’est soit disant « libérée », ces discours prononcés dans des milliers de mosquées par des prêcheurs intolérants qui ont réécrit notre Islam de tolérance pour le muer en Islam de rejet, d’intolérance et de violence.
Ils sont au milieu de nous: dans ces femmes en niqab, dans ces changements dans les tenues vestimentaires, dans les cassettes qui courent sous le manteau, dans la radicalisation d’une partie de nos jeunes, dans les Ligues de Vertu et de Moralité….
Les assassins de Tombouctou ont leurs adeptes chez nous, qui attendent LA révolution verte qui leur permettra d’instaurer des états islamiques à la mode Ansar Eddine, Aqmi et autres.
Crachant, ainsi, que des siècles d’Islam d’ouverture et de tolérance, sur des siècles de règnes et de califats où Islam signifiait Science, Culture, Musique, Poésie, Amour, Foi, Humanisme.
Ils sont le visage hideux de la folie religieuse.
Alors, quand ils auront détruit tous les monuments, tous les mausolées, tous les livres, tout le savoir, nous crèveront-ils les yeux, et nous couperont ils la langue pour effacer en nous toute notre humanité?
Ils ont oublié d’aimer Dieu. Mais ils n’ont pas oublié de détester l’Homme. Jusqu’à l’innommable et l’abject.
Salut
Mariem mint DERWICH
Source : Le Calame le 04/07/2012
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